L'enfer s'est évaporé. [•••] Le camp lui-même est comme aseptisé, il n'y a plus de crématoires, personne ne crie plus, personne ne tombe plus à genoux devant le mur des exécutions. Restent, sur les murs, des traces de griffures.
Il y a quelque chose, dans le regard de ceux qui sont revenus. Quelque chose que les autres ne peuvent comprendre.
Les rats ne craignent rien parce qu'ils ne pensent ni au passé ni à l'avenir. Les hommes n'ont pas cette chance.
Être juif est dangereux ; le dire est suicidaire.
J'ai commencé ma vie dans l'horreur, a-t-elle déclaré à la presse, je la termine dans le désespoir.
- Je n’ai jamais vu autant de gens pleurer.
- Ils sont en vie.
- Quoi?
- Les gens qui pleurent. Au moins, ils sont en vie.
Il existe une vie, après les camps. Il existe une vie, lestée de ces atrocités, de ces horreurs, obscurcie par d'impénétrables fumées noires, une vie qui porte, telle une étoile brûlante attachée à un revers, la trace indicible de ce qui a été, et qui pourtant se projette, trouve cette force, la force d'épouser l'avenir.
Ne montre pas tes émotions. Forte : on te dit que tu es forte, plus forte que les autres. Alors prouve-le. L'espoir est tout, mais il est aussi frêle que la flamme d'une bougie. L'amour n'est rien, mais c'est tout ce que tu possèdes.
Elle pense que le courage, c'est de ne pas réfléchir trop longtemps.
Aimer les gens, c'est accepter de souffrir, c'est accepter l'inacceptable : tout ce qui n'est pas soi.