AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Émile Daurand Forgues (Traducteur)
EAN : 9782859406257
832 pages
Phébus (28/05/1999)
4.12/5   131 notes
Résumé :
Nul doute que Wilkie Collins n’ait donné avec Sans nom (1862) l’un de ses plus intraitables chefs-d’oeuvre : celui en tout cas qui privera le mieux de sommeil le lecteur assez téméraire pour s’y plonger, pour s’y perdre. De tous ses romans, celui que préférait Dickens… et celui dont se sera peut-être le plus directement inspiré Charles Palliser pour ourdir la trame diabolique de son Quinconce. C’est aussi le plus noir : portrait et itinéraire d’une femme dépossédée ... >Voir plus
Que lire après Sans nomVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 131 notes
5
12 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
1 avis
1
0 avis
Mon avis :

Il est des livres qui ennuient, on compte les moutons, certains vous endorment et tombent de vos mains, d'autres, a contrario, emballent et impatientent. Celui-ci est essoufflant, comme un 3000m steeple en athlétisme, une fois passée la haie on tombe dans la rivière et il faut encore courir pour aller sauter une autre haie et ainsi de suite. Mais c'est plutôt du style essoufflant-passionnant. Un pavé, certes, mais qui incite à en redemander.

Nous sommes en Angleterre, fin XIXème, donc victorienne.

Une famille, le père, la mère et les deux filles, Magdalen et Norah ainsi qu'une gouvernante. Lorsque l'on entre dans la maison on respire l'affection ambiante, ces gens là s'aiment, c'est sûr. Chacun a ses utilités, ses tâches et ses passions et la vie ? Eh bien, elle se déroule paisiblement, dans la bonne humeur avec le minimum d'accroc, du moins c'est ce que le lecteur ressent, moi particulièrement. Attention on ne ronfle pas, non, on savoure l'écrit, le ressenti, le sac et le ressac, du bon. Alors profitons-en.

Un voyage, une formalité ; le couple n'est pas marié, donc régularisons.
Un accident de train, patatrac, le monde s'effondre, le père d'abord, puis la mère décèdent.
Conçues hors mariage, enfants naturels, elles ne peuvent prétendre à hériter. Les filles découvrent leur situation avec crainte mais s'il existe un oncle, elles espèrent bénéficier, de ce côté, d'un soutien. le fameux oncle, homme disgracieux, leur refuse tout droit. Elles n'auront rien et surtout pas la maison.
Norah la plus effacée se résigne, Magdalen, la plus forte décide de se battre.
L'oncle décède, son fils, tout autant malgracieux, lui succède sans que cela change quoi que ce soit pour les deux soeurs.

Dans ses tribulations, Magdalen, rencontre un couple d'escrocs. L'homme M. Wragge, truculent personnage, bonimenteur à souhaits, va aider la demoiselle à assouvir sa vengeance par le biais du théâtre et en épousant son cousin. L'épisode est délectable. Cet homme, escroc mais plein de bon sens, inculquera à Magdalen une rigueur et une bienveillance toute paternelle pour son éducation vengeresse. de la même façon qu'il est entré dans la vie de la jeune fille, il en sortira définitivement. Grâce à ce couple elle parviendra à atteindre le but qu'elle s'est fixé.

Le cousin-époux dupé un instant saura réagir avant de mourir en déshéritant son épouse. Et, tac ! Eh, oui, Charybde en Scylla ! La pôvre petite, elle aura tout subi. C'est compter sans la volonté de Magdalen qui repart, sans coup férir (j'aime assez cette expression, est-elle appropriée ici ? Les coups bas pleuvent…) à l'assaut du nouvel héritier de la fortune familiale en se faisant passer pour domestique.
Ce ne sera pas suffisant, elle échouera…
Sa soeur, Norah, en ignorant le combat mené par Magdelen, en se mariant, récupérera l'héritage des Vanstone. Ai-je dit qu'il s'agissait des Vanstone ? Non ! au temps pour moi, où avais-je les doigts. Si, fait, je rectifie : Les Vanstone.

