Cela fait de longues années que la Russie est confrontée à la violence, violence d'état et violence du quotidien, Vadim le personnage clé du roman a connu les deux au travers des guerres de Tchétchénie et d'Ukraine, la corruption de la police et le déclassement social. Dans un pays où seuls les pourris ou les plus violents s'en sortent, il va choisir un geste désespéré pour exister une dernière fois.
Le récit du parcours de Vadim permet à M. Chevelev une description de la décomposition de la société russe, que seule la vodka permet de supporter avec quelques ilots d'amour ou d'amitié.
Même Pavel le journaliste narrateur a du mal à s'y retrouver et à se situer, dans ce contexte trouble où chaque action même réalisée avec bienveillance peut devenir perverse.
Pour suivre la narration il n'est pas inutile de plonger dans Wikipedia pour identifier des acteurs réels dont les noms nous sont parfois connus mais qu'il faut situer sur l'échiquier. le mélange des guerres, des rivalités internes et des trafics où l'ennemi est parfois client ou fournisseur brouille les cartes et les esprits.
Le roman au style journalistique et à la chronologie éclatée est assez déprimant et inquiétant pour l'avenir du peuple russe. Vue de l'occident la Russie reste un colosse au caractère ombrageux, aux réactions imprévisibles mais au-delà de la puissance militaire et économique des oligarques la solidité de la société russe pose question. Pourra t'elle résister longtemps à cette atmosphère délétère ?
A noter un passage savoureux où le jeune
Vladimir Vladimirovitch Poutine encore simple secrétaire à la mairie de St Petersbourg sert servilement le café et les petits fours à des journalistes obscurs.