À l'occasion de la 33ème édition du festival "Étonnants voyageurs" à Saint-Malo, Annick Cojean vous présente son ouvrage "Nous ne serions pas arrivées là si..." aux éditions Grasset.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2610381/annick-cojean-nous-ne-serions-pas-arrivees-la-si
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/
Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux :
Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/
Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts
Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat
Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/
Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat
Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/
Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
Aujourd'hui presque tout ce qui faisait le camp a disparu. Impossible d'imaginer la pestilence, les aboiements des chiens, les hurlements des ordres, et la noirceur du ciel voilé.
La dépendance économique vous menotte, vous bouche l'horizon, vous expose à toutes les humiliations y compris d'ailleurs aux violences conjugales.
C’est de ses yeux d’un vert transparent et liquide qu’on se souvient d’abord. De ses yeux si clairs, si vifs, qu’elle plantait dans les vôtres et qui semblaient exclure qu’on puisse se dérober, esquiver, mentir ou faire semblant.
En juillet 1944, notre transfert à Bobrek, à 4 ou 5 km de Birkenau, nous a certainement permis de rester vivantes plus longtemps. Nous travaillions pour Siemens. On ne mangeait pas plus, mais la tâche était moins pénible et la surveillance moins stricte. Le calme régnait car nous étions terrifiés à l'idée qu'une incartade nous renvoie à Birkenau.
SV - L'indépendance économique est une règle d'or, Gisèle Halimi et son mouvement "Choisir" ont eu raison d'en faire leur credo.
AC - C'est ce que ma mère n'a cessé de m'enseigner : "un métier, Annick, un métier ! Ne jamais dépendre de quiconque !"
SV - Quel meilleur conseil pour une fille ?
Quand mai 68 est arrivé, je n'étais pas surprise et je m'en suis même réjouie. Il fallait secouer cette société.
Et ce ministère me convient : la santé, la ville, les affaires sociales, ça m' a toujours passionnée. Aussi loin que je remonte, je me suis toujours occupée des exclus, des oubliés, des humiliés.
Nous étions une famille juive profondément laïque. Il n'était pas question de rituels ou de visites à la synagogue. Mes parents s'étaient d'ailleurs mariés civilement. Et nous adorions que maman prépare un grand sapin de Noël !
Nous avons dû attendre un mois avant de pouvoir rentrer en France. Les soldats français libérés étaient rapatriés par avion, mais nous, les survivantes juives, nous devions nous contenter de camions.
- L’injustice m’est physiquement intolérable. Je l’ai lancé un jour à la tête d’un magistrat qui a été choqué par ma véhémence.
Mais c’était un cri du cœur, presque un cri de douleur.
La rage que je ressentais remontait à très loin. Injustice de naître fille, injustice de naître pauvre, injustice d’un destin assigné par ma condition.