Quand j'étais plus petite, je terrorisais ma mère par mes propos sur le district Douze, sur les gens qui dirigent nos vies depuis le Capitole, la lointaine capitale de ce pays, Panem. J'ai fini par comprendre que cela ne nous attirerait que des ennuis. J'ai appris à tenir ma langue, à montrer en permanence un masque d'indifférence afin que personne ne puisse jamais deviner mes pensées. A travailler en silence à l'école. A me limiter aux banalités d'usage sur le marché, à ne discuter affaires qu'à la Plaque, le marché noir d'où je tire l'essentiel de mes revenus. Même à la maison, où je suis moins aimable, j'évite d'aborder les sujets sensibles. Comme la Moisson, la disette ou les Hunger Games. Prim risquerait de répéter mes paroles, et nous serions dans de beaux draps.
- Je me souviens de plein de choses à propos de toi, continue Peeta en ramenant une mèche de cheveux derrière mon oreille. C'est toi qui ne faisais pas attention.
- Je t'écoute, maintenant.
- Oh, je n'ai pas beaucoup de concurrence par ici.
Je voudrais battre en retraite, refermer les volets de nouveau, mais je sais qu'il ne faut pas. J'ai l'impression d'entendre Haymitch me murmurer à l'oreille : " Dis-le ! Dis-le ! "
Je respire un bon coup et me jette à l'eau.
- Tu n'as aucune concurrence nulle part.
Et, cette fois-ci, c'est moi qui me penche vers lui.
- C’est sucré comme du sirop, déclare-t-il en acceptant la dernière bouchée. Du sirop !
Il écarquille les yeux d’un air horrifié. [...] Avant que ses paupières se ferment, je lis dans son regard que j’ai commis une faute impardonnable.
Je m’assois sur les talons et je le dévisage avec un mélange de tristesse et de satisfaction. J’essuie une petite tache de jus sur son menton.
- Alors, Peeta, je ne sais toujours pas mentir ? dis-je, bien qu’il ne puisse pas m’entendre.
Ça n’a pas d’importance. Le reste de Panem m’entend très bien.
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- Quelle approche a choisie Peeta ? Si je suis autorisée à poser la question.
- L’affabilité. Il a une autodérision naturelle, répond Haymitch. Alors que toi, il suffit que tu ouvres la bouche pour apparaître méfiante et renfrognée.
- Pas du tout ! je proteste.
- Je t’en prie. Je ne sais pas d’où tu as sorti cette fille joyeuse qui saluait la foule depuis son chariot, mais je ne l’avais jamais vue avant et je ne l’ai pas revue depuis.
- Il faut dire que vous m’avez donné tellement de raisons d’être joyeuse !
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Joyeux Hunger Games! Et puisse le sort vous être favorable!
Tu devrais porter des flammes plus souvent. Ça te va bien.
Joyeux Hunger Games et puisse le sort vous être favorable !!
Parce que, s'il meurt, je ne pourrai jamais retourner chez moi, pas complètement. Je passerai le restant de mes jours dans cette arène, à chercher la sortie.
Mais il s’est produit un changement quand je me suis avancée pour prendre la place de prim, et on dirait désormais que je suis devenue quelqu’un de précieux. Une personne, puis deux, puis quasiment toute la foule porte les trois doigts du milieu de la main gauche à ses lèvres avant de les tendre vers moi.
Puis j'entends tonner tout autour de moi la voix de Claudius Templesmith, le speaker légendaire :
- Mesdames et messieurs, que les soixante quatorzièmes Hunger Games commencent !