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Citations sur Alphabet : Edition bilingue français-danois (9)

NEIGE DE JUIN

La neige
n’est pas du tout neige
quand elle neige
en juin

la neige n’est
pas du tout tombée
du ciel
en juin

la neige est
montée d’elle-même
et a fleuri
en juin

comme pommes
abricots
châtaignes
en juin

s'égarer
dans la vraie neige
qui est la neige en juin
avec germes et fleurs

quand jamais on ne meurt
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et au cœur du paysage de la sagesse la lumière de glace,
la glace identique à la lumière, et au cœur
de la lumière de glace le néant, vivant, intense
comme ton regard parmi la pluie, cette pluie fine ruisselante
qui irise la vie où, tel un geste,
les quatorze réseaux du cristal existent, les sept
systèmes cristallins, ton regard dans le mien,
et Icare, Icare impuissant existe ;
Icare langé d’ailes de cire fondues
existe ; Icare pâle comme un cadavre
en civil existe, Icare tout au fond où
les pigeons existent; les rêveurs, les poupées
existent; les cheveux des rêveurs avec les touffes
cancéreuses arrachées, la peau des poupées
épinglée, le bois pourri des mystères; et les sourires
existent, les enfants d’Icare blancs comme agneaux
parmi la lumière grise, pour sûr existeront, pour sûr
nous existerons, et l’oxygène sur le crucifix de l’oxygène ;
comme givre nous existerons, comme vent,
comme l’iris de l’arc-en-ciel dans les pousses luisantes
du mésembryanthème, les chaumes de la toundra ; petits
nous existerons, aussi petits qu’un peu de pollen dans la tourbe,
comme un peu de virus dans les os, peut-être comme hélodide,
peut-être comme un peu de trèfle blanc, vesce, un peu de camomille
exilée au paradis reperdu; mais l’obscurité
est blanche disent les enfants; l’obscurité du paradis est blanche,
mais pas blanche comme un cercueil est blanc,
c’est-à-dire si les cercueils existent, et pas
blanche comme le lait est blanc,
c’est-à-dire si le lait existe ; blanc c’est blanc,
disent les enfants, l’obscurité est blanche, mais pas
blanche comme le blanc préexistant
aux fruitiers existant, leur floraison si blanche,
l’obscurité est plus blanche, les yeux fondent
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le ciel est un antre

où les oiseaux fanés

pourrissent comme des fruits déchus

où les nuages étales

pulvérisent des cités

et les chassent, tourbillons gracieux,

comme sable à travers sable

comme eau à travers eau



même les visqueuses limaces

sont poreuses comme ces glaces

dont le reflet de l’homme s’est perdu

seule une tige d’ortie

contera défeuillée

comment en désespoir nous nous sommes crées

une terre sans fleurs

asexuée comme le chlore



regarde une pâle étoile matinale

étincelle comme un encéphale

qui est presque éteint et usé

trop diffus pour se rappeler

l’étreinte des êtres

dans un vol sans ailes

dans un pré parfumé

dans un chaud lit d’été



regarde la source claire

est tarie et petite

et remonte le rocher,

et les roses sans fond

se cachent dans des marais

du pollen inamissible mis de côté

dans l’éternité

la même écriture les y met au net

celle qui décrit la course des nuages

celle qu’Archéoptérix a gravée dans des pierres

en travers d’une pure et vertigineusement bleue

l’éternité

l’éternité



............................... (p.93)
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le ciel est un antre

