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Titre : le grand Santini
Année : 2009
Auteur : le regretté Pat Conroy
Editeur : Belfond
Résumé : Bull Meecham est pilote de chasse mais aussi un père de famille rigide,intraitable et tyrannique. Son nom de guerre est le grand Santini. Cet homme, héros de guerre américain, mène la vie dure à ses 4 enfants et fait régner un ordre militaire strict dans son propre foyer. Ben son fils ainé, subit ce joug depuis sa plus tendre enfance et devra tenter de trouver sa place entre une mère soumise, une soeur volubile et l'écrasante figure paternel, source de sentiments contradictoires et violents.
Mon humble avis : Pat conroy fut un auteur de grand talent, ceux qui ont eu la chance de lire le magnifique prince des marées peuvent en témoigner. Incomparable quand il s'agit de décrire de l'intérieur la complexité des relations familiales cet auteur démontre une fois de plus avec ce roman son génie, son acuité et son humanité. de ce bouquin, à priori autobiographique, on ressort ému, lessivé devant tant d'ambivalence dans la description des sentiments. Comme à son habitude Conroy excelle dans des dialogues drôles et pertinents. L'émotion est là, présente à chaque moment de la vie de cette famille, on déteste le grand Santini puis on l'adore quelques pages plus tard, on est ému devant le destin de Ben, on rit lorsque Mary Ann tente de s'affirmer. Les thèmes abordés sont multiples : rapports filiaux évidemment mais aussi racisme, passage à l'âge adulte, sexisme, violence conjugale et tout cela servi par à une écriture précise, fluide et brillante. S'il faut trouver un défaut à ce roman je dirais que la mise en place est un peu longuette mais tout cela est vite balayé dans la seconde partie du texte qui, à mon humble avis atteint des sommets littéraires. Conroy fut un maître et un conteur hors-pair ; sans atteindre le niveau exceptionnel du prince des marées ceux qui liront le grand Santini en sortiront grandis et un peu plus humains qu'avant cette lecture. C'est déjà énorme et pour cela un hommage sincère doit être rendu à la mémoire de Pat Conroy décédé recemment.
J'achète ? : Oui sans hésiter mais si tu as le choix je te conseille d'abord la lecture du prince des marées ( voir critique précédente sur francksbooks.wordpress.com )
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Le premier Pat Conroy que j'ai lu. Une révélation! Sitôt fini je me suis précipitée sur les autres. Je les ai tous adoré, peut-être un peu moins Charleston, mais le Grand Santini reste, à mon avis, son meilleur livre. Certes, c'est un pavé mais un pavé trop vite terminé.
Certains lui reprochent de ne guère varier ses thèmes mais peu importe, Pat Conroy excelle dans la description des rapports filiaux, entre haine et amour. Ses joutes verbales, si caractéristiques de son oeuvre, sont une pure merveille.
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LE GRAND SANTINI de PAT CONROY
Le lieutenant-colonel Bull Beecham du Marine Corps rentre aux États Unis,après une année en Méditerranée, rejoindre sa nouvelle affectation après une soirée bien arrosée. Lillian, sa femme, une beauté, ainsi que ses enfants Ben et Mary Ann, l'attendent, partagés entre le bonheur de le revoir et la crainte de ses colères. La famille comprend également les plus petits, Matt et Karen. Dès l'arrivée de Bull, le grand Santini, la famille prend la direction de la Caroline du Sud en voiture où Bull se comporte comme un chef d'escadrille qui ne tolère aucune objection à ses décisions. Dans la voiture on chante l'hymne de la Marine et Lillian reprend souvent Bull pour ses propos racistes, elle est du Sud et ne pratique aucune ségrégation. Dans sa nouvelle affectation, Bull retrouve une vieille connaissance, le Colonel Virge, son chef hiérarchique, avec lequel il a eu de très mauvaises relations dans le Pacifique. Virge lorgnant son étoile de général, il met en garde Bull qui prend en charge l'escadrille 367 dans une ambiance peu propice. À la maison le grand Santini terrorise les enfants et sa femme, faisant ressembler la famille à une annexe de la garnison. Même si les colères du maître sont impressionnantes, Ben vient d'avoir 18 ans et il refuse de valider les choix qu'a fait son père pour lui, il refuse les quatre années d'école militaire et le hait pour la coupe de cheveux à ras qu'il lui impose. L'ambiance se tend et Lillian doit avec doigté essayer de tempérer le Grand Santini.
Un bon Conroy qui à partir de savoureux dialogues nous fait vivre le quotidien de la famille d'un côté, de l'escadrille de l'autre. Bull est un homme simple, raciste, autoritaire et colérique mais il aime profondément et sincèrement sa femme et ses enfants. C'est une relation extrêmement complexe qui est en place faite d'amour et de crainte, tout peut déraper à tout instant, Bull ne connaissant qu'une méthode de gestion, le rapport de force. A lire.
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Sublime, à lire, une évasion merveilleuse, quelle écriture, quelle beauté !
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Pour Pat Conroy, ce livre représente « le livre qu'il était né pour écrire ».
Chez les Marines, le colonel Bull Meechum est un redoutable pilote de chasse. A la maison, c'est un père maltraitant, régissant sa famille comme on commanderait une troupe.On le surnomme le Grand Santini.

