Il faut nourrir l'espérance.
Je suis fille de Comté Franche
Dans ma clairière chante l'oiseau
L'oiseau fait s'incliner la branche...
La charrette franchit le pont du Doubs et commença de monter le chemin de la Bedugue. A mi-hauteur, la bête ralentit et repris d'elle-même le pas. Le bruit des roues se fit moins fort. La terre battue aux ornières profondes avait succédé aux pavés du pont et à l'empierrage de ce début de chemin.
Tous les quatre (et plus particulièrement les deux compagnons ) étaient comme des enfants qui redécouvrent la joie de s'amuser ensemble. Qui eût ignoré la peine que donne le travail du bois se fût sans doute figuré, à les voir et à les entendre, qu'ils s'adonnaient à un jeu passionnant.
Tu sais bien que je l'aime.
C'était vrai. Elle aimait Hortense. Elle souffrait d'avoir eu à renier ce sentiment, mais qu'y avait-il donc de plus important que la vie de son homme, leur maison, les enfants, ce qu'ils avaient eu tant de mal à rebâtir ?
Il n'eût servi à rien qu'elle risquât tout cela. Hortense elle-même l'avait dit.
Si les femmes étaient compagnons, toi, tu serais compagnon du fournil et de l'âtre. On t'appellerait Marie Bon Pain. Parce que le bon Dieu t'a sûrement envoyée sur la terre pour que les autres aient toujours du pain qui ne soit pas amer.
Certains jours, sans que rien ne parût différent de la veille, Marie se levait le matin avec la conviction que Bisontin allait arriver. Elle souriait. Elle avait envie de se démener, de travailler, de rendre les autres heureux.
Avec certitude, elle sait dans son cœur.
Le pain, tout le monde peut apprendre à le pétrir... pas l'amour... Et toi, tu sais.
Si les femmes étaient compagnons, toi, tu serais compagnon du fournil et de l'âtre. On t'appellerait Marie Bon Pain. Parce que le bon Dieu t'a sûrement envoyée sur la terre pour que les autres aient toujours du pain qui ne soit pas amer.