où les oiseaux fanés

pourrissent comme des fruits déchus

où les nuages étales

pulvérisent des cités

et les chassent, tourbillons gracieux,

comme sable à travers sable

comme eau à travers eau



même les visqueuses limaces

sont poreuses comme ces glaces

dont le reflet de l’homme s’est perdu

seule une tige d’ortie

contera défeuillée

comment en désespoir nous nous sommes crées

une terre sans fleurs

asexuée comme le chlore



regarde une pâle étoile matinale

étincelle comme un encéphale

qui est presque éteint et usé

trop diffus pour se rappeler

l’étreinte des êtres

dans un vol sans ailes

dans un pré parfumé

dans un chaud lit d’été



regarde la source claire

est tarie et petite

et remonte le rocher,

et les roses sans fond

se cachent dans des marais

du pollen inamissible mis de côté

dans l’éternité

la même écriture les y met au net

celle qui décrit la course des nuages

celle qu’Archéoptérix a gravée dans des pierres

en travers d’une pure et vertigineusement bleue

l’éternité

l’éternité
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11



l’amour existe, l’amour existe

ta main qui, blottie dans la mienne, s’oublie telle

un petit et la mort impossible à se souvenir

impossible à se souvenir comme une vie

inamissible, aussi légèrement comme par mouvement chimique

par-dessus crételles et bisets, tout,

se perd, disparaît, impossible à se souvenir que

des troupeaux d’hommes déracinés, de bêtes et de chiens



qui existent ça et là, disparaissent ;

les tomates, les olives, les femmes

brunes qui les récoltent, se flétrissent, disparaissent,

tandis que le sol poudroie de nausée, une poudre

de feuilles et de baies, et que les boutons du câprier

ne seront jamais récoltés, confits au sel

et mangés ; mais avant qu’ils ne disparaissent, avant que nous

ne disparaissions, un soir, attablés avec

un peu de pain, quelques poissons sans abcès et de l’eau

qui sagacement a été changée en eau, l’un des

mille sentiers de guerre historiques traverse tout

à coup la pièce, tu te lèves, les frontières,

les frontières existent, les rues, l’oubli

partout, mais ta cachette ne s’approche pas,

regarde, la lune est par trop éclairée et le Chariot de David

retourne aussi vide qu’il est venu ; les morts veulent

qu’on les porte, les malades veulent qu’on les porte, les pâles

soldats usés ressemblant à Narcisse veulent qu’on

les porte, tu te promènes si bizarrement éternel,

et seulement quand ils meurent tu t’arrêtes

dans un jardin de choux dont personne ne s’est occupé

depuis plusieurs siècles, trouves en écoutant une source

tarie quelque part en Carélie peut-être, et pendant

que tu songes à des mots comme chromosomes, chimères,

et à la croissance frustrée des fruits de la passion

tu enlèves d’un arbre un peu d’écorce et la manges.
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les glaciations existent, les glaciations existent,/ la glace de l’océan glacial et la glace du martin-pêcheur;/ les cigales existent; la chicorée, le chrome/ et l’iris jaune de chrome, l’iris bleu; l’oxygène/ surtout; existent aussi les glaçons de l’océan glacial,/ l’ours blanc existe, matriculé comme fourrure/ il existe, condamné à sa vie ;/ et la minichute du martin-pêcheur dans les ruisseaux bleu gel/ de mars existe, si les ruisseaux existent;/ si l’oxygène dans les ruisseaux existe, l’oxygène/ surtout, existe surtout là ou les sons - i/ des cigales existent, surtout là où le ciel/ de la chicorée existe bleu d’outremer dissous dans/ l’eau, le soleil jaune de chrome, l’oxygène/ surtout; pour sûr il existera, pour sûr/ nous existerons, l’oxygène que nous respirons existe,/

œil de feu couronne de feu existent, et l’intérieur/ céleste du lac ; une anse enclose/ d’un peu de jonc existera, un ibis existe/ et les mouvements de l’âme insufflés dans les nuages/ existent, comme tourbillons d’oxygène au tréfonds du Styx/ et au cœur du paysage de la sagesse la lumière de glace,/ la glace identique à la lumière, et au cœur/ de la lumière de glace le néant, vivant, intense/ comme ton regard parmi la pluie, cette pluie fine ruisselante/ qui irise la vie où, tel un geste,/ les quatorze réseaux du cristal existent, les sept/ systèmes cristallins, ton regard dans le mien,/ et Icare, Icare impuissant existe ;/

Icare langé d’ailes de cire fondues/ existe ; Icare pâle comme un cadavre/ en civil existe, Icare tout au fond où/ les pigeons existent; les rêveurs, les poupées/ existent; les cheveux des rêveurs avec les touffes/ cancéreuses arrachées, la peau des poupées/