Désillusionnée, affaiblie, découragée, Magdalen sombre dans la maladie et le chagrin. Mais comme il s'agit d'un roman, elle est sauvée par un homme, capitaine au long cours, qui lui apporte tendresse, affection et soutien financier. C'est-y pas beau ça ?

On pourrait dire que la fin est politiquement correcte ou conforme à l'époque. Oui, quand on ne connaît pas Collins, on peut dire cela. En revanche lorsqu'on le pratique comme moi, non, car il est, de par ses bouquins, proches des femmes et de leur condition à cette époque. Lire « Mari et femme » par exemple qui est pire au niveau de la condition féminine et ces lois masculines qu'il dénonce, prouve le contraire.

On comprendra que pour moi c'est un coup de coeur. L'intrigue, le déroulement du récit, la qualité du verbe, la sonorité de l'écriture, la qualité des caractères et la remarquable couleur des descriptions en font, non seulement, une oeuvre majeure chez Collins, mais aussi dans le genre en général et dans le roman de fin XIX, début XXème.en particulier.
Même la traduction est idéale, c'est dire.
Il y a du liant, il y a du détail, il y a de la saveur et puis ce roman m'a scotché au fauteuil avec un infini plaisir. de la belle ouvrage. A lire sans modération. Je conseille vivement.
De la même verve de Wilkie Collins : « La pierre de lune ».

Commenter  J’apprécie          111
Tout semble idéal lorsque nous faisons connaissance avec Madeleine et Norah Vanstone, jeunes filles issues d'une famille aisée et cultivée, et promises à un avenir sans nuage. Un secret dans le placard va venir faire surface et bouleverser ce paysage idyllique, et ce sera le début d'une descente aux enfers pour nos héroïnes.

Le talent de Wilkie Collins est tel que l'on se plonge avec passion dans ce roman fleuve (900 pages !) : on ne s'ennuie pas une minute, tant l'auteur maitrise l'art du suspens. L'histoire se déroule à une rythme insensé, il n'y a pas de page qui ne vous tienne en haleine : une apparente accalmie dans les péripéties sera suivie d'un rebondissement qui transforme les destinées des personnages (et ce de façon toujours crédible)

L'étude des personnages est minutieuse et parfaitement en accord avec l'intrigue : point de fatalité ni de prédestination : le destin des jeunes filles est moins le fait des événements extérieurs que la conséquence de leurs faits et gestes. On s'attache dès le début à Madeleine, sur qui repose l'histoire : sa vivacité, son anticonformisme sont d'emblée séduisants. Puis sa pugnacité et sa volonté sans limite nous font croire en elle, et espérer même lorsque tout espoir semble perdu.

Un mot sur le contexte : le roman témoigne de hiérarchisation figée des milieux sociaux de l'Angleterre victorienne, aussi rigide que le système des castes en Inde. le point de vue est un peu moins étroit que chez Jane Austen, qui ne décrit que son milieu, et l'on pressent que l'auteur est plutôt en désaccord avec cette conception de la valeur humaine fondée sur la naissance plus que sur le mérite



C'est un sujet en or pour un film. Je n'ai pas réussi à incarner Madeleine sous les traits d'une actrice connue : peut-être en raison de la précision du portrait….

Téléchargé sur http://gallica.bnf.fr/

Lu sur Sonyreader PRS 505

Lecture commune de l'été sur http://www.bibliofolie.com/
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          180
Sans nom, publié en 1862 est un gros roman, 829 pages aux éditions Phébus libretto.

Wilkie Collins est un écrivain britannique de l'époque victorienne, contemporain et ami de Dickens (ils ont même écrit un livre ensemble). Généralement considéré comme le père du roman policier quoique malheureusement trop méconnu.

Si Wilkie Collins était en effet aussi populaire que Dickens à l'époque victorienne, il est aujourd'hui moins connu que son ami. Un des grands mystères de la postérité.

