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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La voix des vagues - Jackie Copleton - 1er roman de l'auteur - Lu en août 2018.
Le titre, "La voix des vagues" vient d'un poème japonais vieux de mille ans.
"La voix des vagues
Qui se dressent devant moi
N'est pas aussi forte
Que mes sanglots,
D'avoir été abandonné."
Jackie Copleton a été enseignante au Japon, ce qui l'a incitée à écrire ce livre.
Nagasaki, 9 août 1945, 11h02, la bombe A appelée aussi "Fat Man", sous les ordres du Président américain Harry Truman fût larguée sur Nagasaki , faisant environ 40.000 morts (on n'a jamais su le nombre exact), sans compter les dommages collatéraux.
Voici l'histoire de Kenzo et Amaseratu Takahashi , de leur fille Yuko, de Shige Watanabe son mari , de leur fils Hideo âgé de 7 ans.
Et de Jomei Sato, docteur en médecine, personnage peu reluisant qui s'est occupé d'un orphelinat après la guerre pour tenter de racheter les atrocités qu'il a commises durant la guerre en pratiquant des expériences sur des humains.
Le matin du 9 août 1945, Amaterasu conduit son petit-fils Hideo à l'école, elle vaque ensuite à ses occupations en attendant l'heure de son rendez-vous avec sa fille Yuko à la cathédrale à 11h.
Elle ne reverra jamais sa fille et, pense-t-elle, son petit-fils. L'explosion a ravagé Nagasaki, l'école d'Hideo et la cathédrale. Amaterasu et Kenzo cherchent pendant des jours et des jours la moindre trace de leur fille et petit-fils, en vain.
Amaterasu voulait expliquer à sa fille pourquoi elle devait arrêter au plus vite sa relation avec un certain Jomei Sato, hormis le fait qu'elle soit mariée et avait un enfant. Sato est un homme séduisant, un homme à femmes, bien que marié lui aussi, ne se dispensait pas de fréquenter les maisons closes. Amaseratu fût l'une de ses victimes, un lourd secret qu'elle voulait confier à sa fille afin de lui ôter définitivement l'envie de continuer sa relation avec Jomei.
Désespérés, Kenzo et Amaseratu émigrent ... aux Etats-Unis.
Pour combler son chagrin, Amaseratu se met à boire. Entretemps elle a perdu son mari et son quotidien est monotone .
Près de 40 années plus tard, on sonne à la porte de sa maison, elle se trouve devant un homme au visage défiguré par des brûlures, qui lui annonce le plus délicatement possible qu'il est peut-être son petit-fils Hideo Watanabe. Son esprit refuse d'y croire, d'autant plus que Hideo a très peu de souvenirs, le choc de l'explosion lui a fait perdre une partie de sa mémoire et de longues années ont passé. Amaterasu apprend que c'est l'ignoble Sato et sa femme qui l'ont adopté ,Hideo se trouvait dans l'orphelinat où Jomei travaillait après la guerre. Sato est mort.
A force de rencontres, de discussions, de courriers laissés par Sato et remis à Amaterasu, la grand-mère et le petit-fils finissent tous deux par se reconnaître .
C'est une histoire prenante, émouvante et intéressante car on y découvre aussi la culture et la mentalité japonaise.
Au Japon, pour nommer la Bombe atomique, ils utilisent le mot Pikadon dont voici, selon une recherche sur Google, la signification :

"A partir du 9 août, dans le journal du Dr Michihiko Hachiya, le mot Pikadon fait son apparition pour nommer l'explosion. Pika signifie «étincelle», «lueur» ou «éclat soudain de lumière», à l'image de l'éclair. Don signifie «boum!» ou déflagration. Accolés l'un à l'autre, ces deux vocables servirent pour les habitant.e.s d'Hiroshima, à désigner un éclair accompagné d'une explosion. On pourrait traduire littéralement par : «flash-boum!»."

C'est un excellent premier roman de Jackie Copleton qui est un coup de coeur des éditions Pocket et qui en est un pour moi aussi.
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Il y a des bruits qu'on souhaite oublier, qu'on ne souhaite même pas nommer, qu'on ne devrait même pas décrire, tant ils nous renvoient vers l'inhumanité de ce monde et vers l'odeur de chairs brûlées. le Pikadon. D'ailleurs, d'où vient ce nom qui prêterait presque à sourire de mon point de vue occidental et qui ferait plus penser à une version peluchée d'un manga plutôt qu'au souffle d'une bombe déposée – larguée - sur les collines de Nagasaki, un 9 août 1945. Alors, je sors mon encyclopédie numérique : « Pika » signifie étincelle, lueur ou éclat soudain de lumière. D'une beauté poétique, en somme, c'est comme une aurore boréale sous des latitudes nippones. « Don » lui pourrait se traduire par un gros boum !, une genre de déflagration. Associés ensemble, ces deux mots marquent surtout la défaite de l'humanité.