Dans ce roman autobiographique, Pat Conroy a changé les patronymes mais a conservé le surnom de vol de son père, qu'il s'était attribué d'après le nom d'un grand trapéziste. L'histoire est racontée à la troisième personne, à travers les yeux de Ben Meechum, le fils aîné, sur le point de fêter ses 18 ans. C'est un livre sur l'entrée dans l'âge adulte et Ben doit décider s'il perpétuera ou non le modèle de virilité incarné par son père. L'action se déroule dans une petite ville de Caroline du Sud en 1962, dans une ambiance de guerre froide et de ségrégation. La vie déracinée des familles de militaire, déménageant sans arrêt, y est bien dépeinte par Pat Conroy et Ben s'interroge sur le besoin de s'ancrer quelque part et de ressentir un sentiment d'appartenance.
Très belle, la mère de Ben est l'incarnation du Sud et entend bien élever son fils aîné comme un homme du Sud, par opposition à son père, originaire de Chicago et véhiculant les valeurs du Marine Corps.
C'est un roman à la structure très oedipienne dont les personnages sont complexes et ambivalents, ainsi que leurs relations.
Succès immédiat en librairie aux Etats-Unis, le Grand Santini a été porté à l'écran par Lewis John Carlino en 1979 avec Robert Duvall dans le rôle titre.
Pour faire suite à cette lecture, on peut aussi lire The Death of Santini, sorti en 2014 aux Etats-Unis mais pas encore en France et dans lequel Pat Conroy revient sur sa relation avec son père mais sans le filtre de la fiction. Ce dernier livre est très éclairant sur toute l'oeuvre de l'auteur et tout aussi savoureux que ses autres ouvrages.
Lien : http://lectures-d-amerique.c..
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Conroy et moi, c'est pour la vie. C'est mon 4e roman de cet immense écrivain et à chaque fois, je me régale de son humour décapant, je savoure l'enracinement de ses personnages en Caroline du Sud, je goûte l'émotion intense qui émane des vies qu'il dépeint. Même si quand il décrit la violence, la brutalité des relations familiales, j'ai la gorge nouée, Conroy possède l'art de désamorcer les drames avec des dialogues qui claquent et tellement de tendresse. Et « le Grand Santini » a confirmé mon amour pour lui.
Dans sa première oeuvre de fiction, Conroy raconte une famille complètement atypique (qui ressemble intimement à la sienne), celle de Bull Meecham, aviateur des Marine Corps, "Le Grand Santini". Fort en gueule, tyrannique, bagarreur, il est la caricature du colonel des Marines. Il trimballe de base en base femme et enfants au gré des affectations. L'éducation de ses enfants, il la fonde sur les mêmes principes que le dressage des recrues dont il a la charge. Il bouscule, maltraite, humilie ses petits comme il le ferait avec des soldats. Ca ne rigole pas tous les jours chez les Meecham. Et pourtant, ils sont tous (y compris le père) tellement attachants.
Conroy nous raconte cette famille à travers le regard de Ben, l'aîné, alors que la famille s'installe en Caroline du Sud. du déménagement dans leur nouvelle maison au premier jour d'école des enfants, des exploits de Ben dans l'équipe de basket-ball du lycée aux soirées hallucinantes au mess, Conroy nous immerge dans la vie des Meecham, et en profite pour dénoncer l'esprit de corps du père, la bigoterie d'une mère trop passive, le racisme du Sud, et bien d'autres maux de cette Amérique des années 60.
Et puis il y a les enfants, qui grandissent malgré tout et se rebellent avec des réparties bien senties contre l'autorité de leurs parents, même si les larmes et les souffrances ne leur sont pas épargnées.
Mention spéciale au personnage de Mary Anne la grande soeur, drôle et émouvante et au merveilleux proviseur, Mr Dacus.
Révoltant, tendre et décapant, du très bon Conroy.
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Voici une famille dans laquelle j'ai adoré m'introduire avec quatre enfants à l'humour cinglant face à un père marine qui les mène comme un escadron. Les enfants se moquent et aiment ce père autoritaire, violent, égocentrique à en devenir parfois ridicule. C'est un personnage que j'ai trouvé ambiguë qui n'est pas subtil en général sauf quand il s'agit de manifester son amour pour ses enfants. La finesse et l'éducation c'est plutôt l'affaire de la mère qui sert de tampon entre les enfants et leur père, qui maîtrise les tensions dans la maison en calmant les uns et les autres mais qui tient une relation que j'ai trouvé vicieuse avec sa fille.
J'ai adoré le personnage de Ben ainé de la fratrie, cette relation entre le père et son fils. Mary-Ann, sa soeur mal dans sa peau qui essaie désespérément de gagner l'affection de son père avec son ironie.
Une très belle découverte de l'auteur que j'ai hâte de relire.

