Dans la défaite, l'homme est toujours seul. (p.172)
Là,il s'est tu.Quand il disait :"Je ne suis pas du genre rêveur",il entendait sans doute par là qu'il se refusait à désirer l'impossible.Mais en revanche,dans le domaine de ce qu'il estimait être à sa portée,il avait son rêve à lui.Et il le poursuivait en regardant cette piste ,en respirant l'odeur de ce stand où il n'aurait plus le droit de rester dès qu'arriveraient les premiers mécaniciens attachés aux voitures.
Durant quelques instants,il a parlé avec des hésitations ,une réticence visible.J'ai eu alors le sentiment qu'il me tenait pour un vieux jeton complètement ignorant des problèmes de la course automobile,et qu'il répugnait un peu à se livrer à moi.Pourtant ,à mesure qu'il parlait ,il semblait oublier ma présence .Il se laissait prendre par ce qu'il disait .Il me parlait des marques,des voitures,des constructeurs.Il connaissait les caractéristiques de chaque prototype,mais il semblait s'intéresser surtout aux petites cylindrées.
Quand je lui ai parlé du match qui allait certainement se jouer entre Ford,Ferrari et sans doute Chaparral,il a eu une moue et un haussement d'épaules.