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Si certains titres de livres laissent planer le suspens quand à leur contenu, rien de tout cela ici. On est bien en présence de nouvelles , écrites par des auteurs Capverdiens .
Ces nouvelles ont été publiées dans une revue , Claridade, fondée en 1936 et destinée à affirmer l'émergence et l'indépendance de la littérature capverdienne.

Si la mer sans surprise tient une place non négligeable , ainsi que la ruralité, si les coutumes et us locales comme les morna sont omniprésentes , ces nouvelles font la part belle aux êtres humains et ici comme ailleurs , on retrouve des existences confrontées aux questionnements, à la faim, à la jalousie.
"Vouloir rester et devoir partir " ou " devoir rester et vouloir partir". Écartelés entre le Brésil et l'Afrique , attachés au Portugal, les habitants errent à la recherche de leur destinée, entre débrouilles , contrebandes et pauvreté.
les textes m'ont semblé très poétiques , fort bien écrits.Et si les histoires ne sont pas d'un suspense haletant, on se laisse porter par une langue raffinée et lécher par des vents tropicaux et émerveiller par des couleurs qui nous font tant défaut l'hiver!
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Par les temps qui courent, prendre l'avion apparaît comme un acte irresponsable, n'est-ce pas ?
Heureusement, la littérature nous permet de voyager sans émettre trop de carbone.
Et c'est ainsi que je suis partie aux îles du Cap-Vert.
Ce recueil contient sept nouvelles du collectif Claridade, écrites dans les années 30, telles une "proclamation d'indépendance" littéraire d'après la postface.
Postface qui parle aussi d'un collectif "intransigeant face aux valeurs fausses, aux représentations dénuées d'authenticité et aux gloires faciles".
Alors c'est pas faux, comme dirait l'autre : oui on sent l'authenticité dans ces récits, le désir d'exposer la personnalité de ces îles, leurs difficultés aussi, au travers de leurs habitants hauts en couleurs.
Et selon Paul, notre babeliote cap-verdien (bobfutur), "Le coq a chanté dans la baie" (la première et la plus longue des sept nouvelles) est un condensé de l'âme du pays.
Alors curieusement, j'ai trouvé pourtant une ressemblance troublante avec L'île d'Eugène Dabit, lu récemment et qui se déroule à Minorque: l'insularité sans doute, la précarité ; la nostalgie d'un temps meilleur ; et des histoires très masculines.
On n'y rigole pas beaucoup, on n'y a pas non plus la larme facile, excepté dans "L'enterrement de nhâ Candinha Sena" (ma préférée).
Toutefois j'ai trouvé l'ensemble un peu inégal, et la plupart de ces nouvelles n'ont pas su me toucher autant que les mornas…

Traduction de Michel Laban.

Challenge Globe-trotter
Challenge Plumes africaines
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J'aime bien ces livres qui permettent d'aller ailleurs, des lectures géographiques…

Le Cap-Vert est un petit pays, un peu plus d'un demi-million d'habitants, une ancienne colonie portugaise, petit archipel au large du Sénégal. Un recueil de nouvelles qui date des années 1930, amenant un dépaysement historique aussi.

Comme il s'agit de nouvelles, on n'y trouve pas de longues descriptions des paysages ou de la société. Presque des instantanés…

Par exemple, ce douanier-poète qui compose des « mornas », mais qui traque les contrebandiers sans états d'âme, parce que c'est son métier.

Ou ce garçon qui subit du harcèlement à l'école (malgré la distance dans l'espace et dans le temps, un sujet encore d'actualité).

Ou encore, l'extrême misère lorsque la sécheresse tue les récoltes.

Un recueil intéressant, un tout petit pays insulaire à ajouter dans ma carte mentale.
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Recueil de nouvelles qui existe grâce à un groupe d'auteurs qui souhaitaient affirmer une création libre pour un pays indépendant, indépendance qui n'est venue que bien plus tard.

Il est bon de jeter un coup d'oeil sur une carte pour comprendre l'organisation géographique de ce "petit pays" en îles et îlots et sur son histoire qui est marquée par l'esclavage. de l'ensemble des nouvelles suinte une mélancolie douce faite de tristesse et de pauvreté. C'est un pays d'exil, on s'en va pour revenir ...pas plus riche. On profite des bonnes aubaines , un bateau qui coule, un trafic de rhum, on se débrouille il faut bien vivre. Même les sentiments semblent contenus comme si les Capverdiens n'avaient pas les moyens de grandes effusions.L'ensemble des nouvelles forme un paysage en mosaïque qui donne envie d'en découvrir plus.

