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EAN : 9782070363087
256 pages
Gallimard (16/01/1973)
3.68/5   57 notes
Résumé :
Un vieil empire à la veille d'être submergé par le flot des barbares.
Le peuple est résigné et abattu. Dans le palais de l'Empereur règne une atmosphère de mort et de désespoir. Même le spectacle de la beauté inoubliable de la fille de l'Empereur ne peut rompre cet envoûtement funèbre. Arrive Simon Agnel avec sa chevelure éclatante, Tête d'Or. Il galvanise le peuple, se met à la tête de l'armée et part à la conquête du monde ... "C'était la dernière expérienc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Si on excepte l'Endormi, essai d'un adolescent qui est parvenu jusqu'à nous que par hasard, oublié dans les archives du théâtre de l'Odéon, Tête d'or est la première pièce de Paul Claudel, en tous les cas la première éditée. Il écrit la première version de la pièce en 1889, alors qu'il n'a que 22 ans et qu'il poursuit ses études à l'Institut d'Etudes Politiques à Paris. L'écriture de la pièce suit de trois ans la conversion de Claudel au catholicisme, qui aura une énorme influence sur son oeuvre.

La pièce sera publiée avec un tirage très confidentiel de 100 exemplaires par la Librairie de l'Art indépendant en 1890, l'année où il est reçu au concours des Affaires étrangères. Comme pour beaucoup de ses oeuvres, Claudel reprendra et remaniera d'une manière importante la pièce, cette nouvelle version sera publiée en 1901. C'est cette deuxième version qui est jouée.

Il aura toujours un rapport particulier à cette oeuvre, qu'il considérera comme quelque chose de très intime, au point de refuser qu'elle soit montée sur scène. Elle ne sera représentée la première fois qu'après sa mort, en 1959, par Jean-Louis Barrault au théâtre de l'Odéon.

La pièce est composée de trois parties, qui se passent dans des lieux et à des moments différents. Dans la première partie, Simon Agnel vient de perdre sa compagne. Il s'entretient avec un jeune homme, Cébès, à qui il exprime tout son désespoir, la fin du bonheur qu'il croyait possible. Un lien fort se noue entre les deux hommes, qui finissent par enterrer la femme morte.

Dans la deuxième partie nous sommes dans un palais. le roi et toute sa maisonnée sont vaincus, ils attendent les armées ennemies qui ont triomphé des leurs. le roi est mis en question par la poignée des sujets qui lui restent. Mais une surprenante nouvelle arrive : au final l'ennemi a été mis en déroute par un mystérieux sauveur. Il s'agit de Simon Agnel, devenu Tête d'or. Il assiste d'abord à la mort de Cébès, qui jette une tristesse sur la victoire, puis réclame le pouvoir. Il tue le roi, chasse la princesse son héritière, et devient le nouveau monarque.

Dans la troisième partie, Tête d'or, devenu roi, fait la guerre quelque part aux confins de l'Asie. Il croise sans la reconnaître la princesse, qui est clouée à un arbre par un déserteur. L'armée de Tête d'or fuit devant l'ennemi, le roi lui fait face seul, ses soldats finissent par revenir et vaincre, mais le souverain est mourant. Il fait d'amères reproches à ses sujets. Il finit par retrouver la princesse, qu'il délivre. Avant de mourir il recommande à son armée de la couronner après sa mort, ce qu'ils font, mais elle ne survit guère à Simon. L'armée n'a plus qu'à repartir seule.

Pièce complexe, sans véritable action, plutôt composée de tableaux successifs, plein de symboles et métaphores que l'on peut passer beaucoup de temps à essayer de décrypter : vanité de la gloire, de la volonté, de la quête du bonheur….Symbolisme religieux, par exemple la princesse étant d'après l'auteur un symbole de l'église.

Mais je crois qu'il faut avant tout se laisser saisir par la lave de la langue, celle d'un immense poète, avec son rythme particulier, avec ses images somptueuses et baroques. Par les scènes d'une grande intensité, d'une grande charge émotionnelle. Et après éventuellement essayer de mettre un sens, provisoire forcément, de construire un discours. C'est un mélange de quelque chose de très immédiat, presque instinctif, et d'une pensée très élaborée que l'on devine en arrière fond et qui échappe toujours en partie.