Il semblerait que Sans nom soit, parmi les romans de Wilkie Collins, celui que préférait Dickens.

J'ai trouvé les deux cent premières pages assez longues. Wilkie Collins nous dépeint pendant toutes ces pages la vie d'une famille heureuse où grosso modo tout se passe pour le mieux.

En effet, la famille Vanstone, les parents et leurs deux filles, vivent un bonheur complet. La famille est aisée, privilégiée, et tout le monde s'aime.

À ce tableau familial idyllique, il faut ajouter une gouvernante qui fait presque partie de la famille et qui d'ailleurs est restée au service des Vanstone alors que les filles n'avaient plus besoin de gouvernante depuis longtemps.

Hormis quelques petites histoires somme toute assez banales et une description des liens entre ces différentes personnes, j'ai trouvé qu'il ne se passait pas grand-chose durant ces premières pages.

C'est là qu'on se rend compte que le lecteur est un personnage compliqué. Il n'aime pas quand ça se passe mal, souffre avec les personnages, mais quand tout se passe bien, il s'ennuie.

À la fin du livre, je me suis demandé sincèrement si ces pages étaient de trop, et je dois vous avouer que non. Elles permettent en effet au lecteur de mieux comprendre la complexité autant de l'intrigue que des personnages. Et si le lecteur accepte de faire preuve de patience, je lui garantis qu'il sera récompensé de ses efforts.

Wilkie Collins nous dépeint donc pendant approximativement deux cent pages un bonheur presque complet. À la limite du tableau naif.

Mais tout d'un coup, l'histoire bascule avec la mort inopinée des parents Vanstone. Dès cet instant, le lecteur n'aura de répit qu'une fois le roman terminé. Et quand ce sera fini, il ne pourra s'empêcher de le regretter.

Vous vous demandez peut-être pourquoi la mort des parents Vanstone fait basculer la vie de leurs filles. Ils étaient riches et leurs filles à leur mort devraient hériter de leur fortune et être ainsi à l'abri du besoin pour épancher leur tristesse.

Ça ne sera pourtant pas le cas. La mort des parents Vanstone prive les soeurs Vanstone non seulement de leur affection mais les dépossède aussi de toute leur fortune et même de leur nom, ce qui, à l'époque, signifie leur identité.

Les soeurs Vanstone ne se retrouvent pas ainsi dépossédées en raison d'un « complot fomenté par des gens du meilleur monde » comme l'indique erronément la quatrième de couverture mais en raison d'une conséquence absurde du système juridique de l'époque. Ce faisant, Wilkie Collins renforce sa critique de la société victorienne.

Je ne vous en dirai toutefois pas plus sur cette question afin de ne pas priver le lecteur, qui souhaiterait lire le livre, du plaisir de découvrir lui-même les raisons de ces circonstances malheureuses pour les soeurs Vanstone.

Les soeurs Vanstone sont très différentes. La première, Norah, est raisonnable, posée et accepte son sort avec résignation. La seconde, Magdalen, est fougueuse, légèrement orgueilleuse et, à l'inverse de sa soeur, refuse de se soumettre à un sort qu'elle estime injuste. Elle projette donc de se venger.

Dès cet instant, Sans nom devient une histoire de vengeance. La vengeance d'une femme qui est prête au pire pour réparer l'injustice donc elle estime être victime.

Et de complots en complots, Sans nom, qui ressemblait jusque là à une douce ballade, tient le lecteur par les tripes pour ne plus le lâcher.

Wilkie Collins est un tisserand. Il jongle admirablement avec les éléments du récit. Pèse ce qu'il dévoile et ne dévoile pas, donnant ainsi l'occasion au lecteur de participer à la création de l'histoire, ce qui crée l'attachement à la lecture. le lecteur anticipe. Parfois il est dans le bon, parfois pas. Il joue avec sa propre imagination, qu'il tente de faire dialoguer avec celle de l'auteur.