En arrière fond c'est la voix belle et triste de Césaria Evora qui a accompagné cette lecture.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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L'âge d'Or de la littérature capverdienne, du mouvement Claridade par ses représentants les plus connus, de belles histoires, dont le tragi-comique décrit bien l'âme du Petit Pays, et dont les rares livres traduits en français sont plutôt difficiles à trouver (à part le 1er volet de la trilogie de Henrique Teixeira de Sousa). A consommer avant de venir nous visiter.
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Des récits et nouvelles d'un archipel africain de l'Atlantique dans lequel j'ai retrouvé un air de littérature brésilienne (ce que confirme la postface) et des Antilles, tout en faisant une vraie découverte du Cap-Vert, territoire tourné vers le Portugal mais dont on sent l'identité propre à travers les histoires de ces hommes et femmes contées avec un peu de confusion et de mélancolie par quatre auteurs regroupés en collectif en 1936.
A lire en écoutant chanter la reine des mornas Césaria Evora ?
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J'étais très heureuse d'avoir trouvé ce recueil de récits et nouvelles du Cap-Vert, qui est en tant que tel un joli petit livre à la couverture colorée et aux pages qui glissent sous les doigts (comme quoi, la lecture débute parfois par le sens du toucher !).

Malheureusement, son contenu ne m'a absolument pas convaincue ni emportée : j'ai apprécié le premier récit et ses personnages mélancoliques qui s'attablent autour d'un rhum pour écouter les dernières morna du poète douanier, qui révèle l'équilibre précaire entre un monde où les habitants n'ont parfois que la contrebande pour survivre, et un idéal qui voudrait qu'un fonctionnaire fasse correctement son travail. Entre mers et plages, flots et galets, j'ai souri face à ces personnages lunatiques et comme prisonniers d'une temporalité hors du monde.

En ce qui concerne les autres récits et nouvelles, je n'ai absolument pas accroché et je me suis ennuyée à mourir...On capte bien sûr la pauvreté du Cap-Vert, les violences qui en découlent, l'envie irrépressible de quitter ces îles au beau milieu de l'Atlantique, la contrebande entre les îles, l'attraction des lointains Portugal et Brésil...Mais tout cela demeure comme suspendu, et je ne suis pas du tout parvenue à m'attacher aux personnages ou à m'émouvoir des descriptions des auteurs.

Une grosse déception, qui m'aura tout de même fait découvrir le collectif Claridade dont le manifeste pour la littérature cap-verdienne est intéressant du point de vue de l'histoire littéraire du Cap-Vert.
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Claridade, c'est une revue fondée en 1936, au Cap Vert, pour donner une voix propre aux auteurs du pays, une voix en dehors du Portugal colonial.

Bien évidemment, dans cette anthologie de nouvelles parues dans la revue, l'empreinte portugaise est partout présente dans les noms de lieu, dans certaines coutumes, dans certains comportements, mais l'empreinte capverdienne y laisse bien aussi sa marque, en ce que chacune nous raconte le quotidien, le plus banal, le plus trivial, le plus réaliste de fait, de l'archipel, et non pas de son colonisateur. Dans toute sa misère, parfois dans toute son inquiétante étrangeté, nous découvrons ainsi un Cap-Vert bien loin des images idylliques, exotiques, auxquelles l'on pourrait penser de prime abord.

Une découverte intéressante, mais pas impérissable.
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Une référence ! Récits & nouvelles du Cap-Vert est un hymne pour Claridade (clarté en portugais). Une revue littéraire crée en 1936 à Mundelo sur l'île de Sâo Vicente. Les fondateurs Manuel Lopes, Baltasar Lopes da Silva et Jorge Barbosa ont mis en lumière un mouvement : « Claridoso » qui s'inspire de clarté : livre d'Henri Barbusse. Épiphanie langagière, la littérature cap-verdienne est propulsée, s'inspirant de ses grandes soeurs brésiliennes, portugaises et françaises. Les majeures Éditions Chandeigne érudites, perfectionnistes, spécialistes d'une littérature de renom, certifiée, viennent de mettre au monde un recueil : sept récits ou nouvelles de Manuel Lopes, Baltasar Lopes, António Aurélio Gonçalves et Henrique Teixeira de Sousa. L'idiosyncrasie du Cap-Vert lève le voile. Les habitus et coutumes, couleurs et croyances incitatives, aux découvertes exaltées sont primés dans ce recueil. Quasi classique de par sa puissance et sa maturité les récits et nouvelles sont aussi cette âme palpitante, voluptueuse, sage. « le sorcier Bachenche » de Manuel Lopes est symbolique, riche de messages, de nuances.
« Même si ce n'est pas correct, je n'ai pas à me mêler de la vie, des affaires de chacun, d'autant plus que je sais, comme tout le monde, qu'il y a du mal qui tourne bien et du bien qui tourne mal, pas vrai ? »
« Celui, qui revient oublie comment il est parti, pour être comme il revient. »
« Nhô Bachenche savait aussi amener vers la lumière du bonheur toutes les pauvres petites âmes qui sur terre subissaient les flammes de l'enfer. Alors… »
L'intrinsèque d'une littérature qui enlève son paravent. Une grenade à mille pépins, juteuse, sucrée, gorgée de fraternité et de simplicité. La part belle aux saveurs et à cette chance Babel de lire le symbole Claridade. Ce recueil est un salut. le Cap-Vert en lumière et la somme des transmissions langagières. Comme le démontre la quatrième de couverture, (une petite merveille) : « Dichotomie du vouloir rester et du devoir partir ou du vouloir partir et du devoir rester. »
Lire avec attention la postface de Jorge Miranda Alfama. Traduit du portugais par Michel Laban.
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