La classe, c’est une meute, comme les loups. Quand un enfant est à l’écart du groupe, il ne peut plus y revenir.
- C'est une psychopathe.
- Tu ne peux pas dire ça. D'ailleurs, on ne parle pas de psychopathie avant l'âge adulte.
- Alors quoi ? On le devient subitement à la majorité ?
« Je n’aime pas le changement, je ne l’ai jamais aimé. Alors, je cache ce que je suis vraiment. Je m’arrange pour glisser quelques erreurs de temps en temps dans mon travail, j’essaie de poser des questions dont je connais la réponse, parce que j’ai vite compris qu’il ne fallait pas être à l’écart d’un groupe. La classe, c’est une meute, comme les loups. »
En choisissant l’homme, j’ai aussi hérité de ses bagages.
J'ai toujours été obligée de faire ça : trier les mots quand j'étais petite, je ne le savais pas. Mes parents racontaient souvent que je disais des bêtises alors qu'en fait, j'étais honnête. J'ai compris que l'honnêteté, ce n'était bon que dans les livres. Dans la vie, il vaut mieux cacher ce qu'on ressent (non) ce que l'on ressent ou ce que l'on ne ressent pas. On ne peut rien me reprocher : je suis polie, gentille, serviable et je travaille bien. Personne ne me connaît, pourtant. Ni mes parents ni mes amnies, Le seul qui me cerne un peu, c'est Andy, mais lui je m'en moque. Il peut penser ou dire ce qu'il veut, personne ne le croira.
T’as rien compris, hein ? Aujourd’hui, je compte jusqu’à quinze.
Elle s’approche du lit à barreau, pose une main sur sa bouche, lui pince le nez de l’autre et commence à compter lentement.
Mais qui a un compte Facebook au 21e siècle ? C'est vraiment un truc pour mères de famille qui se photographient en compagnie de leurs animaux domestiques ou de faux jeunes qui postent des photos de leurs plats miteux.
Elle a essayé de se renseigner sur la sociopathie et la psychopathie de l'enfant, mais n'a pas trouvé grand-chose. C' est comme si ces sujets ne les concernaient pas. Elle a vu des forums pourtant, dans lesquels des parents exprimaient leur désarroi d'avoir un fils ou une fille au comportement effrayant. Elle avait songé à les contacter, mais avait renoncé. Qu'aurait-elle pu leur dire ?
Ces femmes ne peuvent que subir le manque si d’aventure, le couple se sépare. Pas de droit de garde ou de visites pour elles, non. Absolument rien.
Comme souvent, ses pensées la ramènent à la douleur des belles-mères. Ces femmes qui accueillent des enfants qui ne sont pas les leurs, qui les élèvent en partie, qui les aiment, souvent, mais qui n'ont ni le droit de le montrer ni celui de se mêler de leur éducation. Ces femmes ne peuvent que subir le manque si d'aventure, le couple se sépare. Pas de droit de garde ou de visites pour elles, non. Absolument rien. On leur refuse le droit de trop les aimer, tout comme on lui refuse celui d'exprimer sa douleur [...]