épinglée, le bois pourri des mystères; et les sourires/ existent, les enfants d’Icare blancs comme agneaux/ parmi la lumière grise, pour sûr existeront, pour sûr/ nous existerons, et l’oxygène sur le crucifix de l’oxygène ;/ comme givre nous existerons, comme vent,/ comme l’iris de l’arc-en-ciel dans les pousses luisantes/ du mésembryanthème, les chaumes de la toundra ; petits/ nous existerons, aussi petits qu’un peu de pollen dans la tourbe,/ comme un peu de virus dans les os, peut-être comme hélodide,/ peut-être comme un peu de trèfle blanc, vesce, un peu de camomille/ exilée au paradis reperdu; mais l’obscurité/ est blanche disent les enfants; l’obscurité du paradis est blanche,/ mais pas blanche comme un cercueil est blanc,/ c’est-à-dire si les cercueils existent, et pas/ blanche comme le lait est blanc,/ c’est-à-dire si le lait existe ; blanc c’est blanc,/ disent les enfants, l’obscurité est blanche, mais pas/ blanche comme le blanc préexistant/ aux fruitiers existant, leur floraison si blanche,/ l’obscurité est plus blanche, les yeux fondent
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les défoliants existent

par exemple la dioxine

qui défeuille arbres et

buissons et détruit

hommes et animaux



en arrosant

récoltes, forêts

on obtient défeuillaison

et mort au milieu

de l’été le plus fructueux ;



ce changement du chagrin

ce lumineux matin

autrement merveilleusement heureux

l’herbe a disparu

et l’air a filé

son dais venimeux sans fils

par-dessus plages par-dessus forêts

par-dessus corps par-dessus biens



............................... (p.91)
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l’amour existe, l’amour existe

ta main qui, blottie dans la mienne, s’oublie telle

un petit et la mort impossible à se souvenir

impossible à se souvenir comme une vie

inamissible, aussi légèrement comme par mouvement chimique

par-dessus crételles et bisets, tout,

se perd, disparaît, impossible à se souvenir que

des troupeaux d’hommes déracinés, de bêtes et de chiens



qui existent ça et là, disparaissent ;

les tomates, les olives, les femmes

brunes qui les récoltent, se flétrissent, disparaissent,

tandis que le sol poudroie de nausée, une poudre

de feuilles et de baies, et que les boutons du câprier

ne seront jamais récoltés, confits au sel

et mangés ; mais avant qu’ils ne disparaissent, avant que nous

ne disparaissions, un soir, attablés avec

un peu de pain, quelques poissons sans abcès et de l’eau

qui sagacement a été changée en eau, l’un des

mille sentiers de guerre historiques traverse tout

à coup la pièce, tu te lèves, les frontières,

les frontières existent, les rues, l’oubli

partout, mais ta cachette ne s’approche pas,

regarde, la lune est par trop éclairée et le Chariot de David

retourne aussi vide qu’il est venu ; les morts veulent

qu’on les porte, les malades veulent qu’on les porte, les pâles

soldats usés ressemblant à Narcisse veulent qu’on

les porte, tu te promènes si bizarrement éternel,

et seulement quand ils meurent tu t’arrêtes

dans un jardin de choux dont personne ne s’est occupé

depuis plusieurs siècles, trouves en écoutant une source

tarie quelque part en Carélie peut-être, et pendant

que tu songes à des mots comme chromosomes, chimères,

et à la croissance frustrée des fruits de la passion

tu enlèves d’un arbre un peu d’écorce et la manges.



............................... (p.38/39)
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les défoliants existent

par exemple la dioxine

qui défeuille arbres et

buissons et détruit

hommes et animaux



en arrosant

récoltes, forêts

on obtient défeuillaison

et mort au milieu

de l’été le plus fructueux ;



ce changement du chagrin

ce lumineux matin

autrement merveilleusement heureux

l’herbe a disparu

et l’air a filé

son dais venimeux sans fils

par-dessus plages par-dessus forêts

par-dessus corps par-dessus biens
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