Monkton le fou

- Quoi ! dit-il. Vous partez déjà ?
- Oui, et pour une singulière rencontre... Je vais chez Monkton, sur son invitation très expresse.
- Vous n'y songez pas !... Sur l'honneur, vous êtes bien hardi de vous hasarder tout seul avec "Monkton le Fou", et cela par un temps de pleine lune !
- Il est malade, le pauvre garçon... Vous savez d'ailleurs que je ne partage pas vos idées au sujet de sa folie.
- Nous ne discuterons pas là-dessus, mais faites attention à mes paroles : ce n'est pas sans un but spécial qu'il vous a prié de venir dans un lieu jusqu'ici interdit à toute espèce de visiteurs... Je vous prédis que, cette nuit, vous verrez ou entendrez des choses dont vous vous souviendrez toute votre vie.

Mes yeux s'accommodaient au jour parcimonieux qui entrait par le trou de la toiture, et je fus bientôt convaincu qu'il s'agissait, à en juger par ses dimensions, du cadavre d'un homme, cadavre sur lequel on avait apparemment jeté un drap, et qui était resté là, livré à la corruption, suffisamment longtemps pour que le tissu se couvrît de cette moisissure bleutée.

Car enfin, j'étais en train de partir en campagne, flanqué de celui que l'on appelait Monkton le Fou, pour chercher un (...) sur la frontière des États romains !