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Critique de Lamifranz


Deuxième tome de la saga des « Royaumes du Nord » (après « Harricana » et avant « Miserere », « Amarok », « L'Angélus du soir » et « Maudits sauvages »), « L'Or de la terre » raconte, après la construction du Transcanadien, un autre épisode de l'épopée des pionniers canadiens, la ruée vers l'or.
Historiquement, la ruée vers l'or canadien se situe à la fin du XIXème siècle, en Alaska dans les régions du Klondyke et du Yukon. Nous avons tous en tête les romans de Jack London (« L'appel de la forêt », « Croc-blanc ») ou le film de Charlie ChaplinLa Ruée vers l'or ») qui prennent pour cadre cette région. Bernard Clavel situe son gisement bien plus à l'est, entre l'Ontario et le Québec, entre le Saint Laurent et la Baie-James, à gauche de la rivière Harricana (que nous avons découverte dans le tome 1).
Ici la famille Robillard (celle de « Harricana ») ne fait qu'une petite apparition. le héros, Maxime Jordan, et quelques-uns de ses amis, poussés par la fièvre de l'or, sont à la recherche d'un gisement sur les immenses territoires du Grand Nord. Ils en trouvent un sur une île, au beau milieu du lac Ouanaka. Bientôt une petite ville naît au milieu des neiges et des forêts. Et ce qui s'est passé lors de la ruée vers l'or en Californie (1848) et lors de celle du Klondyke (1896) ne manque pas de se répéter ici : déforestation, arrivée en masse de prospecteurs, villes sorties de terre pour abriter les chercheurs d'or et leurs familles, argent facile, promiscuité, violence, prostitution, alcool… L'or n'est pas si facile à trouver, les fortunes se font et se défont du jour au lendemain. Et puis il y a le climat, trop chaud l'été, trop froid l'hiver. Et puis il y a la nature : il a fallu abattre des hectares de forêts, canaliser des mètres cubes et des mètres cubes d'eau. Et puis il y a les hommes et les femmes : la loi a du mal à s'installer, et quand elle y arrive, elle a du mal à être appliquée… La soif de l'or qui anime tous ces gens laisse peu de place aux autres sentiments, mais favorise la violence, l'égoïsme et préconise le droit du plus fort. C'est ce que Maxime Jordan, avide de richesses, dur à la besogne au point d'en être injuste, va apprendre à ses dépens.
Bernard Clavel, on le sait, est un conteur merveilleux : l'épopée qu'il nous décrit ici est à la fois splendide et tragique. Ses descriptions des décors extraordinaires de cette région à nulle autre pareille, sont à couper le souffle : à le lire, on a dans les yeux l'immensité de la grande plaine blanche, ou celle des forêts séculaires que l'on doit sacrifier (Clavel est aussi un écologiste militant pour qui la Nature n'est pas un vain mot), ou encore les baraques en bois, misérables souvent, mais parfois mieux conçues (chez ceux qui ont trouvé le filon)…
Et autant que le décor, nous sommes touchés par la description de la vie quotidienne, faite de quelques passages heureux, mais plus souvent de passages tragiques. Si Bernard Clavel peut se montrer lyrique et poétique par moment, il est le plus souvent réaliste, parfois jusqu'à la cruauté, pour nous décrire cette vie rude, souvent injuste, soumise à la loi des hommes (ou l'absence de loi), et plus encore à celle de la nature. La fin du roman est infiniment pathétique.
Car, soulignons-le, Clavel est toujours très près de ses personnages, qu'il sait nous rendre vivants, qu'il sait nous rendre attachants : les héros de Clavel sont toujours inoubliables, parce que Clavel est avant tout un auteur d'une grande humanité. Et aussi, rappelons-le, parce qu'il s'est pris d'amour pour ce pays que son épouse, Josette Pratte, lui a apporté en dot.
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