Certains regrettent le côté ‘fleur bleue' de la fin de Sans nom. Personnellement, je trouve plutôt réconfortant que Wilkie Collins arrive à tirer une fin positive d'un roman aussi noir.
it
Si la majeure partie du récit nous est racontée par un narrateur extérieur, de manière somme toute assez classique, elle présente toutefois deux caractéristiques intéressantes.

La première est de découper la narration de manière « géographique ». Liant de cette manière l'évolution de l'histoire à des lieux très précis.

La deuxième particularité est d'avoir entrecoupé chaque bloc de narration géographique par ce que l'auteur appelle des « intermèdes ». A savoir, des lettres envoyées par les différents protagonistes de l'histoire.

Le procédé permet au lecteur de pénétrer le point de vue des différents protagonistes du récit et donc de se faire une idée plus riche de l'histoire, d'élargir son point de vue et de se forger ainsi sa propre opinion.

Les personnages, comme toujours chez Wilkie Collins, sont attachants et crédibles.

Il parvient à rendre drôles et sympathiques des personnages à la moralité douteuse. le capitaine Wragge que je vous laisse découvrir si vous décidez de lire le livre est un personnage objectivement méchant et méprisable, mais il est peut-être le plus drôle et le plus touchant du récit.

Par ailleurs, en nous présentant au début du récit Magdalen comme une jeune fille innocente et pure quoique légèrement fougueuse, Wilkie Collins nous montre la part d'ombre que recèle toute âme humaine.

Wilkie Collins est un Maître magicien. Il fait défiler les pages, emporte le lecteur d'un bout à l'autre des possibles, fait disparaître ses descriptions grâce à l'intensité de son récit. Je suis d'ailleurs toujours étonnée quand un lecteur me dit avoir trouvé les descriptions trop longues tant je ne me suis même pas aperçue qu'il y en avait.

Il parvient en outre à mettre de l'optimisme et de l'espoir dans un roman noir.

S'il abuse parfois du hasard, le style, la narration, les personnage et l'intrigue, tout est admirablement travaillé. Ce qui ne l'empêche pas, au contraire, de convoquer sans arrêt l'imagination du lecteur pour le tenir en haleine. Et intégrer littéralement le lecteur à la création du récit.
Lien : https://nevrosee.be/sans-nom..
Commenter  J’apprécie          30
Dans ce roman, l'intrépide héroine, Magdalen Vanstone,vit en paix dans le foyer uni de ses parents aimants avec sa soeur Norah et leur gouvernante. Elle consacre ses loisirs au théatre et tombe amoureuse de l'inconstant Frank un jeune homme paresseux et vélléitaire.
Quand son père décède accidentellement, suivi de près par sa mère ,elle apprend à son grand désarroi que sa soeur et elle , ont été conçues hors mariage et en tant qu'enfants naturels, ne peuvent prétendre à aucun héritage, la fortune de leur père passant entre les mains de leur oncle qui leur refuse tout droit. Alors que Norah se resigne à accepter son sort, Magdalen décide de se battre pour être rétablie dans ses droits et rentrer en possession de son dû.
Avec l'aide d'un pittoresque couple d'escrocs, elle se lance dans une carrière théatrale qui lui permet de récolter des fonds qui lui permettent de partir à l'assaut de son cousin qui a hérité de ce qui lui revient; avec détermination ,elle réussit à évincer la perspicace femme de charge qui pourrait faire échouer ses plans et réussit à se faire épouser .Mais son mari décède après avoir découvert la supercherie et il deshérite sa femme. Une nouvelle fois dépouillée, Magdelen doit à nouveau lutter pour ses droits;pour obtenir la preuve qui lui permettrait de mettre la main sur l'héritage, elle se déguise en domestique et investi la demeure de l'héritier de son mari .
Elle échoue cependant malgrè tous ses efforts et une terrible maladie aurait eu raison d'elle si elle n'avait été sauvée in extremis par le capitaine Kirke, un vaillant matelot depuis longtemps amoureux d'elle.
Pendant ce temps, la vaillante Norah a séduit sans le savoir l'héritier de la fortune de sa soeur et par son mariage se trouve enfin en possession de l'héritage de la famille Vanstone.C'est ainsi la soeur "innocente" qui est récompensée. Cette conclusion sent un peu trop le "politiquement correct" victorien et on peut penser que Wilkie Collins aurait préféré voir triompher sa magnifique héroine tenace et sans scrupules plutot que la terne jeune fille trop docile .Quoiqu'il en soit ce roman est passionnant et on ne peut qu'admirer le caractère de Magdalen qui refuse la défaite et lutte jusqu'au bout contre vents et marées.
Commenter  J’apprécie          90
Wilkie Collins est un auteur diabolique : pendant presque 200 pages, il vous berce en vous racontant le quotidien paisible des Vanstone, une famille aisée, cultivée et particulièrement unie de la petite noblesse rurale. Puis, soudain, sans même crier gare, il fait tomber la foudre. Non pas une mais quatre fois de suite : un train qui déraille, une mort en couches, la découverte d'un mariage tardif et un testament qui ne vaut plus guère que le papier sur lequel il a été rédigé. du jour au lendemain, les deux jeunes filles de la maison, Norah et Magdalen, se retrouvent dépossédées de leur héritage, de leurs espérances et de leur identité. Leur vie idyllique et insouciante est devenue un champ de ruines.
Commence alors un récit de désespoir et de vengeance qui, pendant les 600 pages suivantes, ne laissera plus aucun répit au lecteur.

