Contre la peur et cent autres propos

Le problème n'est pas de savoir si la vie a un sens, mais si nous l'aimons assez pour qu'elle vaille la peine d'être vécue.

"Sens et valeur", Le Monde des Religions n°53, mai 2012

Tout pouvoir est une responsabilité. Toute responsabilité, un risque.
Reste à ne pas confondre la responsabilité et la culpabilité. (...) Pour être responsable de ses actes, il suffit de les avoir accomplis volontairement. Pour en être coupable, il faut avoir violé la loi (culpabilité juridique) ou avoir sciemment mal agi (culpabilité morale). Aussi n'est-on jamais coupable de ses erreurs, et pas toujours de ses fautes, quoiqu'on en soit le plus souvent responsable. (...)
Raison de plus pour garder le sens de la mesure. Le pouvoir ne saurait valoir comme impunité, mais pas non plus comme condamnation. Toute erreur n'est pas une faute. Toute faute n'est pas un délit. Tout délit, pas un crime. L'indignation, si fort en vogue, ne tient pas lieu de lucidité, ni de justice.

"Responsabilité ou culpabilité", Challenge n°239, 13 janvier 2011

L'actualité, si souvent décevante ou effrayante, est aussi une incitation à penser. On n'en a jamais trop - et cela guérit, parfois, de la déception comme de la peur. Le réel est à prendre ou à laisser. La philosophie aide à le prendre. Mieux vaut penser que se lamenter. Mieux vaut agir que trembler.

"Avant-propos"

Quand on brûle pour plusieurs millions d'installations publiques, ce n'est pas seulement le contribuable qui est lésé. C'est la République qui est atteinte. On a le droit, dans une démocratie, de combattre une loi. Pas de la violer. On peut protester contre les impôts. Pas refuser de les payer.
(...)
《On a raison de se révolter》, disait Sartre en 1968. C'est souvent vrai. Mais on a toujours tort de croire que la révolte peut suffire. La colère, même légitime, ne fait pas une politique. Ni l'addition des mécontentements, un projet pour la France.

"Jacqueries", Challenges n°365, 14 novembre 2013

De quoi est-on responsable? De ce qu'on a fait, cela va de soi, mais aussi de ce qu'on n'a pas fait, quand on aurait pu le faire, et de ce qu'on a laissé faire, quand on aurait pu l'empêcher. Vaste ensemble, aux limites toujours floués.

"Responsabilité ou culpabilité", Challenge n°239, 13 janvier 2011

La sagesse est le but. La philosophie, l'un des chemins qui y mènent. C'est dire que la sagesse, pour tout philosophe, voire pour tout être humain, est d'abord un idéal. Aussi est-il sage de n'y pas croire tout à fait.

La littérature n'a jamais sauvé personne. Les grands écrivains le savent, et c'est ce qui les sauve.

Tout crime contre un enant est une espèce de crime contre l'humanité.

"La leçon de Toulouse", Challenge n°294, 29 mars 2012

C'est le grand secret de l'Orient, que l'Occident a tant de mal à comprendre et à accepter: l'être et le devenir, l'éternité et le temps ne font qu'un.

Mieux vaut prier que pleurer, sans doute.