La dépendance économique vous menotte, vous bouche l'horizon, vous expose à toutes les humiliations y compris d'ailleurs aux violences conjugales.
Aujourd'hui presque tout ce qui faisait le camp a disparu. Impossible d'imaginer la pestilence, les aboiements des chiens, les hurlements des ordres, et la noirceur du ciel voilé.
C’est de ses yeux d’un vert transparent et liquide qu’on se souvient d’abord. De ses yeux si clairs, si vifs, qu’elle plantait dans les vôtres et qui semblaient exclure qu’on puisse se dérober, esquiver, mentir ou faire semblant.
SV - L'indépendance économique est une règle d'or, Gisèle Halimi et son mouvement "Choisir" ont eu raison d'en faire leur credo.
AC - C'est ce que ma mère n'a cessé de m'enseigner : "un métier, Annick, un métier ! Ne jamais dépendre de quiconque !"
SV - Quel meilleur conseil pour une fille ?
En juillet 1944, notre transfert à Bobrek, à 4 ou 5 km de Birkenau, nous a certainement permis de rester vivantes plus longtemps. Nous travaillions pour Siemens. On ne mangeait pas plus, mais la tâche était moins pénible et la surveillance moins stricte. Le calme régnait car nous étions terrifiés à l'idée qu'une incartade nous renvoie à Birkenau.
Quand mai 68 est arrivé, je n'étais pas surprise et je m'en suis même réjouie. Il fallait secouer cette société.
Et ce ministère me convient : la santé, la ville, les affaires sociales, ça m' a toujours passionnée. Aussi loin que je remonte, je me suis toujours occupée des exclus, des oubliés, des humiliés.
Nous étions une famille juive profondément laïque. Il n'était pas question de rituels ou de visites à la synagogue. Mes parents s'étaient d'ailleurs mariés civilement. Et nous adorions que maman prépare un grand sapin de Noël !
Nous avons dû attendre un mois avant de pouvoir rentrer en France. Les soldats français libérés étaient rapatriés par avion, mais nous, les survivantes juives, nous devions nous contenter de camions.
Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement.