Les compagnons de l'orbe, tome 1 : Six seront

Aujourd'hui, je vais vous parler d'un livre.
(Un livre ? Sans blague ?!?)
Oui, sans blague. Sur une page littéraire, c'est généralement ce qui est attendu, nous en conviendrons. Mais avant de parler littérature, j'ai envie de parler… de moi.
(Oh ben super ! C'est pour ça que je me suis abonné à la page, tiens !)
Parce que je trouve ça intéressant, déjà.
(T'es bien le seu… PAF ! )
Aaah… Enfin tranquille. Je disais donc : je vais vous parler de moi, déjà parce que je trouve ça intéressant, et puis parce que cette aparté me semble nécessaire pour comprendre mon avis sur le roman dont je vais parler.

J'ai souvent entendu parler de Pratchett, Naheulbeuk, et toute cette sphère de la fantasy, mais autant je suis un grand rigolo dans la vraie vie, autant mes lectures sont souvent plus sombres, mon sommet d'humour en fantasy se trouvant dans les Annales de la Compagnie Noire, de Glen Cook - autant dire que c'est pas les Monthy Python, quoi… Tout ça pour dire que l'humour en fantasy, je suis à peu près aussi habitué qu'un hiver sans raclette (c'est-à-dire pas du tout). C'est pour cela que j'ai décidé de remédier à ce manque (l'humour en fantasy, mes raclettes hivernales vont bien) et que je me suis promis de me lancer un jour dans le genre, probablement par Pratchett, puisqu'il semble incontournable.

C'est donc avec un intérêt tout particulier que j'ai lu la proposition de Gilles Chevallier : "si tu aimes la baston (oui !), l'humour (ben tiens !) et la charcuterie (miam !), je peux t'envoyer le premier tome de ma saga, tu m'en diras des nouvelles". C'est ainsi que je reçus dans un emballage quasiment indestructible le premier opus des Compagnons de l'Orbe : Six Seront. Un premier contact avec la "funtasy" qu'il est maintenant temps de découvrir.

Le pitch est simple, on navigue dans l'univers du jeu : une orbe magique disparue, une bande de bras cassés que rien ne prédestinait à devenir des héros, le tout dans un univers plutôt sympathique brisant volontiers le 4e mur et fourmillant de références à tout un tas d'autres univers de la pop culture, de Diablo à Kaamelott, en passant par Assassin's Creed, avec un soupçon d'influence astérixienne. Ce club des six est ainsi constitué d'une elfe étourdie, d'une druide un peu nerveuse, d'un troll affamé et forcément bourrin, de jumeaux nains farceurs et forcément forgerons et d'un nécromant aussi fainéant que moi un dimanche matin (c'est beaucoup), et va devoir unir les forces de ses membres pour trouver la fameuse orbe pour la remettre à son propriétaire. Un vaste programme en perspective.

En refermant le roman, plusieurs voix se bousculent dans ma tête. Plus que d'habitude, je veux dire. Et elles sont pas toutes d'accord, si bien qu'il m'est difficile d'avoir un avis très tranché sur ce premier roman.
D'un côté, le Karadoc dans ma tête en a un peu gros et reste sur sa faim. Tout d'abord, premier tome d'une saga en 6 épisodes (en cours, me semble-t-il), cette introduction manque d'enjeux forts. A qui sert vraiment l'orbe ? Qui est le super méchant tapi dans l'ombre ? le fil conducteur est encore ténu, en espérant qu'il prenne de l'épaisseur dans les suites. Ensuite, si les personnages sont très sympathiques - nous y reviendrons -, ils manquent un peu de substance, la faute à un background qui n'est creusé que superficiellement, limitant un peu l'attachement que l'on pourrait développer pour ces joyeux drilles. On pourra également mentionner l'humour du livre, domaine à la perception toujours extrêmement subjective, qui peut sembler parfois un peu forcé, manquant d'équilibre. Ce bémol sur l'humour reste évidemment à nuancer, à la fois par le fait que c'est vraiment quelque chose de très personnel que de rire ou non à telle ou telle vanne (je sais par exemple que certaines de mes tentatives dans la présente chronique vous laisseront de marbre… Oui, même toi…), et par le fait que je suis encore peu habitué à la combinaison humour + SFFF, et que j'ai eu quelques difficultés à me défaire de cela. Enfin, quelques soucis de forme peuvent perturber la lecture (dialogues pas toujours clairs, quelques expressions datées)

De l'autre côté, le Baloo en moi (toujours heureux) retiendra l'univers très prome…
(Baloo ?!? Sérieusemen… TCHAC !)
…tteur, s'amusant de ses multiples références et intégrant de très amusantes idées (une pensée pour ce très chouette chapitre 14). L'atmosphère générale du roman, joyeux bordel constant, est portée par des personnages réjouissants tous plus tarés les uns que les autres. Les Compagnons de l'Orbe sont bien évidemment en première ligne, mais ils sont épaulés dans cette quête du "toujours plus barré" par quelques seconds rôles sympathiques. Enfin, et assez paradoxalement au final, c'est dans les quelques moments plus sombres que j'ai senti l'auteur plus à l'aise, mais peut-être est-ce aussi parce qu'il naviguait là dans des eaux qui me sont plus familières.

Au final, une oeuvre parfois maladroite mais pas inintéressante, puisque l'envie de connaître la suite domine globalement mon ressenti général.
(Tu fais que f'est grave, fe que tu fais. T'es une efpèfe de grand malade, en fait. Fe vais te dénonfer… BOUM !)


En bref :
Six Seront est pour toi si… tu aimes l'humour, la bagarre, les blagues, la castagne et les univers pop culture médiévale (jeux vidéo, role play, Kaamelott…)

J'ai aimé :
- Univers hyper prometteur, et qui s'amuse avec pas mal de références
- Les personnages de la compagnie, tous plus tarés les uns que les autres
- L'atmosphère de joyeux bordel
- Les moments plus "dark", où l'auteur m'a semblé plus à l'aise

J'ai moins aimé :
- Manque un peu d'enjeux dans ce premier tome
- Background des personnages pas suffisamment creusé
- Humour parfois un peu forcé, en manque d'équilibre
- Quelques soucis de forme