Pendant un instant, j’eus l’impression que le cours du temps était suspendu. Mon souffle s’accéléra, mon pouls s’affola, et enfin, nos lèvres se frôlèrent. Une décharge électrique me traversa tout le corps, courut sur ma peau lorsqu’il m’embrassa doucement, délicatement. Ses mains se posèrent dans le creux de mes reins, et je me mis sur la pointe des pieds pour me presser davantage contre lui. J’ouvris la bouche, l’invitant à glisser sa langue entre mes lèvres ; et lorsqu’il le fit, que sa langue effleura mes dents pour venir caresser la mienne, je ne pus retenir un gémissement. Puis il la retira, comme pour me faire languir.
Lentement, je me tournai vers les filles, qui avaient toutes l’air aussi stupéfaites que moi. Qu’est-ce qu’il avait de si spécial, ce mec ?
— L’Effet Aidan, soupira Sophie.
J’essayais de voir tout ça comme un nouveau départ, un nouveau chapitre. J’allais me réinventer : Violet McKenna, nouvelle version améliorée. Ici, personne ne saurait jamais qu’on m’avait toujours traitée d’anormale, de tarée. Bien sûr, mes amis avaient toujours dit ça plus ou moins en plaisantant, sans jamais se douter qu’ils touchaient la vérité du doigt. Et j’étais pour ainsi dire prête à tout pour que personne, à Winterhaven, ne remarque quoi que ce soit.