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Critique de Celinemlire


Un bel hommage à Gisèle HALIMI, à sa vie, à son parcours professionnel (avec un rapide détour en politique - étape que je ne connaissais pas), à son dévouement plein et entier à défendre la cause des femmes avec, entre autres, la création d'un collectif au début des 70's.

Quelle force de caractère et quelle détermination il aura fallu à cette toute jeune fille qui se sentait mal-aimée, "inessentielle" en raison de son genre, qui a toujours recherché l'affection et l'amour de sa mère, pour devenir la femme forte et puissante qu'elle a été !
Gisèle a commencé à se rebeller très tôt (j'ai adoré l'épisode de la grève de la faim); et a vite compris que seule l'éducation lui permettrait de se libérer du carcan réservé aux femmes de cette époque, dont la vie était dictée selon des préceptes religieux - appliqués à la lettre par sa mère.
Difficile de se construire dans un tel environnement lorsque l'on a soif de liberté.
Heureusement, Gisèle trouve un peu de soutien auprès de son père aux différentes étapes de sa vie.
Qu'à cela ne tienne, Gisèle va se donner les moyens de parvenir à ses fins : elle arrive en 1ère place d'un concours pour l'obtention d'une bourse, décroche son bac avant d'embarquer seule à destination de la France pour 4 années d'un travail acharné au terme desquelles elle retournera en Tunisie diplômée en philosophie et en droit afin de prêter serment. Elle décrochera un concours d'éloquence puis intègrera un grand cabinet d'avocats.
Au milieu de tout cela, elle aura avorté 3 fois puis eu 2 enfants.
S'ensuivra un long cheminement en tant qu'avocate défenseuse des "faibles, des humiliés et des offensés" jusqu'à la notoriété qu'on lui connait, suite à sa victoire aux procès de 1972 et de 1978 qui contribueront à l'abrogation de la loi de 1920 sur le viol, puis à la création d'une définition juridique du viol.
Voilà pour le fond.

Sur la forme : la jolie palette de couleurs contrebalance avec le poids des thématiques abordées tout au long du récit et les dessins sont très chouettes (on reconnait aisément les grandes femmes qui gravitaient dans le cercle de Gisèle : Simone de Beauvoir, Françoise Sagan, Simone Veil..)

Toutefois, j'ai trouvé que certains moments de la vie de Gisèle étaient traités trop rapidement (sa rencontre Claude FAUX qui allait devenir son époux et son principal soutien). Certains aspects auraient mérité d'être un peu plus développés également (ses vies de mère et d'épouse par exemple. Et qu'en est-il de ses relations avec ses frères et soeur ??).
Par ailleurs, j'aurai préféré un déroulé chronologique de l'histoire. le découpage par "combats" m'a un peu gêné dans la compréhension.
Par exemple : le personnage de Simone de Beauvoir surgit dans le livre au moment où Gisèle défend Djamila Boupacha (activiste au sein du FLN torturée par les soldats de l'armée française), et c'est plus loin dans le roman que l'on découvre de quelle manière Gisèle et Simone ont fait connaissance. Un peu perturbant.

Le traitement choisi pour la dernière partie du roman est original : en mode interview, on a vraiment la sensation d'être en face de cette grande dame qui nous distille ce que j'appellerai "les commandements de Gisèle" :
* être indépendante économiquement,
* rebellez-vous ! devenez prioritaires !
* refusez l'injonction à tout prix de faire des enfants !
* n'ayez pas peur de vous dire féministe !

Cette femme est un symbole à elle toute seule.
Le tout est saupoudré d'une belle leçon de sororité.

A faire lire à toutes les jeunes femmes pour réaliser le chemin parcouru en un siècle, et ne pas oublier que les droits acquis de longue lutte (je pense notamment au combat de madame Veil..) restent fragiles.
J'ai beaucoup, beaucoup, aimé.
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