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Critique de ClaireG


Qu'est-ce qui fait la célébrité de Chiloé ?
Indice : Patagonie (Chili).
Non, ce n'est pas Florent Pagny ; lui c'est Patagonie (Argentine).
Réponse : les pommes de terre, les maisons multicolores et Francisco Coloane.

Aujourd'hui, j'opte pour l'écrivain. Difficile de mener une petite vie pépère et sans remous quand on est né sur une île aux côtes déchiquetées par les vents et les courants, au bout du bout du monde. A Quemli, île de Chiloé, au sud du Chili, naît en 1910 le petit Francisco Coloane, qui ignore que le destin le conduira à devenir l'un des plus grands écrivains et conteurs d'Amérique latine.

Fils d'un père capitaine de bateau (qu'il perd à neuf ans) et d'une mère agricultrice, "Pancho" a mené mille vies en une. L'âpreté du climat et la rigueur de son éducation lui colleront aux basques pour toujours. Après son service militaire, son premier emploi dans une estancia consiste à châtrer les agneaux avec les dents. Forcément, ça laisse des traces. « Au souvenir de ces années à l'estancia Sara, j'ai l'impression de mieux comprendre comment et pourquoi j'ai écrit. C'est en mêlant faits réels et fantaisies, en rapprochant des événements survenus en d'autres temps et d'autres lieux, c'est en vivant, en rêvant, en observant que j'ai pu écrire mes contes et mes récits ».

Puis, il traverse rapidement plusieurs administrations, écrit pour des journaux de Santiago, n'hésite jamais à prendre la mer, s'essaie à plusieurs métiers manuels, ensemble d'activités qui lui ont fourni la matière première pour l'écriture. Très jeune, il participe à des concours littéraires qu'il remporte à chaque fois. C'est ainsi que naît son premier roman « le dernier mousse », puis « Cap Horn » et qu'il rencontre son mentor, Pablo Neruda.

Santiago est la ville où il a le plus séjourné professionnellement mais Punta Arenas (Terre de Feu) est la ville de son coeur, celle où il revient toujours.
L'observation de la vie quotidienne à Santiago, la vie de bohème dans les bars et les picadas où l'on mange et boit pour quelques sous, son engagement politique, son besoin de noircir des carnets lorsqu'un événement ou une histoire lui est contée, font de lui un homme aux sens constamment en alerte, à la nécessité viscérale de raconter.

Il a beaucoup voyagé, en Chine, en Russie, en Inde, mais le voyage qui l'a le plus bouleversé est celui qu'il a fait en Antarctique en 1947, tant la violente beauté des terres australes et les ciels étoilés ont affermi ses émotions et son imagination puissante.

Dans les congrès d'écrivains où il était régulièrement invité, il n'avait pas grand' chose à dire. Il préférait en tout la confrontation de l'homme avec les climats tempétueux.

En 1995, venant rendre visite à l'un de ses fils qui habite la France, il fit un détour par Saint-Malo à l'invite de Michel le Bris, créateur d'une confrérie de cap-horniers, à la mémoire de Jules Verne (Festival Etonnants Voyageurs). Il a trouvé beaucoup de magie dans cette « petite grande ville » dont l'histoire pleine de gloire et de désastres transpire dans son port et ses remparts.

Ce livre est un condensé d'émotions, de souvenirs parfois hétéroclites, de digressions étonnantes, de chronologie disparate et il peut ressembler à une urgence, à une nécessité. Il a été écrit en 2000. Francisco Coloane avait 90 ans. Il est mort deux ans plus tard.

La bibliographie de Coloane n'est pas très étendue mais elle recèle ses immenses talents de conteur. Dépaysant à souhait.
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