La bête d'Alaska

Le savoir était une chose : le constater par soi-même était une autre paire de manches.

Le statut de professeur d’histoire est très utile. Il ouvre les portes, décourage les questions – la plupart du temps, en tout cas. Je résous des mystères. J’explique l’inexpliqué : plus c’est étrange, plus c’est bizarre, mieux c’est. Parfois je le fais professionnellement, moyennant finance. Il m’arrive – comme ici – de le faire sur mes propres deniers.

Les écologistes contemporains sont contraints d’analyser le monde tel qu’il existe aujourd’hui, lequel a été fortement affecté par les humains au cours des centaines de siècles passés. Mais grâce aux échantillons, aux interprétations et aux observations que je fais ici, je peux reconstruire le monde tel qu’il existait avant que les humains ne deviennent l’élément dominant.

Les subventions se faisant rares, l’université avait eu recours à une tactique assez inédite : obtenir le financement d’expéditions par un conglomérat de médias en échange de la cession des droits et d’un accès exclusif. Si le réchauffement climatique n’était pas un sujet très sexy, il était d’actualité.

Vous avez marché sur une terre où aucun être humain n’aurait dû aller. Et maintenant les anciens sont en colère, comme ils ne l’ont jamais été de toute la mémoire de mon peuple. Leur courroux ensanglante le ciel. Le ciel crie de douleur, comme une femme qui accouche.