AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La ferme aux poupées (33)

Lupa soupira, rassembla ses pensées.
- Ne te vexe pas de ce que je vais te dire, commença t-il. Tout le monde n'est pas comme toi.
- Ce qui veut dire ?
- sans ambition personnelle, sans plan de vie.
- Je ne suis pas comme ça.
- Mais si ! tu te balades peut-être en aigri et en te plaignant de ton existence, mais ce n'est qu'un masque. Tu vis au jour le jour, et tu te fous comme de l'an quarante
de ce qu'il y aura dans un an ou deux. En un sens, je t'envie. Moi je ne saurais pas vivre ainsi. Le boulot à la Crim' n'était qu'un échelon pour grimper plus haut. Malheureusement l'échelle a cassé. Des enfoirés me l'avaient sciée.
Commenter  J’apprécie          10
« Mortka songea que toutes les barres d’immeubles de toute la Pologne se ressemblaient : des logements vieillots, étroits et qui sentaient le bouillon de poule. Celui-ci ne faisait pas exception. Il eut du mal à se faufiler dans l’entrée de son appartement entre une armoire, des vélos et un empilement de vêtements.
Une femme d’environ la quarantaine, cheveux marron, gras, ramenés en arrière et noués en queue-de-cheval, l’invita à entrer. Elle portait un pantalon de sport et une chemise noire recouverte d’un tablier de cuisine taché. Plutôt que de lui dire « bonjour » ou quelque chose dans le genre, elle observa longuement Mortka en gardant un silence abattu.
- Je ne vous connais pas, fit-elle enfin. Vous êtes certainement policier ?
- Je suis l‘inspecteur Jakub Mortka. Je viens de la Criminelle et Antiterrorisme de Varsovie.
- Mais nous ne sommes pas à Varsovie, juste à Kretowice, remarqua le femme avec lucidité.
- C’est exact, répondit Mortka, avant de réciter la formule apprise pour ce type de circonstances : Je participe au programme « Pont » de la police. Il consiste en ceci que des agents effectuent des stages chez des collègues d’autres villes. Le programme sert à des échanges d’expériences, à connaître les problèmes de criminalité d’autres unités, à acquérir des connaissances et à nouer des contacts susceptibles d’être utiles à l’avenir. Et nous continuons à travailler normalement. Ce qui signifie que j’ai les mêmes prérogatives et obligations que mes collègues du commissariat de Kretowice.
La femme réfléchit un instant à ce qu’elle venait d’entendre, puis hocha la tête en signe de compréhension. Elle engagea d’un geste l’inspecteur à la suivre.
Mortka se fraya un chemin entre les vélos, un pour garçon, un pour fille et un pour adulte, et s’arrêta à la porte donnant sur la pièce principale. Là, il aperçut un homme très très obèse, assis en short et tricot de corps sur un canapé. Il tenait dans une main une canette de bière, et dans l’autre une commande de téléviseur. L’air absent, il zappait d’une chaîne à l’autre. Il s’interrompit soudain et se tourna vers le policier.
- Elle va revenir toute seule, affirma-t-il d’une voix de basse profonde. La vieille fait des histoires pour rien. »
Commenter  J’apprécie          10
- Je regrette.
C'était une des raisons pour lesquelles Mortka avait les hôpitaux en horreur. Un mensonge généralisé et sidérant. Il l'avait si souvent observé chez son père : il pouvait annoncer de mauvaises nouvelles à la famille d'un patient et rigoler un peu plus tard avec des confrères en racontant des blagues sur les Boches et les Russkofs. Mortka savait qu'il ne pouvait en être autrement. Un médecin ne pouvait se permettre de se lier affectivement à un patient, et il était bien obligé de s'en remettre au mensonge, à l'alcool, aux cigarettes ou aux blagues à deux balles, pour pallier toutes les souffrances des malades. Mais ça ne l'aidait pas de savoir qu'en tant que policier il faisait exactement la même chose.
Commenter  J’apprécie          00
Il comprit qu'il était non seulement incapable de leur donner quoi que ce soit, mais aussi que son problème était plus profond, plus grave : il ne savait même pas accepter ce que les autres lui donnaient.
Commenter  J’apprécie          00
En fin de compte, personne n'aime le visiteur qui se conduit comme s'il était chez lui. En particulier, un visiteur venant de Varsovie.
Commenter  J’apprécie          00
Il y avait aussi des Roms. Ils veillaient à ne pas franchir la frontière invisible qui les séparait des Polonais et permettait aux deux communautés de ne jamais se trouver ensemble, mais côte à côte. Une frontière que seuls ne voyaient pas leurs enfants, sales, bruyants et dissipés.
Commenter  J’apprécie          00
- Il faut vraiment que je vous raconte l'histoire de la communauté tsigane à Kretowice ? Comment les communistes ont commencé par nous prendre nos roulottes, avant de nous emmener de force travailler en usine, et comment, en 1989,quand ces usines ont fait faillite, les Tsiganes ont été les premiers licenciés ? Il y a ici des familles où les hommes n'ont pas réussi à trouver un emploi fixe depuis vingt ans. Les plus débrouillards sont partis depuis longtemps. Je vous laisse imaginer qui est resté...
Commenter  J’apprécie          00
- Ils ne collaborent pas avec la police, dit Lupa à Mortka autant qu'à lui même. Ils ont leur langue à eux, une couleur de peau différente. Putain, s'ils étaient un peu plus débrouillards, nous aurions un grand problème.
- Je sais de quoi tu parles. Nous, en Mazovie, on se demande quoi faire avec les Vietnamiens.
- Eux aussi restent bouche cousue ?
- Nous, des fois, ou les gars du Bureau des enquêtes, nous faisons une descente chez les "bananes", mais alors les "bananes" disparaissent du paysage, ou elles ne savent rien. Et en plus, tous ces "Pikachu" ne parlent en majorité même pas le polonais.
Commenter  J’apprécie          00
- Pour eux, nous sommes des impurs, coupa Lupa. Ils ont ce qu'ils appellent le "romanipen". Une sorte de code d'honneur. D'après eux, toute personne qui travaille à la police est marquée d'une grande souillure. Je ne sais pas comment ils le disent à leur manière. Même un Tsigane peut devenir impur. La honte retombe sur lui et sur sa famille, et il cesse d'être tsigane.
- Ça veut dire quoi ?
- Le Kub, je ne comprends pas très bien moi-même, mais c'est comme ça. Si un Tsigane collabore avec la police, il cesse d'être tsigane. On ne peut plus manger avec lui, ni dormir ni lui parler. Il est exclus de la communauté. A vie. C'est la sanction la plus sévère.
Commenter  J’apprécie          00
- Ce sont de foutus tsiganes, le Kub ! Personne ne te le dira comme ça, mais la position, c'est qu'un Tsigane de moins, c'est un problème de moins. Qu'une fille de onze ans disparaisse, putain, mais qu'est-ce qu'on s'en balance ! (Le policier tapa du poing sur le volant.) Même si dans les dossiers, tout est en règle. Les papiers ont suivi un élégant circuit de bureau en bureau avant d'atterrir dans un tiroir. Terminé. Mais maintenant que c'est une des nôtres qui a disparu, on va au plus vite nous envoyer un putain d'hélico. On se demande bien pourquoi d'ailleurs, puisqu'il n'y a partout ici que de la forêt.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (203) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

    Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

    seul
    profond
    terrible
    intense

    20 questions
    2903 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

    {* *}