L'un et l'autre ont la profondeur redoutable, la puissance terrible des orages, et si troublés qu'ils soient...
Qu'est-ce que la tempête arrache aux profondeurs de la mer? qu'est-ce que la passion révèle de notre coeur?
La mer garde ses richesses, et le coeur garde ses trésors. Il ne sait pas dire la parole de la vie; il ne sait pas dire la parole de l'amour, et tous les efforts de la passion sont semblables à ceux de la tempête qui n'arrache à l'abîme, que ces faibles débris, ces algues légères que l'on aperçoit sur les sables et sur les rochers, mêlés avec un peu d'écume.
Rien de la terre n'a jamais crû parmi les cendres... les bords du volcan éteint sont à jamais stériles. Pas une fleur, pas une mousse ne s'y verra jamais. La neige peut voiler l'affreuse nudité de la montagne; mais rien ne saurait embellir la vie qu'une flamme puissante a ravagée. Ces ruines sont tristes : ce que le feu n'y consume pas, il le noircit.
Pourtant, même après la séparation sans retour, quel est celui qui, pour moins souffrir consentirait à avoir moins aimé.
D'ailleurs, pourquoi épouser si chaudement les intérêt d'un tel ou d'un autre? Croyez-vous que l'amour de la patrie soit la passion de bien des hommes publics?
Nous avons eu nos grandes luttes parlementaires. Mais c'est maintenant le temps des petites : l'esprit de parti a remplacé l'esprit national.
Non, le patriotisme, cette noble fleur, ne se trouve guère dans la politique, cette arène souillée. Je serais heureux de me tromper; mais à part quelques exceptions bien rares, je crois nos hommes d'État beaucoup plus occupés d'eux-mêmes que de la patrie.
Dans le monde on plaint ceux qui tombent du faîte des honneurs, des grandeurs. Mais la grande infortune, c'est de tomber des hauteurs de l'amour.
Rien n'est petit dans l'amour. Ceux qui attendent les grandes occasions pour prouver leur tendresse ne savent pas aimer.
Il est maintenant décidé que Maurice ira en France
pour ses études. Comment pourra-t-il s’arracher d’ici ?
Je n’en sais rien, ni lui non plus.
Je ne veux pas que les marins français fassent la
cour à Mlle de Montbrun, et lui racontent des combats et
des tempêtes. Mais les ombres les plus illustres
m’inquiètent assez peu. « De Lévis, de Montcalm, on
dira les exploits », tant qu’il lui plaira.
Chère Mina,
Je l’ai vue – j’ai vu ma Fleur des Champs, la fraîche
fleur de Valriant – et, crois-moi, la plus belle rose que
le soleil ait jamais fait rougir ne mériterait pas de lui
être comparée. Oui, ma chère, je suis chez M. de
Montbrun, et je t’avoue que ma main tremblait en
sonnant à la porte.