Citations sur Séraphine : La vie rêvée de Séraphine de Senlis (45)
Elle est hors du temps, étrangère aux autres, perdue dans ses fantasmes de gloire mondiale et d'opulence.
Quand rien de tout cela ne se produisit, il apparut qu'il n'y avait en elle nul ressort de résistance, elle avait dépensé, généreusement prodigué, toute la substance de son âme dans une oeuvre qui maintenant se dressait, détachée d'elle, dans sa splendeur.
Il ne restait plus que l'esprit dépouillé et le corps usé d'une pauvre vieille femme qui avait été un génie, une sainte et une héroïne.
Il faut toujours se méfier des opinions qu'on a, parce que ce sont des opinions qu'on reçoit, qu'on a apprises et qui nous sont diffusées aussi bien par les livres, l'école, l'université, la télé, les médias...et elles brouillent toute approche du pathologique ou de l'esthétique...Ce n'est pas parce qu'on est fou qu'on est génial. Par contre, il y a des potentialités, qui ne se seraient jamais manifestées s'il n'y avait pas eu de catastrophes schizophréniques.
Jean Oury, Création et schizophrénie.
Séraphine grandit comme grandissent les petites filles de la campagne, le regard vers le ciel, vers les arbres, vers la lumière, mais la mémoire est déjà bien lourde.
Séraphine peint sans relâche dans son appartement-atelier. Le jour, elle fait ses "travaux noirs", en gagnant sa vie comme bonne à tout faire, mais le soir ce sont ses travaux de couleur.
Il y a du tigré, du moucheté, du velu, du chevelu, du rayé, de l'écailleux, du cachemire, des pois, du bariolé, dans les tableaux de Séraphine. On dirait que ça ondule dans les nervures, que ça vibre dans la ramure, que ça grouille dans les fleurs, dans les arbres, les feuilles, les fruits. Des insectes, des oiseaux, des plumes, faisans, paons, pintades apparaissent, se bousculent. Séraphine fait vibrer les teintes, superpose les couches, les empâtements.
Elle se permet tout.
Les couleurs triomphantes, les formes surtravaillées, avec de plus en plus de finesse, se posent, se superposent. Il y a du tigré, du moucheté, du velu, de chevelu, du rayé, de l’écailleux, du cachemire, des pois, du bariolé, dans les tableaux de Séraphine. On dirait que ça ondule dans les nervures, que ça vibre dans la ramure, ça grouille dans les fleurs, dans les arbres, les feuilles, les fruits. Des insectes, des oiseaux, des plumes, faisans, paons, pintades apparaissent, se bousculent. Séraphine fait vibrer les teintes, superpose les couches, les empâtements
Des dizaines de milliers de malades isolés dans les hôpitaux psychiatriques meurent de faim, de tuberculose et autres fléaux. Ils sont abandonnés de leur famille, n’ont plus de contact avec le monde extérieur, voient tous leurs appels échouer.
Dans ces établissements, pendant la guerre, 4500 malades sont morts d’inanition, victimes de l’indifférence générale. Indifférence envers ces « gens de rien ».
"Dans le monde où je suis, il n'y a ni dessus, ni dessous : il y a la vérité qui est terriblement cruelle. C'est tout."
Antonin Artaud, lettre asile de Ville-Evrard.
Séraphine est venue à la peinture en sortant du couvent. Comme on entre en religion, l'acte de peindre est-il pour Séraphine un moyen de suivre le chemin de l'illumination, de trouver l'extase mystique ?
Qels sont les véritables sujets des toiles de Séraphine? Les fleurs, les feuilles, les arbres. Des fleurs qui s'apparentent à des plumes, des plumes qui font penser à des lyres, des roses, des dahlias, des boutons-d'or, des buissons ardents, des pommes, des cerises, des lilas. D'aspect duveteux, sensuel et chaud. Des matières souples, riches et limpides. De quoi est faite la sève qui irrigue la végétation de ces compositions imprévues?