Citations sur L'éveil (32)
En résumé, Madame Pontellier n'était pas une mère- poule.Les mères- poules semblaient légion cet été- là, à Grand- Isle.Il était facile de les reconnaître, voletant de-ci de- là, les ailes déployées pour protéger leur précieuse progéniture dès qu'un danger, réel ou imaginaire, la menaçait. C'étaient des femmes qui idolâtraient leurs enfants, adoraient leur mari, et estimaient que c'était un privilège sacré que de nier leur individualité et de se laisser pousser des ailes d'ange- gardien.
(Éditions Yvan Davy, 1983, p.13 )
Préface de la traductrice Claire Bajan- Banaszak
Kate Chopin- de son nom de jeune fille
O' Flaherty- naquit en 1850 à St Louis, dans le Missouri.Son père était un immigrant irlandais qui avait réussi et sa mère une Créole, issue d'une famille aristocratique d'origine française.Kate avait six ans lorsqu'elle perdit son père et dès lors grandit dans un milieu essentiellement féminin, entre sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère, trois veuves bien décidées à ne jamais se remarier.Son enfance fut bercée par les histoires pittoresques que lui racontait sa grand-mère et dont les héroïnes, femmes pour la plupart indépendantes, bravaient les conventions sociales et traînaient derrière elles un parfum de scandale.
( Éditions Ivan Davy, 1983)
Robert parlait beaucoup de lui.Il était très jeune et ne connaissait pas d'autre sujet de conversation.
( éditions Ivan Davy, 1983)
- La meilleure façon de devenir riche, c'est de gagner de l'argent, ma chère Edna, pas de l'économiser.
Je cèderais tout ce qui n'est pas essentiel; je donnerais mon argent, je donnerais ma vie pour mes enfants ; mais je ne me donnerais pas moi-même.
La voix de la mer est séductrice; sans jamais se lasser, elle chuchote, gronde, murmure, invite l'âme à errer pour un temps dans des abîmes de solitude; à se perdre dans des dédales de contemplation intérieure.
La voix de la mer parle à notre âme. La caresse de la mer est sensuelle, elle enveloppe le corps de sa douce étreinte.
Vous avez été très, très sot de perdre votre temps à des chimères. Vous envisagez la possibilité que monsieur Pontellier me libère! Je ne suis plus une possession dont monsieur Pontellier peut disposer à sa guise. Je me donne à qui je veux. S’il devait dire: « tenez, Robert, prenez-la et soyez heureux; elle est à vous », je rirais de vous deux. P. 198
Il ne voyait pas qu’elle devenait elle-même, et que chaque jour elle rejetait davantage cette personnalité factice dont nous nous affublons comme d’un vêtement pour paraître aux yeux du monde. P. 120
Le passé n'était rien pour elle; il ne lui offrait aucune leçon qu’elle fut prête à suivre. L’avenir était un mystère qu’elle n’essayait jamais de percer. Seul le présent avait du sens; il lui appartenait, pour la torturer comme il le faisait à cet instant de la certitude cruelle qu’elle avait perdu ce qu’elle possédait, et qu’on l’avait privée de tout ce qu’exigeait son être passionné, qui venait de s’éveiller. P. 102
Enfant, elle avait vécu sa petite vie repliée sur elle-même. De très bonne heure, elle avait appréhendé instinctivement la dualité de la vie : la vie extérieure où l’on s’adapte, la vie intérieure où l’on s’interroge.