J'y vois aussi l'occasion de saluer ma mère, de lui déclarer, dans un livre qu'elle ne lira pas, tout l'amour que je lui porte.
Autour de moi, on considère la boxe comme un sport violent. Mais je trouve, moi, que la vie est violente. Ce qu'elle inflige sans crier gare est autrement plus douloureux que ce qu'on risque entre les cordes.
Certains mots ne se prêtent pas à la traduction. À vouloir trouver des équivalents à ce qui n'en a pas, on perd le sens.
L'esprit est assez vaste pour y faire cohabiter harmonieusement un chasseur-cueilleur kakoro et une église romane, une salle de boxe et un rayonnage de bibliothèque, le casque de Vercingétorix dans mon livre d'histoire et le casque de l'armée française dans la case de mon grand-père...
J'ai acquis une sorte d'aversion pour les sports violents. J'aime les boxeurs, je crains la boxe. (...) Quand je boxais, je n'ai jamais aimé assister aux combats. Il fallait que des amis montent sur un ring pour que je fasse l'effort de m'y rendre. J'étais malade de voir mon frère combattre. Se battre, c'est possible. Regarder les autres, c'est affreux.
La portion culturelle que je m'administre relève du domaine privé. Je tolère mal que d'autres s'en chargent, et l'exposent, sans rien me demander, dans le domaine public.
Sur un ring, j'éprouve une sorte de bien-être, de quiétude même. Je suis prévenue des coups, je les attends, je les contrôle. Il n'y a personne pour venir me frapper par derrière.
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On considère la boxe comme un sport violent. Mais je trouve, moi, que c’est la vie qui est violente, confie-t-elle. Ce qu’elle inflige sans crier gare est autrement plus douloureux que ce qu’on risque entre les cordes.
Il n’y a pas d’âge pour se conduire dignement, ni de circonstances qui vaillent
« J’aimerais que celle ou celui qui lira ce petit livre mesure ce qu’il a de déchirant. Il est mon au revoir à ceux que je laisse sur le quai. (…) Il est mon au revoir à mon enfance de petite fille noire en collants verts, qui dévale en criant les jardins de Ménilmontant. »