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Critique de Laureneb


Ce n'est sans doute pas le bon ouvrage pour découvrir l'oeuvre de Maryse Condé, surtout pour moi qui n'apprécie pas particulièrement les autobiographies.
La lecture est agréable, sympathique, l'oeuvre évoquant les es années de formation d'un jeune esprit cultivé mais rebelle, aimant sa famille mais où les sentiments sont tus. Ce n'est pas clairement une autobiographie, mais des "contes sur [mon] enfance" dit le sous-titre. Ainsi, le décor et les personnages sont-ils en partie recréés, magnifiés ou au contraire figés - notamment la mère. C'est un beau portrait d'une femme dure autant pour les autres que pour elle-même, fière de son ascension sociale mais reniant son origine populaire, ne sachant pas comment montrer ses sentiments
Ce n'est pas le même décor du tout, ni la même époque, mais j'ai pensé aux Souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol. Pour lui aussi, les vacances sont l'occasion de découvrir un paysage luxuriant différent de la ville étouffante, de s'échapper des bancs de l'école et de partir à l'aventure - même si pour la Narratrice, la libération ne vient pas dans l'enfance mais dans l'adolescence. Cependant, les familles des deux glorifient l'école républicaine, ses diplômes et la position sociale qu'elle permet d'acquérir - Marcel et Maryse suivent d'ailleurs des cours en classe préparatoire littéraire.
Mais l'originalité de cette oeuvre, c'est que, contrairement à Marcel, Maryse est une fille, à la peau noire, originaire de Guadeloupe. Pour employer un terme qu'on utilise beaucoup, on est en plein dans l'intersectionnalité... Mais il n'y a pas de complainte, pas de militantisme. Pour faire une autre comparaison anachronique, j'ai pensé à Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie. L'écrivaine nigérianne ne s'aperçoit des obstacles posés par sa couleur - et par ses cheveux, sur lesquels la Narratrice insiste aussi - qu'en quittant son pays natal, pour aller aux Etats-Unis. Pour Maryse, Paris est le même pays, mais elle y est vue comme inférieure, étonnant la bonne bourgeoisie se voulant progressiste mais ayant gardé des relents colonialistes, par la pureté de son français et sa maîtrise des auteurs classiques.
L'oeuvre ne m'a pas éblouie par son style, mais c'est le portrait de cette enfant qui se construit qui m'a intéressé et donné envie d'en savoir plus - surtout que la fin s'achève sur un mystère, il faudrait la suite, la vie de femme ?
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