Lien : https://www.babelio.com/monp..
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Pat Conroy où l'écrivain numéro un dans mon coeur.
Le roman a été un ouragan une fois plus. Dure, fort, éprouvant, tendre c'est une vague d'émotions qui me prend à la gorge à chaque page. Mais comment fait-il pour écrire ainsi, pour donner tant de force à ses histoires. Il me bluffe à chaque fois.
Le grand Santini ou le père qu'on admire tant tout en le détestant au plus haut point. L'homme a qui on voudrait ressembler et puis en grandissant on voudrait que celui-ci ne nous voit plus. L'homme dure parfois tendre, l'homme droit parfois au grand coeur, un père qui provoque les pires et les plus belles choses en vous. le père celui là seul qui fera de vous ce que vous êtes en grandissant.
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Bull Meecham est un pilote de chasse, grande gueule mais émérite. Cependant, le respect dont il fait l'objet, de par ses compétences, sinon par ses poings, il a l'habitude de l'obtenir de la même manière au sein de son foyer.
Il gère sa femme, Lilian, et leurs quatre enfants, comme une de ses escadrilles, sous la menace constante des représailles du "Grand Santini".

Ben, l'aîné,  le plus sujet à la vindicte du père, est partagé entre sa sensibilité propre et la pression de Bull pour faire preuve de virilité dont les propres notions sont très "basiques". Il se sent peu à peu à la hauteur pour l'affronter d'égal à égal, sachant qu'il prendra son envol pour l'université l'année suivante.

Cette famille, aux membres déracinés au gré des affectations du père, se serre les coudes et résiste tant bien que mal aux sautes d'humeur alcoolisées du patriarche, faisant preuve d'une résilience hors du commun, car l'amour affleure toujours entre eux, sous les brimades et les châtiments.
En filigrane de sa propre vie, Pat Conroy est un habitué  des romans denses, sur des familles aux pères le plus souvent violents, ou abusifs. S'il sait creuser au plus profond de l'ambivalence des relations amour-haine au sein d'une famille, il sait l'adoucir avec des dialogues enlevés, à l'humour sarcastique et dévastateur.  Son grand talent est de créer des monstres pleins d'humanité,  de désamorcer des scènes terribles par des réparties mordantes qui vous font passer de l'émotion à un fou-rire.
Ce n'est pas mon préféré, il n'est pas au niveau de son "Prince des Marées " pour moi, mais c'est un roman qui montre encore une fois toute l'étendue du talent de Pat Conroy pour nous conter les familles torturées du Sud...
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Etoiles Notabénistes : *****

