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Une critique dithyrambique de plus pour ce petit conte hédoniste qui prouve entre autres que les Tziganes, roumains ou pas, ce ne sont pas que des histoires de bidonvilles et d'expulsions français. À savourer avec, si vous parvenez à vous en procurer, un verre de Cotnari.
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Merci le Serpent à Plumes de nous donner encore un peu de vin, avec cette histoire aux personnages chabroliens, ces notables étriqués, ignorants et serviles face aux pouvoirs de la Vie et de l'Esprit. Fable champêtre, épicurienne, ode à Baudelaire, et facétieuse mise en abyme du maitre face à l'élève.
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En arrivant dans un petit village du Cotnar, en Moldavie, le narrateur, un jeune homme fraîchement nommé au poste de juge auxiliaire, va découvrir un environnement rural, plongé au coeur des vignes. Celles-ci appartiennent à Maître Manole Arcasch, un riche propriétaire terrien aux moeurs, semble-t-il, dissolues... Toutes sortes de rumeurs et de superstitions circulent autour de cet homme discret et distant qui ne se mêle aux villageois qu'en de rares occasions. Son mépris pour les gens du commun, sa fortune et son incroyable vitalité lui valent d'être au centre de toutes les discussions et attirent la jalousie et la méfiance des habitants. Son apparente jeunesse, malgré ses 90 ans passés, étonne et fait l'objet des théories les plus farfelues. le jeune magistrat, intrigué par le mystère qui entoure le puissant aristocrate, va tout faire pour percer le secret de longévité du vieillard… Une amitié va naître entre les deux hommes, portés par leur même goût pour la littérature et par leur ouverture d'esprit, une amitié qui sera propice aux confidences et aux révélations, aussi surprenantes soient-elles…

Gros coup de coeur pour ce magnifique texte paru en 1931, sous la plume de Cocea, un écrivain roumain de talent. Difficile de ne pas penser à Bram Stoker et son « Dracula » (publié en 1897) à la lecture de ce roman, où il est question d'un homme qui semble avoir trouvé le secret de la vie éternelle dans le sang et dans les larmes… Tout comme le narrateur, le lecteur est fasciné par le mystère qui entoure le boyard (c'est-à-dire l'aristocrate) et se retrouve soumis à une tension croissante à mesure qu'approche l'inévitable révélation… le duo narrateur/Manole fonctionne parfaitement, grâce à sa complicité, sa joie de vivre et son goût pour les arts. Deux personnages passionnés et exaltés, qui contrastent avec le monde rural dans lequel ils évoluent. L'auteur dresse également un portrait très riche du monde agricole, dans lequel traditions, superstitions, médisances, secrets et passions se mêlent pour nous tenir en haleine jusqu'à la fin ! Un texte bouleversant et passionnant à ne surtout pas manquer ! Merci aux éditions Cambourakis d'avoir eu la bonne idée de rééditer ce petit bijou de la littérature roumaine !
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Frais émoulu des bancs de l'école, un jeune juge auxiliaire est nommé dans une bourgade de la campagne moldave, dans le district de Cotnar, dominée par la vigne de Maître Manole Arcasch. Cet homme de quatre-vingt dix ans, immensément riche, érudit, d'une longévité d'autant plus suspecte qu'il se tient à l'écart de la communauté de notables de cette petite ville, est la cible de toutes les rumeurs et calomnies perfides de la part de ces vautours lorgnant sur son héritage.

Le jeune magistrat, féru de lecture et curieux de nature, finit par se lasser des «grouillements de cette vermine affamée autour d'un cadavre présumé», et passe ses après-midis à parcourir les sentiers, le long des vignes et des champs idylliques, loin de la médiocrité de ce petit groupe, en rêvant de pouvoir accéder à la bibliothèque de Maître Manole.

C'est le long de ses sentiers qu'il rencontre le vieil homme, un épisode magnifique autour de la lecture d'un poème de Baudelaire. Cherchant à découvrir le secret de sa longévité, il apprend à connaître et à aimer cet homme, amoureux de la nature et de la littérature, un athée féroce, et surtout un homme dont la curiosité et la recherche d'un idéal égalitaire sont restées intactes malgré les années.

Oeuvre militante publiée en 1931 par N.D. Cocea (1880-1949), «Le vin de longue vie» est, au-delà de la dénonciation des travers de la Roumanie et de la religion, une fable épicurienne intemporelle dédiée à la nature, au vin et à l'amour.

