Citations sur J'ai cru que c'était un homme (0)
Les quelques textes antisémites d’Émile Chartier (les "Réflexions sur la religion" des années 1890) et d'Alain (dans son Journal) ne doivent pas dissuader de le lire : ce sont quelques pages médiocres ou odieuses, dans une œuvre immense et superbe. Une tache, certes, et ineffaçable, mais qui ne saurait annuler cela même qu'elle souille et qui vaut infiniment mieux. Qu'on lise les grands livres d'Alain, .... , et l'on y trouvera largement de quoi réfuter les quelques pages tristement antisémites qu'un jeune homme et un vieillard, encore où à nouveau prisonniers des passions ou d'eux-mêmes, ont laissé échapper, comme un renvoi de bile ou de haine...
Alain rêve d'un christianisme "lavé de puissance", donc débarrassé de l’Église, ce qui lui permet de retrouver, "dans la révolution chrétienne, l'idée toute pure de la Libre pensée".
Alain se plaît à reprendre les trois vertus théologales du christianisme - la foi, l'espérance, la charité -, en leur donnant un sens exclusivement humain.
La religion est laïque par essence, puisqu'elle n’obéit à aucun dogme, à aucune autorité ; et tout savoir de même. Il lui suffit d'être vrai pour échapper à quelque chapelle que ce soit. C'est en quoi "l'esprit laïque n'est pas la même chose que l’irréligion". Rien n'empêche un croyant de "participer à l'esprit laïque" !
Alain se bat contre l'influence de l’Église, déjà déclinante (en 1905, lors du vote des lois laïques, Alain avait 37 ans ; mais il n'a presque rien publié, sinon, sous le nom d’Émile Chartier, quelques articles et le petit Spinoza de 1900), mais dont il craint qu'elle n'ait "bientôt repris tout son pouvoir".
Il considère toutes les religions comme des "fables", des "contes" ou des "images", mais constate qu'elles n'en sont pas moins "pleines de sens", et même "vraies" à leur façon. Il les jugent révélatrices au moins de ce que nous sommes, ou pouvons être, ou devons être.
Au contraire: "aucune religion n'est fausse", et même elles seraient toutes vraies, si nous savions les penser ensemble et selon l'homme, c'est à dire selon l'esprit. Car toutes parlent de nous, et disent vrai au moins par là.
L’école laïque qui libère de l’Eglise, doit aussi nous libérer des puissances laïques elles-mêmes, c’est-à-dire des dirigeants qui veulent qu’on les croie, quand nous sommes là, au contraire, pour les contrôler.
C’est qu’il y voyait comme des miroirs, où l’humanité se projette et se reconnaît. Aussi en parle-t-il avec empathie et profondeur : je n’ai rien lu de plus beau sur les religions de la nature (« Pan »), de l’homme (« Jupiter ») ou de l’esprit (judaïsme, christianisme). Et rien de plus juste, sur la laïcité.