The Great Santini
Traduction : Eric Déchaille

ISBN : 9782277231554

Comme tous ceux qui connurent une enfance malheureuse, Pat Conroy rêvait de l'exorciser dès qu'il le pourrait et de la meilleur manière qui fût. Bien qu'il eût reçu le Don, ce ne fut cependant pas avant d'avoir publié deux ouvrages - deux récits sur ses années d'enseignant dans des régions difficiles du Sud des Etats-Unis - qu'il se risqua à étudier la question. Renonçant d'instinct au récit, il opta pour la fiction romancée. En effet, tous ceux qui ont traversé ce type d'enfance et cherchent à la restituer par écrit le savent, le récit, malgré ses qualités, risque fort de faire frôler le choc anaphylactique au malheureux auteur et de le conduire droit à la Mort, voire, dans le pire des cas, à le pousser vicieusement dans un monde de folie suicidaire qui finit souvent par l'entraîner à l'asile. D'autant que votre Inconscient vous souffle qu'un volume ne suffira pas. Les enfances malheureuses, c'est comme le Démon : leur nom est légion et, avant d'en découdre avec elles, il faut bien prendre ses précautions. Autant qu'on en prendrait avec un abcès démesuré ou avec un cancer : y aller par étapes et avec la plus grande prudence, en n'hésitant pas à s'injecter une foule de contre-poisons si c'est nécessaire.

Pat Conroy a donc imaginé une famille qui aurait pu être la sienne, la famille Meecham. le père, Wilbur "Bull" Meecham, est pilote de chasse chez les Marines, s'est couvert de gloire et de médailles pendant la Seconde guerre mondiale, rêve, en ces années Kennedy, d'en faire baver à Fidel Castro et aux "Russkoffs" mais, comme la guerre ne se déclare toujours pas, doit se contenter de recevoir chaque année une feuille de route qui lui ordonne seulement de changer de base d'exercices. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les premières pages s'ouvrent sur une maisonnée réveillée à trois heures du matin et prête à sauter dans la voiture pour prendre la route afin de passer de la Géorgie en Caroline du Sud. Techniquement, on ne change pas de région : cela reste le Sud mais enfin, un nombre impressionnant de kilomètres sépare les deux bases et mieux vaut rouler la nuit pour être à temps à l'arrivée du camion de déménagement. Pour ne rien dire de l'entrevue obligatoire de Bull avec son nouveau supérieur hiérarchique, qu'il déteste déjà pour des raisons qu'on apprendra plus tard.

La mère, Lilian, les quatre enfants et le chien, Okra, rejoignent donc Bull dans la voiture. La mère est une très jolie femme, née à Atlanta dans une bonne famille et qui est tombée amoureuse, à dix-sept ans, d'un Marine de vingt-trois, lequel était par contre un Yankee pur-sang d'origine irlandaise et catholique par-dessus le marché, le fameux Bull Meecham. le couple a eu dans l'ordre : Ben, l'aîné, dix-sept ans aujourd'hui et souvent "tête de Turc" de son géniteur ; Mary Anne, une enfant très intelligente mais au physique un peu ingrat, mal-aimée par ses parents (elle est même persuadée que sa mère la déteste) et qui protège une très vive sensibilité sous la carapace d'une sensibilité mordante ; Matthews, souvent surnommé "le Nain" en raison de sa taille et enfin Karen, bonne élève et jeune personne qui devrait, si elle tient ses promesses, devenir aussi jolie que sa mère.

