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Critique de Cancie


Le 30 juin 2017, alors qu'Annick Cojean se rend en scooter au journal le Monde où elle travaille, un coup de fil de son collègue Benoît lui apprend le décès de Simone Veil. Bien que la nécro soit prête, le journal compte sur Annick pour un papier de huit pages, plus perso où elle raconterait ses différentes rencontres avec cette femme hors du commun.
Si pour beaucoup de personnes Simone Veil, née Jacob dans une famille juive profondément laïque, restera avant tout cette femme magistrate, ministre de la Santé nommée par Jacques Chirac qui, le 26 novembre 1974, prononce à l'Assemblée nationale un discours historique présentant son projet de loi pour la légalisation de l'avortement, elle est l'une des plus grandes femmes politiques françaises.
L'originalité de cette BD biographique est de raconter la vie de Simone Veil en nous présentant tous les combats de cette femme brillante, tellement engagée et combattive, prête à lutter contre toutes les injustices et notamment celles envers les femme tout en nous faisant entrer dans l'intimité et la vie personnelle de celle-ci. le fait qu'Annick Cojean ait côtoyé et rencontré Simone Veil à plusieurs reprises rend le récit très personnel et très vivant.
Annick Cojean et Xavier Bétaucourt nous apprennent donc comment Simone qui voulait être avocate, profession à laquelle son mari a mis son veto, mais compromis trouvé, est devenue magistrate. Affectée à la direction de l'administration pénitentiaire, elle s'occupe des prisonniers, va en Algérie inspecter les prisons, reçoit un appel à l'aide de Gisèle Halimi, puis sillonne tout la France pour visiter les établissements pénitentiaires. Cette activité empiète évidemment sur sa vie de famille "Mon mari et mes enfants n'en pouvaient plus ils ne voulaient plus entendre parler des prisons". Après ces sept années, elle est affectée comme nouveau garde des sceaux à la direction des Affaires Civiles. S'enchaîne ainsi sa carrière politique, toujours à s'occuper des exclus, des oubliés, des humiliés. Est évoquée bien sûr la vie dans les camps où Simone, sa maman et sa soeur Milou ont été déportées et où elle rencontrera Marceline, qu'elle retrouvera en 1956.
À 81 ans, elle est élue au premier tour à L Académie Française. Sur son épée, elle a fait graver son n° de déportée et la devise de l'Europe : "Unie dans la diversité".
C'est le récit de la vie d'une femme intelligente, forte, prête à lutter contre toutes les injustices, que l'on pourrait peut-être trouver froide si l'autrice n'en dévoilait pas certains traits plus personnels. On apprend que Simone Veil avait une étroite relation avec sa mère de même qu'avec ses trois fils. Elle confie, qu'après la guerre, elle n'a pleuré que deux fois, la première en 1952, lorsqu'elle perdra sa soeur Milou dans un accident et en 2002, pour la perte de son fils Claude-Nicolas (54 ans) victime d'une crise cardiaque.
Annick Cojean et Simone Veil partagent d'ailleurs cet amour pour leur mère respective et leurs vies vont parfois s'entremêler au cours du livre.
L'album se termine le 1er juillet 2018 avec l'inhumation de Simone Veil au Panthéon, un an après son décès, avec son mari Antoine.
Ce portrait admiratif, très délicat, alternant moments intimes et politiques que dressent Annick Cojean et Xavier Bétaucourt est superbement mis en valeur par le dessin sobre mais très évocateur et très réaliste, en teintes douces d'Étienne Oburie, même si j'apprécie peu la couverture.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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