AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JugeFredd


De 2009 à 2012, le célèbre dur-à-cuire de Richard Stark a vécu quatre aventures en bandes dessinées, admirablement adaptées par Darwyn Cooke. Dargaud les a réunies en une intégrale magistrale, un monument incontournable de l'année 2020.

Et avant de reprendre, dans l'ordre de parution, le Chasseur, l'Organisation, le Casse et FunIsland, le lecteur, ébahi, est happé dans ce qui est un véritable « dossier Parker » : près de quarante pages introductives au personnage pour qui ignorerait tout de lui. C'est d'abord Donald Westlake qui narre comment son héros lui est venu à l'esprit ; Doug Headline expose
ensuite quelle alchimie s'est créée entre les deux orfèvres du récit qu'étaient Stark et Cooke et tout le talent du dessinateur dans cette aventure. Ne serait-ce, par exemple pour « ... avoir su donner
à Parker un visage de manière très satisfaisante : ce n'était pas gagné, car jamais le personnage n'avait été décrit en détail par Stark / Westake ». Puis vient une longue et captivante interview de Cooke himself, et enfin, cerise sur le gâteau pour clore cette longue mise en bouche, deux extraits des Chroniques de Jean-Patrick Manchette (rassemblées par Rivages en 2003)
dont la formidable « Une couronne pour Don », indispensable plongée dans l'univers de Westlake. Et il ne reste plus à la lectrice qu'à se laisser happer par les quatre comics de Cooke, tous quatre des réussites totales.
Deux exemples.
Dans l'Organisation, c'est dans les procédés narratifs que toute l'inventivité du dessinateur explose : dans le « livre trois » de cette histoire
(qui en compte quatre), en 30 pages, Cooke utilise quatre styles différents pour illustrer les activités illicites de l'Organisation. Et raconter comment Parker va, à chaque fois, arnaquer la société criminelle. Cooke n'hésite ainsi pas à intégrer de grandes parties de textes, issues directement du roman, comme ce « Raid sur le club Cookatoo », qui se lit comme un long reportage à sensation : 6 pages de textes illustrées de 5 dessins qu'on jurerait croqués en direct, dans un impeccable style sixties. Comme pour le Chasseur, 'album est en bichromie gris/bleu–blanc, ce qui empêche tout effet
inutilement spectaculaire, mais n'empêche en aucun cas de sentir toute la violence, tapie dans l'ombre, qui suinte tout au long des pages. Une
vraie leçon aux distributeurs d'hémoglobine. Dans Fun Island, c'est un formidable huis-clos sous tension que Cooke choisit de mettre en
scène ; Cette fois le décor est celui d'un parc d'attraction, terrain de jeux idéal pour le dessinateur, qui découpe son récit en quatre parties : le
braquage, la prise en main du parc par Parker, l'assaut par ses ennemis, et la fuite. Pour chacune de celles-ci, Fun Island, est un personnage à part entière, et dès le début, la virtuosité du dessinateur est à l'oeuvre : la
première partie se conclue avec un Parker disparaissant au loin... derrière les barreaux qui pourraient bien être les siens s'il est rattrapé.
On laisse Parker sur ces dernières images, avec l'envie irrésistible de le retrouver dans les romans, ou dans les films, car cette intégrale parfaite n'oublie pas d'inclure en fin de volume bibliographie et filmographie complètes, de ce personnage qui « est au braquage ce que James Bond est à l'espionnage », selon la belle formule de Doug Headline. Vous l'aurez compris : cette intégrale DOIT rejoindre votre bibliothèque noire.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}