Dès cette première scène dans la voiture roulant de nuit, le lecteur comprend que Lilian, bien que parfaite "Belle du Sud", et ses quatre enfants, vivent dans un climat de tension perpétuelle (sauf lorsque le père s'en va en mission). La progression du roman le prouvera amplement même si, pour ce coup d'essai, Conroy a tenté d'adoucir la situation, d'arrondir les angles les plus meurtriers de cet espèce d'iceberg familial et littéraire. Seule chose qu'il ne cache pas - et qu'il répétera toute sa vie comme une cruelle antienne - il a commencé à haïr son père alors qu'il portait encore des couches. Et il se rappelle avoir vu Bull frapper Lilian alors qu'il se trouvait, jeune bébé, sur sa chaise haute, dans la cuisine. Ce qui l'étonne et même le stupéfie, c'est que, en parallèle et à de rares moments, il soit également capable d'aimer la brute qu'il a comme géniteur. Mais c'est ainsi et, dans le cas de ces enfances si spéciales, c'est presque toujours le cas.

Dans une scène qu'il faut rapporter (et dont Conroy reparlera dans "La Mort de Santini"), Ben part à la recherche de son père, face à qui, pour la première fois, il vient d'avoir le dessus alors que Bull frappait sa mère une fois de plus. Tentant de le remettre sur ses pieds, Ben ne sait que lui répéter : "Je t'aime, papa." Et alors que cette phrase devrait apaiser la situation, le jeune homme, pantois, constate qu'elle affole au contraire son père, lequel titube de plus en plus et tourne, dans le champ où il a échoué avec sa voiture, à peu près comme un taureau enragé. Et plus Ben répète cette phrase, plus s'accroissent la peur et l'ahurissement de Bull. A tel point que Ben réalise en un éclair qu'il vient en fait, avec cette phrase, de découvrir une arme aussi inattendue que redoutable ... et parfaitement inexplicable.

Pourquoi ce "Je t'aime, Papa" produit-il pareille impression sur cette brute beuglante, à demi-alcoolique et qui se veut plus fruste qu'elle n'est ? Difficile à dire. Difficile à analyser aussi quand on n'a que dix-huit ans. Seul le principal intéressé, s'il consentait à se comporter comme un être humain à part entière et non comme un Homme primitif, pourrait nous donner la solution. D'autant que toute l'intrigue nous est présentée à travers les yeux de Ben et de l'extérieur. Même les entrevues entre Bud et les autres Marines, qu'ils soient ses supérieurs ou pas, ne nous sont restituées que parce qu'il les a racontées à sa famille. Lorsqu'il songe à son avancement, rien d'éclairant non plus. C'est toujours aussi primaire et grossier.

Conroy nous dévoile ici une partie seulement de ce qu'il a connu et vu jusqu'à ses dix-huit ans. Mais, bien qu'il l'ait sans doute cherché, il n'a pas pu s'introduire dans la tête de son géniteur. Plus tard, avec l'expérience que lui auront donnée trente-cinq ans de plus ("Le Grand Santini" sort quand il a la trentaine à peu près, "La Mort de Santini" quand il en a soixante-cinq), son jugement sera plus aigu, plus incisif et certainement plus proche de la vérité - et teinté d'une pointe de sadisme, n'en doutons pas.

Dans l'espoir (inutile et il le sait déjà à cette époque) de clore cet exorcisme, Conroy fait s'achever "Le Grand Santini" par la mort de Meecham, dans un exercice de vol. Si les choses s'étaient passées comme cela, peut-être le destin des sept enfants Conroy (car en fait, ils étaient sept), en particulier celui de Carol Anne (la véritable Mary Anne) et de Tom, eût-il été carrément différent et assurément plus stable. Si les choses s'étaient passées comme cela, Pat Conroy n'aurait eu qu'un seul combat à mener contre le souvenir de son enfance et de son père. Les aurait-il effacés tous deux de sa mémoire, cela, c'est une autre histoire. En général, quand on vit l'une des formes de ces enfances, on a beau se racler et se racler la tête pour tout en sortir, puis courir enterrer toutes ces ordures dans la benne la plus éloignée, elles renaissent toujours.

Autant donc les combattre et les combattre encore. Seul avantage de ces assauts répétés : s'ils ne vous brisent pas, ils vous forgent. A bon entendeur !
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