Chroniques d'un ailleurs pas si lointain - Réflexions d'un humanitaire engagé

Aujourd'hui, il conviendrait de se souvenir du sacrifice consenti par le peuple Hmong pour la France. Durant la seconde guerre mondiale, ils ont activement lutté contre l'occupant japonais. Ce faisant, ils ont sauvé la vie de nombreux Français d'Indochine, qui tentaient d'échapper aux persécutions nippones. Puis ils ont aidé l'armée française dans sa lutte contre le Viet Minh, tant au Laos qu'à Dien Bien Phu.

Infatigable, le dalaï lama parcourt le monde pour faire connaître le drame que vit son peuple. Cependant, fidèle à ses principes religieux, il s'en tient à une résistance strictement non violente et il persiste à vouloir discuter avec les autorités de Pékin. Conscient des rapports de force et des enjeux internationaux, il a depuis longtemps renoncé à l'indépendance. Il demande un statut d'autonomie véritable qui permettrait à la culture et à la religion tibétaines d'être préservées.

Est-il encore possible de parler des droits de l'Homme en Chine populaire? Il semblerait que ce sujet soit extrêmement difficile à aborder, à cause du statut de superpuissance économique que ce pays est en train d'acquérir. Peu de pays occidentaux se risquent à traiter de ce sujet publiquement. Le dynamisme économique de la Chine et son marché colossal tendent à faire oublier les énormes violations des droits de l'Homme qui y ont cours.

Ayant découvert le Malawi en 1990 et y ayant vécu de nombreuses années, j'ai toujours été frappé par la politique étrangère originale de ce pays. L'un des aspects de cette politique fut l'établissement de relations avec Taïwan, peu après l'indépendance, alors que la plupart des autres nations africaines se tournaient déjà vers Pékin. Certes, le Dr Kamuzu Banda n'a certainement pas choisi Taïwan, à l'époque, pour des raisons philanthropiques. Son choix fut certainement motivé par un profond anticommunisme et par ce qu'il pensait être les intérêts de son pays.

J'ignore si nos chemins se croiseront à nouveau. Si cela devait être le cas, je souhaiterais que cela se passe à La Haye, aux Pays-Bas. Je rêve de me trouver assis sur un bac réservé au public, dans la grande salle d'audience de la Cour Pénale Internationale, afin d'assister à l'arrivée de Paul Kagame, encadrée par deux policiers, dans le box des accusés.

Pauvres Hmong du Laos... Véritables "harkis" de l'Asie du Sud-Est, ils ont été utilisés tour à tour par les Français et par les Etasuniens dans leurs sales guerres. Ils en ont payé un prix très élevé. ils vont sans doute continuer à subir les conséquences de la confiance qu'ils avaient accordée à leurs lointains protecteurs, venus d'Europe puis d'Amérique.

En Europe, l'Afrique est trop souvent réputée pour être le continent de tous les malheurs. Devenue synonyme de guerres sanglantes, de famines à répétition et de dictatures corrompues, elle est aussi connue, depuis deux décennies, par les ravages que la pandémie du VIH/SIDA y provoque. En Europe, ces dernières années, on la découvre en plus sous un autre aspect. Celui donné par des cohortes de jeunes gens qui s'entassent à bord de pirogues pourries ou de rafiots délabrés, croyant atteindre "l'Eden" qu'ils pensent trouver au nord, de l'autre côté de la mer Méditerranée.

Pourquoi évoquer aujourd'hui ces drames de l'immigration clandestine? D'abord pour rappeler aux Français de la métropole qu'il n'y a pas que Malte, Lampedusa et les Canaries qui voient des milliers d'Africains échouer sur leurs rivages. Il existe une île française qui fait face au même problème. Cette île, c'est Mayotte.

Tout ce qui a été fait pour lutter contre la pandémie du VIH/SIDA au Malawi est remarquable. Mais la tâche qui reste à accomplir est encore tellement énorme que ce petit pays dont personne ne parle mériterait d'être mieux aidé...

L'octroi d'un doctorat Honoris Causa au maître de Kigali n'est que la dernière manifestation de l'aveuglement britannique envers le régime sévissant au pays des Mille Collines. Nul doute qu'il sera ressenti comme une insulte, après les nombreuses blessures déjà subies, par toutes les victimes de Paul Kagame, tant au Rwanda que dans l'ex-Zaïre.