Un objet fascinant.
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Dans un temps indéfini, sans doute moyenâgeux, un empire décadent est sauvé par le courage et le dévouement d'un homme à la chevelure éclatante, Simon Agnel ou Tête d'Or.
Il y a indéniablement de la résonance dans l'écriture de Paul Claudel. Cette pièce peut couper le souffle comme un tonnerre de cloches annonçant un événement heureux. Mais cela n'est pourtant pas un chef d'oeuvre de théâtre. Paul Claudel ne devait pas être un homme de plateau, car, en digne successeur de Racine, il accorde à son texte trop d'importance. Une belle oeuvre littéraire, mais une incomplète pièce de théâtre. Y a-t-il beaucoup de metteurs en scène qui aient monté cette pièce?
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Paul Claudel est le frere de Camille,la celebre sculptrice.Homme de theatre de talent,son oeuvre est ancree dans le sud de la France et cette piece,pleine de vie et de soleil en est un exemple parfait.Aucun temps mort ne vient affaiblir l'ensemble de la puece et si vous avez la chance de pouvoir la voir sur scene,n'hesitez pas foncez y !
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
« Cébès. — Mère, mon frère ! ô ma nourrice aux côtes cuirassées !
Tête d'Or. — Quoi donc ?
Cébès. — Je n'ai plus le temps ! écoute-moi ! cela m'est égal ! je ne me cacherai pas !
Tête d'Or. — Parle, poussin !
Cébès. - Je t'aime, Tête d'Or !
Tête d'Or. — Tu m'aimes ? […]
Cébès. — Voici ce qu'il faut penser :
Comment faire tenir dans une seule minute un siècle d'embrassements ?
Songe que je suis funèbre, et que cela augmente ton cœur ! Songe que nous sommes
Comme deux amants qui, un seul moment avant jamais, se débaisent. […]
Tête d'Or. — O nos noces rompues !
[…] J'agite les lèvres pour une parole plus vaine que le silence même : Ne meurs pas !
Cébès. — Il le faut.
Tête d'Or. — Non, ne meurs pas ! nous deux et pas autre chose que nous ! Jamais bras ne retinrent une telle sœur ! […]
Cébès. — Simon ?
Tête d'Or. — Eh ?
Cébès. — Tu ne m'as jamais aimé, avant !
Tête d'Or. — Si.
Cébès — Non ! Jamais avant ! Et c'est maintenant que je meurs. […]
Je t'aime au moment de la mort !
et maintenant aie pitié de moi ! La Mort,
La Mort m'étrangle avec ses douces mains nerveuses.
Tête d'Or. — O mon frère ! ô mon épouse
Il faut donc que je te soulève sous les bras
Comme le petit enfant à qui on apprend à marcher !
Mais appuie ta tête contre mon cou. Comme c'est beau, un soir d'été !
Le silence béni s'emplit
De l'odeur du blé qui fait le pain.
Les seigles, et les luzernes, et les sainfoins, et les haies,
Les rondes au sortir des villages, la tranquillité de tous les êtres !
L'arbre fait silence ; l'insecte attardé court sur le chemin.
Déjà ! les claires étoiles brillent, et le rossignol, le sombre oiseau qui chante sa plainte quand se lève le grand Chariot...
Cébès. — Noir, de plus en plus noir tout tourbillonne et s'éteint !
Ah je sombre ! Mon cœur meurt
Donne ta tête que je t'embrasse !
Dis, dis, chère âme...
(Il meurt.)
Tête d'Or (il reste un moment immobile, puis il rejette le corps en frissonnant). — Horreur !
Je suis seul. J'ai froid. »
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Je ne suis pas triste ! L'oiseau chante et je chanterai aussi ! Qu'il chante et je chanterai aussi !
Et ma voix s'élèvera comme la force de la flûte.
Plus haut, plus fort ! emplissant la ville et la nuit.
Je chanterai et je me contiendrai point !
L'oiseau chante l'été et il se tait l'hiver ; moi, je chante dans l'air âpre et dur, et vers le ciel désert, quand tout gèle, je m'élève éperdument !
Car ma voix est celle de l'amour et la chaleur de mon coeur est comme celle de la jeunesse.
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Epopée métaphysique, "Tête d'or" retrace le parcours d'un homme au destin exceptionnel.
Dans un pays en guerre, Simon Agnel accède au pouvoir après avoir repoussé les armées ennemies et assassiné le vieux roi.
Désormais connu sous le nom de "tête d'or", il décide de conquérir l'Orient.
Il meurt au sommet du Caucase, après avoir désigné comme reine l'héritière légitime du trône.
(extrait de "le théâtre français du XIX° siècle" volume paru dans la collection "anthologie de l'avant-scène théâtre" en 2008)
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Entre, au fond, Simon Agnel, en blouse, portant sur son épaule un corps de femme et tenant une bêche.
Entre, sur le devant, à pas lents, Cébès.

Cébès.-
- Me voici
Imbécile, ignorant
Homme nouveau devant les choses inconnues,
Et je tourne ma face vers l'année et l'arche pluvieuse, j'ai plein mon coeur d'ennui !
Je ne sais rien et je ne peux rien. Que dire ? Que faire ?.....
(lever de rideau de la pièce extraite du volume paru chez "Folio" en 1973)
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"Tête d'or" est le premier grand drame composé par Claudel, à l'âge de 21 ans, alors qu'il traverse une grave crise spirituelle. Quelques années plus tard, il remanie sa pièce et en publie les deux versions en 1901 dans le recueil "l'arbre".
En 1949, il laisse inachevée une troisième version, très différente.
Surtout, il juge cette oeuvre si personnelle, si intime, si maladroite aussi, qu'il refuse de la laisser représenter de son vivant.
Jean-Louis Barrault doit donc attendre 1959 pour la mettre en scène à l'Odéon Théâtre de France.
(extrait de "le théâtre français du XIX° siècle" volume paru dans la collection "anthologie de l'avant-scène théâtre" en 2008)
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Videos de Paul Claudel (167) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Claudel
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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