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Critique de Stockard


Le Crépuscule des Pensées qui n'aurait pas eu à rougir de se voir sous-titré "Temps et Paradoxe" est un petit diamant taillé au millimètre par ce joailler nihiliste mais néanmoins génial de Cioran.
On retrouve dans cet ouvrage la didactique qui a fait – entre autre – la grandeur du penseur roumain : les aphorismes. Ce qu'il faudrait de trois copies doubles à tout être humain normalement intelligent pour présenter, étayer et justifier sa pensée ne prend que quelques lignes à Cioran pour un résultat frôlant la perfection, l'atteignant même parfois. En une dizaine de mots, tout est dit et bien dit.

Cioran philosophe ? Ou plutôt anti-philosophe tant il prend à contre pied l'essence même de la philosophie : pensée ordonnée, réfléchie et – c'est le minimum – raisonnée, quand le grand essayiste ne jure que par l'absurde (absurdité du monde, de la vie, de la condition humaine... de tout quoi), absurde fièvre du renoncement, à la vie, à Dieu. N'ayant d'autres choix sérieux que l'athéisme, Cioran y voit une défaite de l'humain, une de plus, car pour lui ce n'est pas Dieu qui n'est plus, c'est l'Homme.
Sur l'Eden perdu, l'impossibilité de la vie, la mélancolie et l'absurdité du temps qui fuit et contre lequel nul ne peut rien, Cioran nous concocte avec le Crépuscule des Pensées sa recette favorite dans un ouvrage qu'Eugen Simion qualifie de « classique du Désespoir ». A titre personnel, je l'aurais plus ressenti ainsi à la lecture de Sur les Cimes du Désespoir et de l'Inconvénient d'être né, mais allez va pour celui-là aussi qui comme tout le reste n'est finalement pas plus riant.

Alors bien sûr, c'est sombre, mélancolique, pessimiste mais on sait à quoi s'attendre quand on ouvre un Cioran, et puis, paradoxe qui ne lui aurait pas déplu, cette écriture percutante est tellement brillante, remarquable et sublime, comment refuser l'obole d'une telle réflexion ?

Pervers, maniaques, masochistes, pas les épithètes qui manquent quand il s'agit de qualifier les admirateurs de Cioran, eh bien, soit, nous sommes tout cela (et plus encore) et décidément, qu'est-ce que c'est bon !
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