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Critique de Sayuki74


C'est décidé, cette année, Challenge Read Christie.

En 2024, il est consacré aux « Décades ». La lecture du mois de janvier a pour thème les années 20 et le choix s'est porté sur The Mysterious Affair of Styles, le premier « detective novel » d'Agatha Christie paru en 1920 et écrit en 1916/1917.
C'est dans ce roman qu'a lieu la rencontre avec « Monsieur Hercule Poirot », le célèbre détective.

Le narrateur de cette mystérieuse affaire est le Capitaine Hastings, évacué du front suite à une blessure, et, en convalescence à Styles Court, dans le comté d'Essex, invité par son ami John Cavendish, beau-fils de la châtelaine Emily Cavendish Inglethorp. Emily Cavendish Inglethorp est une femme déjà âgée qui vient de se remarier avec Alfred Inglethorp, guère apprécié de la maisonnée et suspecté d'avoir épousé la belle veuve pour son immense fortune.
Le Capitaine Hastings sera désigné par la famille pour faire un résumé de cette affaire ayant défrayé la chronique de la presse mondaine et en ayant terni la réputation.
Le crime a lieu une dizaine de jours après l'arrivée d'Hastings à Styles ; nous sommes au mois de juillet, un mois de juillet très chaud, dans cette campagne anglaise, qui semble bien préservée du premier conflit mondial. « En regardant le plat pays d'Essex qui s'étendait si verdoyant et si paisible sous le soleil d'après-midi, il était presque impossible de croire que tout là-bas, et pas si loin, après tout, une grande guerre suivait son cours. Il me semblait que j'avais tout à coup pénétré dans un autre monde. » Hormis la référence à la blessure d'Hastings, quelques détails donnés de la gestion du manoir par temps de guerre : le papier vient à manquer, le personnel a du être réduit, ou concernant l'activité de l'hôpital de proximité qui accueille des blessés, nous sommes enfermés en vase clos et embarqués dans une partie de Cluedo au manoir. Dans ce premier roman policier, la maison va abriter mystères et secrets, jeux de pouvoirs liés à l'argent, rancoeurs, jalousies... thèmes chers à la « Reine du Crime » et l'arme fatale sera … un poison.
L'action se déroule en 1916/1917, dans la haute société britannique. Quelques phrases nous font sursauter (telle réflexion antisémite de Monsieur John Cavendish, contré par son épouse, telle remarque paternaliste et sexiste de l'avocat de la couronne lors du procès, qui prétend que « les dames ne sont pas toujours versées en connaissances légales « – certainement vécue, une réflexion de ce type a dû enchanter Agatha Christie, qui malgré son éducation Victorienne était très émancipée pour son époque....) mais il faut bien-sûr les re-contextualiser et ne pas bouder pour autant son plaisir de lecture.
Plaisir de rencontrer Hercule Poirot, évoqué par Hastings dans les premières pages du roman puis rencontré par hasard à Styles Saint Mary où il est accueilli avec des compatriotes Belges. Plaisir de découvrir le duo d'amis qu'ils formeront pendant de longues années .
«  Poirot était un homme d'allure extraordinaire. Bien que de petite taille, il avait un port très digne. Sa tête avait exactement la forme d'un oeuf et il la tenait toujours un peu penchée de côté. Sa moustache cirée était toujours très raide et d'allure militaire. Il était toujours tiré à quatre épingles et je crois qu'un grain de poussière lui eût causé plus de douleur que la blessure d'une balle. Pourtant, ce petit homme bizarre, aux allures de dandy, qui je le constatais, avec regret, boitait péniblement, avait jadis été un des membres les plus célèbres de la police belge. Comme détective, son flair était surprenant, et il avait accompli de véritables tours de force en débrouillant certaines affaires les plus complexes de l'époque ».

Plaisir de suivre l'enquête minutieuse du duo et l'analyse de tous les indices.

Un très bon moment de lecture, comme la plupart du temps avec « un Agatha » et je n'ai pas souvenir de l'avoir déjà lu, je n'en ai vu que les adaptations (BBC et « Petits Meurtres »).
L'actrice choisie dans la version des Petits Meurtres m'a marquée par sa beauté et sa classe naturelle et je n'ai pu m'empêcher de l'associer au personnage de Mrs Emily Cavendish . Hastings : « Je me souvenais d'une belle femme, d'un certain âge. Elle ne pouvait certainement pas avoir moins de soixante-dix ans maintenant. J'évoquais sa personnalité énergique, autocrate, éprise de notoriété charitable et mondaine (…) Mrs Cavendish aimait faire ses plans elle-même, et elle entendait que les autres les acceptassent... ».

A suivre, en février, Mr Brown.

# READ CHRISTIE 2024
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