Cela est bon ! Acceptez de moi cette séparation que vous dites.
Qu'elle n'ait point pour vous d'amertume ! Et qu'elle soit comme le premier jour de cet hiver que j'ai lu.
Car on dit que, dans des climats plus heureux, cette saison qui sépare une année de l'autre année
N'a point de violence, mais toutes choses périssables l'une après l'autre succombent à la longue beauté d'un ciel inaltérable.
La parole, jeune fille,
Ne se forme point comme une note sous le doigt de l'organiste quand le pied presse le soufflet.
Mais longuement, obscurément,
Plus profond que le coeur et les intestins, pendant le repas et la marche, pendant les silencieuses heures de travail, elle se constitue.
Comme un oeuf spirituel en nous, comme la capsule séminale,
Jusqu'à ce que du lien qui la lie se dissolve le secret pédoncule.
Elle est mienne ! et sa vue est comme ce trait
De l'haleine avec lequel on se réveille.
La voici comme l'abeille nouvelle qui déploie ses ailes encore fraîches, comme une grande biche, comme une fleur qui ne sait pas elle-même qu'elle est belle !
Son visage est comme recueilli
Dans la joie qu'elle goûte, et je vois ses cheveux qui sont comme l'or et l'argent !
Fauves avec des reflets d'argent, comme la menthe, comme le dessous de la feuille !
O personne intacte ! ô jeunesse de ma fiancée à travers les branches en fleurs, salut !