ORCHESTRE DE L'AUTOMNE
Magnifique et puissant orchestre de l'automne
Je t'écoute, de l'aube au soir, avec mes yeux;
Et, dans la forêt proche où ne passe personne,
De l'émouvant adieu de tes concerts m'énivre
Quand le Soleil, vieux Chef encor prestigieux,
De l'érable au platane et du hêtre au mélèze
Modulant l'or bémol et le jaune dièse
Frappe, d'un brusque envol de feuilles, les cymbales
Et, gouvernant de haut tes rumeurs végétales,
Calme tes violons et déchaîne tes cuivres.
EVASION
Ainsi qu'un évadé, retardé dans sa fuite
Par le poids d'un habit qui le gêne et l'encombre
Cède, aux mains qui déjà l'agrippent, son manteau
Et s'esquive, étonné de son agilité,
Au Temps qui me poursuit j'abandonne mon ombre
Et cours, pour le plaisir de fuir, toujours plus vite,
Avant d'atteindre cet instant que nul n'évite
Où, pour sauver mon âme ivre de liberté,
Pour qui tout ici-bas sera peine et fardeau,
Aux ongles de la Mort, je laisserai ma peau.