Bien plus qu'un simple « roman à sensation », qu'un simple thriller du 19e siècle, Sans nom est le portrait d'une femme qui larguera toutes les amarres, enverra valdinguer toutes les conventions de la bonne société à laquelle elle appartient et se battra jusqu'à en côtoyer la folie pour renter en possession de ce qu'elle considère, à juste titre, lui appartenir de droit. Sur le dangereux et difficile chemin, elle s'alliera à un escroc (génialissime personnage de facture très dickensienne que l'on commence par mépriser et que l'on finit par aimer), manigancera, trichera, simulera, se heurtera à une ennemie aussi implacable qu'elle, s'avilira, chutera mais ne se soumettra jamais. Au-delà du caractère sombre et machiavélique de l'intrigue, Sans nom est également le récit d'une lutte acharnée pour la liberté, ainsi qu'un réquisitoire contre les lois iniques qui, à l'époque victorienne, pouvaient permettre que des épouses et/ou des filles soient dépossédées de ce qui aurait dû naturellement leur revenir.

Après Armadale, cet exceptionnel roman qui tient autant du dédale que de la chorégraphie, Sans nom, tant par la justesse de son analyse psychologique que par son intensité émotionnelle, tant par la complexité et la subtilité de son intrigue que par la portée sociale de celle-ci, me confirme dans l'idée que Wilkie Collins est non seulement un conteur d'un talent exceptionnel mais aussi un fin observateur et critique de la société victorienne. En cela, il se rapproche indubitablement de son ami et mentor Charles Dickens mais, comme je l'ai déjà dit dans ma critique d'Armadale, il n'en est certainement ni un élève ni encore moins un épigone : il est lui-même un grand maître à part entière. Un grand maître qui ne mérite nullement la condescendance dont il est parfois victime de la part de certains critiques littéraires (les lecteurs de Wilkie Collins sont, eux, bien plus perspicaces, qui savent parfaitement reconnaître un orfèvre quand ils en voient un à l'oeuvre !)
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
C'était une soirée monotone et sans air. La mer se taisait à l'est, majestueuse et grisâtre, dans un repos absolu. La ligne de l'horizon se noyait, invisible, dans les profondeurs brumeuses du ciel ; immobiles sur l'onde paresseuse, les nefs oisives prenaient je ne sais quels airs de fantômes ; au sud la haute muraille bordant la tranchée maritime, et la massive tour ronde perchée sur le monticule herbu, opposaient aux regards une barrière sombre et lui fermaient toute perspective. A l'ouest, une traînée rouge du soleil couchant faisait resplendir l'extrême limite des cieux, norcissait la silhouette des arbres qui frangeaient les marges lointaines du grand marécage intérieur et changeait ses petites flaques d'eau brillante en flaques de sang.
Commenter  J’apprécie          70
Il n'était nullement affecté par la physionomie sévère et le langage acéré de Miss Garth. La proposition qu'elle lui adressait le soulageait, tout simplement ; il le laissait voir avec la plus engageante franchise. Cette fois, l'oeil vert prit l'initiative et incita l'oeil brun à exprimer, lui aussi, un retour de sérénité. Le coin des lèvres se retroussa de plus belle ; par un mouvement rapide, l'homme glissa son parapluie sous son bras et tira de son habit un gros portefeuille noir démodé. Il en sortit un crayon et une carte de visite, hésita, réfléchit un instant, puis traça rapidement quelques mots sur la carte qu'il remit aussitôt à Miss Garth, avec l'empressement le plus civil.