«Élevant un verre au niveau de la bougie, il me demanda :
-Que t'en semble ?
Ce qu'il me semblait ? Dans le verre, ce n'était pas du vin mais de l'ambre. Des ondes cramoisies, phosphorescentes, dansaient en irisations infinies dans la masse compacte de ce vin qui avait presque la consistance de l'huile. Ce n'était pas du Cotnar rouge. C'était du Cotnar blanc. Et pourtant, dans la coupe de cristal, sous l'éclat des bougies, ce Cotnar blanc avait des reflets de pourpre et de sang.»
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L'essentiel est déjà très bien dit. J'ajoute une réflexion sur le pouvoir et les préjugés, en particulier vis à vis des Tziganes. Je laisse une citation avec les autres, c'est largement suffisant.
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Il y a beaucoup de poésie dans le vin de longue vie, pas les sonnets apprêtés, non, la poésie de la nature, de l'ivresse qu'elle apporte, de sa beauté et du bonheur... C'est un roman assez dur à faire entrer dans une catégorie et qui se lit avec beaucoup de plaisir.
Le personnage principal, et narrateur, est un jeune homme nouvellement nommé dans une petite ville, juge auxiliaire à l'orée de sa carrière et à qui tous les notables de la ville ne savent semble-t-il parler que de la plus grosse fortune du coin: le mystérieux boyard, Manole Arcasch, vieil homme isolé sur qui court les pires rumeurs.
Evidemment, notre juge rencontrera le boyard, il n'y aurait pas d'histoire sans cela, et c'est leur amitié, et la curiosité du jeune homme pour la santé de fer de son ami à un âge plus qu'avancé, qui forment le corps du récit.

Histoire d'une amitié, du refus des conventions, du refus de la sottise, mais aussi histoire de la bêtise humaine cherchant à détruire ce qu'elle ne comprend pas par la médisance, le Vin de longue vie est un très beau texte, plaisant, bien écrit, alternant humour et nostalgie et que je recommanderai !
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Un jeune homme instruit et sensible arrive dans un petit village pour son travail. de nombreux sujets de conversation des fonctionnaires tournent autour d'un vieil homme et de ses moeurs légères. Mais lorsqu'il le rencontre, le narrateur est ébloui par l'intelligence de Maître Manole : sa sagesse, sa bonne humeur inaltérable, sa sensibilité. Il est intrigué par sa vigueur – alors que son ami a plus de 90 ans ! – et cherche à connaître le secret de sa longue vie. Maître Manole lui raconte alors son terrible secret (il concerne une jeune femme et la fabrication du vin).

150 pages et l'étoffe d'un classique. Une réflexion sur la vie, l'art d'être heureux. de jolies références aux poèmes de Baudelaire.
Mais un esprit trop masculin pour moi. Pas seulement à cause d'une amitié entre deux hommes, mais à cause de leur vision des femmes : des femmes qui sont « prises », dont on ne s'intéresse que pour leur corps, qui s'expriment à peine.
Je pense que ça ne gênera que les plus féministes, donc je vous conseille ce roman : si vous avez aimé les Braises de Sandor Marai, car même si l'atmosphère y est très différente, j'y ai retrouvé un petit quelque chose de similaire.
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Aujourd'hui s'ouvre le Salon du Livre de Paris. LA grande messe annuelle de l'édition française, le moment où le champagne coule à flots et où tout le monde oublie la crise du livre pour s'auto-congratuler porte de Versailles et dépenser des centaines de milliers d'euros dans des stands dont le seul intérêt est qu'ils sont faciles à dépouiller (oui, la majorité des vols enregistrés sur les stands du salon du livre le sont lors de la soirée d'inauguration, réservée aux professionnels. C'est parlant, non?). En gros, pour les professionnels dont la présence semble de moins en moins souhaitée (plus de journée spécifique pour les pros, un Salon très raccourci…) c'est de moins en moins « the place to be ». Pourtant, le Salon, c'est aussi pour les non-professionnels l'occasion de découvrir de nouveaux éditeurs (plutôt sur les stands des régions qui invitent les petits éditeurs locaux), de rencontrer des auteurs qu'ils aiment et d'acheter des livres, les éditeurs mettant en place sur leurs stands des fonds rarement présents en librairie. C'est aussi, normalement, l'occasion de découvrir le ou les pays à l'honneur, même si je trouve que très peu de choses concrètes sont faites pour eux à part un drapeau et une librairie Gibert. Cette année, ce sont les lettres roumaines qui sont mises en avant, ainsi que la ville de Barcelone (ne cherchez pas, il n'y a pas de lien) et ça me permet de faire une splendide transition vers le roman de Nicolae Dumitru Cocea puisqu'il se trouve que c'est un auteur roumain.

