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Critique de Lamifranz


Troisième volume de « La Grande Patience » (après « La Maison des autres » et « Celui qui voulait voir la mer » et avant « Les Fruits de l'hiver »), « le coeur des vivants » raconte les aventures de Julien Dubois pendant la Drôle de guerre, et son engagement dans la Résistance.
Le volume précédent était centré sur les parents de Julien, et leur angoisse, leur longue attente, quand leur fils était loin d'eux. le présent volume revient sur Julien. En 1940 il a 18 ans. Il s'est engagé dans l'armée. le début du roman le voit débarquer à Castres avec son ami Carento. En fait son but, c'est de peut-être passer en Espagne, rejoindre la Résistance, mais, comme on dit, une chose après l'autre. A Castres nos jeunes gens sont affectés à un poste de guet. Monotone et sans attrait Mais Julien fait la connaissance de Riter, un parisien épris d'art et de littérature comme lui. Entre Verlaine et Charles Trenet, les journées se passent plutôt bien. Et puis un soir Julien fait la connaissance de Sylvie. C'est le coup de foudre. Et du coup son projet est compromis : partir c'est renoncer à Sylvie. Puis les choses s'accélèrent. La zone libre est envahie. Sylvie, sous la coupe de ses parents, lui échappe.
Bernard Clavel, on ne le redira jamais assez est un conteur : ce qu'il nous montre, ce sont des tranches de vie, telles que pourraient nous décrire un photographe, un cinéaste un croqueur de dessins. Clavel, c'est, comme pour Doisneau, l'art d'attraper la vie au bout de son stylo, comme le photographe la capte dans son objectif : cette période si étrange où se mêlent tant d'influences, où la morosité voisine avec la bassesse ou l'héroïsme, où tout peut basculer dans un sens ou un autre, où les idéaux fluctuent, et où l'amour et la mort n'ont jamais été si près l'un de l'autre.
Le talent des grands écrivains, c'est de faire partager aux lecteurs et aux lectrices, les émotions de toutes sortes que ressentent ses personnages. Clavel y réussit à merveille. Nous sommes solidaires de ces soldats désemparés de la Drôle de guerre, de ces amoureux que la guerre rapproche et éloigne, de cette machine infernale qui broie les destins…
Avec sensibilité et élégance, Bernard Clavel retrace une époque, et une histoire. La guerre n'est pas seulement un décor, puisqu'elle conditionne les pensées, les projets de ces soldats perdus, de ces amoureux perdus, de ces parents perdus (ceux de Julien qu'il vient voir le temps d'une permission) …
Notre Julien (parce qu'après tout, l'auteur nous l'a donné) est bien le reflet de cette époque : plein d'idéaux chevaleresques, il est ramené à terre par ses propres défauts (qui sont aussi ceux de l'époque : désinvolture, aveuglement, désinformation, inconstance, inconscience… Humain, finalement, trop humain.
« La Grande Patience » est décidément une très belle série, où l'historique reste présent, mais à hauteur d'homme et de femme. A la fois témoignage et oeuvre de fiction : une belle oeuvre utile.

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