S.D
"En enfer, c'est là où ils vont brûler, les Juifs."
Il y a quelque chose, dans le regard de ceux qui sont revenus. Quelque chose que les autres ne peuvent comprendre.
Il existe une vie, après les camps. Il existe une vie, lestée de ces atrocités, de ces horreurs, obscurcie par d'impénétrables fumées noires, une vie qui porte, telle une étoile brûlante attachée à un revers, la trace indicible de ce qui a été, et qui pourtant se projette, trouve cette force, la force d'épouser l'avenir.
S'il est une chose que vous enseignent les camps, à part le fait que vous êtes forcément coupable de quelque chose, c'est que, quoi que vous ayez vu, vous n'avez encore rien vu.
Les rats ne craignent rien parce qu'ils ne pensent ni au passé ni à l'avenir. Les hommes n'ont pas cette chance.
- Je n'ai jamais vu autant de gens pleurer.
- Ils sont en vie.
- Quoi ?
- Les gens qui pleurent. Au moins, ils sont en vie.
La vie n'est pas le contraire de la mort. Le contraire de la mort est la naissance. Ce qui se passe entre les deux, voilà ce qu'est la vie. Et ce qui se passe peut être pire. Que la mort.
Ne montre pas tes émotions. Forte : on te dit que tu es forte, plus forte que les autres. Alors prouve-le. L'espoir est tout, mais il est aussi frêle que la flamme d'une bougie. L'amour n'est rien, mais c'est tout ce que tu possèdes.
Être juif est dangereux ; le dire est suicidaire.
Concentre-toi sur le présent, d'accord ? Fais ça pour moi. Le présent est suffisamment pénible pour qu'on ne se pose pas de questions sur l'avenir.