Il se trouve mais ce n'était pas totalement volontaire. Je ne cherchais pas absolument un auteur roumain, je ne suis jamais le thème du Salon mais il s'est trouvé qu'un libraire me l'a offert en me disant que c'était absolument génial, alors forcément j'étais intriguée (vous ne l'auriez pas été, vous?). Force m'est d'avouer qu'il avait raison, c'est vraiment un petit bouquin charmant et délicieux. C'est à la fois une philosophie de la vie très intéressante, une jolie histoire, une écriture franchement agréable et plutôt moderne malgré la date d'édition (1931, oui, c'est pas un perdreau de l'année). Même si au début j'ai eu un peu de mal à comprendre où est-ce que l'auteur voulait en venir, dès que je suis rentrée dans le vif du sujet j'ai commencé à déguster avec appétit ce petit roman qui se lit sans y penser et qui pourtant donne fort à penser.

Voilà, une lecture de plus que je vous conseille et, en plus, si vous le lisez maintenant, vous serez en plein dans l'actualité!

Et pour ceux qui se demandent pourquoi tant d'aigreur envers le Salon, je dirais simplement « 4 jours enfermée là-dedans alors que dehors il fait beau!! ».
Lien : http://www.readingintherain...
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Parfois la littérature renvoie à un vin. Ou bien encore un vin est lié à une oeuvre littéraire. Avec René Fallet, aucun doute sur l'origine du breuvage : le beaujolais nouveau est arrivé ! le vin préféré de Monseigneur Bienvenu Myriel, saint évêque de Digne, dans Les Misérables de Victor Hugo, est le vieux vin de Mauves (AOC Saint-Joseph, en Ardèche). Mais quel est ce fameux vin de longue vie qui donne son titre au livre de l'auteur roumain N. D. Cocea ?

"Comme tous les magistrats du pays, je laissais aux soins du greffier et de la ronéotypie la rédaction des sentences et je m'enivrais comme d'une mauvaise drogue de soleil, de ciel, d'air, des effluves subtils de la terre, plus forts en réalité et plus subtils que ceux du vin." (p.30)

D'effluves de la nature ? Des lectures aussi, pour ce jeune juge de paix rousseauiste qui rêve d'accéder à la belle bibliothèque de Maître Manole. le très vieux boyard viticulteur à la réputation sulfureuse finira bien par lui livrer le secret de son éternelle jeunesse !

Cette novella, parue en 1931, n'a pas connu le succès qu'elle mérite. Son auteur, N. D. Cocea, est à peu près inconnu. Son propos est largement autobiographique : il a été juge de paix, mais ne l'est pas resté longtemps. Il a gardé le souvenir d'une petite société de notables provinciaux, suffisante et cancanière, dont il donne un échantillon savoureux, à la manière De Balzac. La réputation du vieux boyard inscrit aussi le récit dans une veine fantastique qui se plait dans les Carpates, entre le comte Dracula et la comtesse hongroise Elisabeth Barthory. On pense quelquefois à Mérimée.
L'histoire se démultiplie, en renvoyant aussi à la jeunesse du boyard, Maitre Manole Arcash, à l'époque des bonjourtistes, aux idéaux révolutionnaires du milieu du XIXème siècle et aux idées de 1848. Époque du servage et de la misérable condition des tsiganes, décrite avec des accents tolstoïens.

Roman d'apprentissage, où un amour contenu et violent ne résiste pas aux habitudes ancestrales d'un droit de cuissage pratiqués par l'aristocratie locale. Docteur Jekyll et Mister Hyde, le vieux boyard raconte son histoire édifiante au jeune homme qui lui fait découvrir Baudelaire et le modernisme du poème Une Charogne : "Et pourtant vous serez semblable à cette ordure…"

Les amateurs de livres seront comblés par les elzévirs du la bibliothèque du boyard, amusés aussi par les efforts de la femme du sous-préfet essayant de tirer le meilleur parti de Dumas et de Ohnet.

Ce roman d'apprentissage n'est pas seulement le récit tragique du sort de Rada, la belle tzigane, histoire évangélique de vin et de sang. C'est une leçon de sagesse, à chercher moins dans la littérature que dans la vie. Supériorité du sentir sur le lire, sauf à ouvrir le grand livre du monde et ses nourritures terrestres, aux accents gidiens : "Nathanaël, jette mon livre..."
Dans une intéressante postface, Jean de Palacio souligne "la langue superbe", de "l'une des oeuvres les plus attachantes de cette littérature mal connue".

Reste à identifier le vin en question ... la suite sur mon blog Diacritiques"

Lien : https://diacritiques.blogspo..
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Une jolie fable poético-philosophique !
Ne vous laissez pas rebuter par les premières pages qui installent le héros dans son village de manière un peu longue. Au contraire, profitez en pour mesurer l'absence de sens et de but à cette existence... vous ne prendrez que plus de plaisir à la suite du livre quand la rencontre opère. Laissez vous guider par la poésie et les questionnements et gouttez avec délice le nectar de la fin. Une bien belle fable morale enivrante et réjouissante.
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