Commenter  J’apprécie          70
J'ai à vous faire entendre une vérité pénible...(...)
La nuit s'écoula, et la pauvre mère vivait encore. Le lendemain arriva, et jusqu'à ce que l'horloge marquât cinq heures, il y eut encore un souffle de vie dans ce corps abandonné. A cette heure là, la nouvelle de la mort de son époux lui avait porté le coup fatal: à la même heure, après quelques tours de cadran, la main de Dieu l'autorisait à le rejoindre dans un monde meilleur. Ses filles, quand elle rendit l'âme, étaient agenouillées à son chevet; elle les quitta sans avoir conscience qu'elles assistaient à son agonie, heureusement insensible aux angoisses du dernier adieu.
L'enfant qu'elle venait de mettre au monde lui survécut jusqu'à l'heure où la nuit allait commencer, où le soleil s'effaçait dans les calmes profondeurs de l'occident. Quand l'obscurité se fit, cette frêle petite vie, à peine manifestée par quelques lueurs, vacilla et s'éteignit comme un flambeau mal allumé. Les débris terrestres de la mère et de l'enfant reposèrent, cette nuit là, sur le même lit. L'ange de la mort avait rempli son affreuse mission; les deux soeurs restaient seules au monde.
Commenter  J’apprécie          30
En apparence, mon système peut sembler compliqué ? poursuivit le capitaine. A tout prendre, pourtant, c'est la simplicité même. Je me borne à éviter les erreurs dans lesquelles tombent les praticiens vulgaires. Cela revient à dire que je ne plaide jamais pour moi-même et que je ne m'adresse jamais aux gens riches, deux fatales méprises, que commettent en permanence les praticiens de second ordre. Les gens modestes peuvent avoir parfois de généreuses impulsions en matière d'argent ; les gens riches jamais.
Commenter  J’apprécie          70
Accablée par ses efforts d'intelligence, Mrs Wragge ne poursuivait plus que dans ses rêves la confection de sa fameuse omelette. Sa tête penchait d'un côté, son corps de l'autre. Un doux ronflement lui échappait. De temps en temps une de ses mains, soulevée en l'air, agitait une poêle chimérique et retombait, avec un faible choc, sur le livre de cuisine étalé en son giron. Au bruit de la voix conjugale, elle se dressa debout en sursaut et, l'intelligence encore endormie mais les yeux tout grands ouverts, elle fit face au capitaine.
Commenter  J’apprécie          60

Video de William Wilkie Collins (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Wilkie Collins
Bande annonce de The Moonstone (2016), mini série de la BBC et adaptation du roman de Wilkie Collins, paru en français sous le titre La pierre de lune.
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (380) Voir plus



Quiz Voir plus

La dame en Blanc, de Wilkie Collins

Quels sont les liens de parenté entre Laura et Marian ?

Elles sont cousines
Elles sont demi-sœurs
Elles n'ont aucun lien de parenté
Laura est le nièce de Marian

9 questions
51 lecteurs ont répondu
Thème : La Dame en blanc de William Wilkie CollinsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..