AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Des quelques quarante romans et recueils qui mettent en scène Hercule Poirot, la grande majorité se déroule en Angleterre. Mais plusieurs enquêtes prennent place dans des pays étrangers, et non des moindres : « le Crime de l'Orient-Express » (1934), « Meurtre en Mésopotamie » (1936), « Mort sur le Nil » (1939) ou encore « Rendez-vous avec la mort » (1938). Plusieurs voyages et croisières au Proche et au Moyen-Orient, sont à l'origine de ces romans, ainsi que l'univers des fouilles où Agatha suivait son mari Max Mallowan, un archéologue réputé.
L'intrigue de « Mort sur le Nil » est une des plus subtiles qu'ait jamais imaginée l'autrice.
Hercule Poirot et son ami le colonel Race, qui pour une fois a suppléé l'inamovible (et ineffable) capitaine Hastings, sont en croisière en Egypte, à bord du S.S. Karnak, un steamer qui descend le Nil d'Assouan au Caire. Parmi la liste des passagers, un étrange trio attire l'attention de nos deux détectives : Simon Doyle et sa femme Linnett sont deux jeunes mariés en pleine lune de miel. Mais ils sont harcelés par Jacqueline de Bellefort, l'ex de Simon, qui ne supporte pas que Linnet lui ait soufflé son mari. Une galerie de portraits plus ou moins cocasses, excentriques complète le tableau, dans le cadre idyllique d'une Egypte de rêve. Les choses se gâtent lorsque Linnett est trouvée assassinée. Jacqueline est évidemment la première à être soupçonnée. Mais ce n'est pas si simple. La croisière se poursuit, et Poirot mène l'enquête. Entre indices découverts, fausses pistes, tentatives d'assassinats et nouveaux meurtres, chantages, mensonges, il faudra bien de la patience à Poirot pour utiliser toutes ses petites cellules grises et enfin trouver la clé de l'énigme.
On est chez Agatha Christie. Un univers très « british », et même « high society », avec une pointe de colonialisme (inévitable à cette époque et à cet endroit). Il ne faut donc pas chercher une critique sociale ou politique : ici on fait du policier et que du policier. Mais alors là, mes amis, vous en avez pour votre argent : Agatha Christie, c'est le contraire de Sherlock Holmes : ce n'est pas un fil ténu qui mène, d'indice en indice, le détective de l'ombre à la lumière : dame Agatha prend un malin plaisir à brouiller les pistes, les indices sont trompeurs, au lieu d'éclaircir la scène, ils la rendent plus confuse, les fausses pistes se multiplient, on change de coupable présumé à chaque retournement de situation (et il y en a quelques-uns !). Poirot a besoin de toute sa science de détective, mais aussi de toute sa subtilité et de sa connaissance profonde de l'âme humaine, pour deviner et mettre à jour les motivations (et les agissements) des personnages de ce drame.
Comme dans l'Orient-Express, il s'agit d'un crime en huis-clos, le meurtrier est forcément à bord, du train ou du bateau. Ce qui a motivé le meurtre n'est pas de même nature, les assassins ont d'autres profils, mais la technique de l'autrice est assez similaire : le jeu du chat et de la souris entre le détective et l'assassin se traduit par une double mystification : l'assassin envoie le détective sur les fausses pistes, et l'autrice embarque le lecteur dans un labyrinthe où elle seule tient en main le fil d'Ariane. du grand art.
« Mort sur le Nil » est certainement un des chefs d'oeuvre d'Agatha Christie. Maintes fois adapté, on retiendra le film de John Guillermin en 1978, avec Peter Ustinov dans le rôle d'Hercule Poirot, ou l'épisode éponyme dans la série (légendaire) avec David Suchet. La version 2022, de et avec Kenneth Branagh, n'est pas indispensable, à mon avis (tout comme son adaptation du « Crime de l'Orient-Express »).


Commenter  J’apprécie          181



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}