C'est une chose d'enterrer un vieux rêve défunt ; c'en est une autre de tenter, sans relâche, de ressusciter un rêve qu'on se refuse à laisser mourir.
Peut-être l'avait-elle su depuis le début, Lola Faye, que notre plus grand espoir, le rêve précoce dont nous nous emparons et que nous poursuivons, est en vérité, pour reprendre son expression, une vaste loterie, quelque chose que nous achetons dans une pochette-surprise sans savoir si ça vaut le prix que nous y mettons.
Les vérités que nous refusons de regarder en face sont celles qui ne cessent d'instiller lentement leur poison dans notre sang.
« Ça va ? lui demandai-je.
- Très bien, dit-elle en fixant son verre. J'ai juste fait une incursion dans le passé. » Elle gloussa et but un peu de vin. « Ça peut être déprimant, mais tout le monde devrait le faire de temps en temps. Sinon, il vous manque quelque chose. Toute votre vie. »
Le désir et l'amour sont souvent si étroitement mêlés qu'il est impossible de déterminer avec certitude où commence l'un et où finit l'autre.
- Est-ce que vous buvez beaucoup, Luke ?
- Oui, répondis-je. Trop.
- Ollie disait qu'il ne faut jamais boire seul.
- Je le fais, malheureusement.
- Pourquoi ?
- Ça fait avancer les aiguilles de l'horloge. Surtout le soir.
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« - Qu'est-ce que vous attendez de la vie, Lola Faye ?
- Ce que j'en attends ?
- Quel est votre plus grand espoir ? »
Elle parut sincèrement touchée par ma question et y réfléchit quelques instants avant de répondre : « Savoir que j'ai compté pour quelqu'un. Avoir ce sentiment-là, à la fin. C'est ce que tout le monde souhaite, non, Luke ?
- Si. Je pense que tout le monde souhaite, à la fin, avoir compté pour quelqu'un.
La beauté est dans l'oeil de celui qui regarde.
On a besoin d'avoir quelqu'un auprès de soi quand on meurt. Je crois que c'est la chose la plus importante dans la vie.
La religion, c'est juste un Père Noël pour les adultes.