Mais pendant que mon imagination s'évapore vers cette poésie explosive, quelqu'un sonne à la porte. Et les souvenirs ressurgissent d'un passé douloureux. Des années non pas d'oubli mais d'effacement progressive de la mémoire ou de la conscience. Un type se présente à la porte, dans le froid. le visage brûlé, déformé que même la pénombre des heures n'arrive pas à cacher. A des années du temps et du lieux, une fuite en Amérique, s'enfuir à tout prix de cette douleur insupportable, insurmontable. Mais au final, est-ce que cette fuite a eu raison de cette amère souffrance. Laissez les autres, sa famille, des fantômes sur les collines de Nagasaki, loin d'une vie que l'on espère meilleure. Pourtant, même en Amérique, les fantômes peuvent ressurgir du passé.

La voix du passé, la voix des vagues qui se fracassent sur un nouveau rivage, le visage dévasté, les collines brûlées, le vent qui charrie ces odeurs de mort et de chair calcinée. Un roman sur le souvenir, sur ces secrets que l'on garde enfouis au fond de soi, sur cette fuite impossible devant l'impensable. On n'échappe plus au Pikadon, une fois entendu, il reste gravé dans l'âme, même les meilleurs « pur malt » importés d'Écosse, aux impressions tourbées qui persistent dans le palais, ne parviendront à venir à bout de ce bruit sourd qui reste au niveau des tympans, de cette odeur de chair brûlée qui reste au niveau des narines, de cette poussière de cendre noire qui reste collée à la peau, c'était un 9 août de l'année 45.
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Une très belle découverte que ce 1er roman. Une véritable plongée dans le Japon de l'avant-guerre, avec ses traditions ancestrales. A travers ce roman, je me suis trouvée plongée dans la ville de Nagasaki, dans ces coutumes japonaises, où les femmes commencent peu à peu à prendre leur place, dans des paysages magnifiques...
Puis le drame de la bombe atomique chamboule la vie de tous les survivants. Ici, on passe du présent au passé, en douceur, entre ceux qui sont restés au Japon et ce couple qui a décidé de faire table rase en partant s'installer aux Etats-Unis. Mais peut-on vraiment faire table rase de notre passé, de notre histoire, de nos origines ???
A chaque début de chapitre, l'auteur nous présente un mot japonais et sa signification. J'ai trouvé cette introduction à chaque chapitre très poétique. Une douceur apportée au récit dont le fond est posé sur des drames.
Un roman sur l'amour, sur le pardon, sur la vie, sur la mort, sur le don de soi, sur la résilience, sur les certitudes et les doutes.
Une très belle réussite...
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Après la catastrophe de Nagasaki le 9 août 1945 Amaterasu et son mari Kenzo décident d'émigrer aux USA.
Ils ont perdu leur fille Yuko et leur petit-fils Hideo dans le bombardement nucléaire. Leur décision a été prise après avoir longuement cherché après eux.La mère de Yuko s'était opposée à une relation amoureuse que sa fille avait avec un homme marié. Elles n'étaient plus en très bons termes.
Quarante ans plus tard, un homme de 46 ans, vient sonner à la porte de la vieille Amaterasu qui a maintenant perdu son mari et vit passivement et en grande partie sous la dépendance du whiskey. le visiteur s'annonce comme étant Hideo, son petit-fils qu'elle croit mort depuis la catastrophe nucléaire. Il est cruellement défiguré et s'active comme militant pacifiste : on le serait à beaucoup moins.
Un grand intérêt du livre réside dans les mots-clés, les pensées japonaises que l'auteure a choisis dans le dictionnaire anglais de la culture japonaise. J'ai appris beaucoup sur la mentalité de ce pays et notamment au sujet du respect des anciens. J'avais déjà approché un peu les pensées de cette culture mais le livre le fait à merveille.
Il faut dire que Jackie Copleton a enseigné l'anglais à Nagasaki et à Saporo. Cela lui a donné l'occasion de s'intéresser aux Japonais et aux traces que leur a laissée cette horrible bombe qu'ils appellent Pikadon presque comme un monstre vivant.
La partie du livre que je préfère est l'histoire d'amour entre Yuko et Jomei, que nous découvrons grâce au carnet que la mère de Yuko a retrouvé.
Le personnage de la mère est antipathique à mes yeux car, même si elle est très réaliste pour l'issue de l'histoire d'amour avec un homme marié au Japon, donner des conseils à sa fille qu'il ne faut pas se marier par amour : ça ne colle pas du tout avec mon personnage même si la mère vivait une autre culture que la nôtre.
Pour l'attitude avec son petit-fils revenu de si loin dans le temps, je comprends mieux car le choc est grand et puis la relation évolue quand même. Elle a un âge où c'est peut-être normal de se détacher des choses graves.
La narration est présentée par la mère, Amaterasu. Elle présente les faits et les personnages.
En italique, avec beaucoup de sensibilité et de poésie, le carnet de Yuko, sa fille constitue la partie que j'ai préférée.
L'écriture est très belle traduite de l'anglais par Freddy Michalsky.
Le reste a présenté pour moi certaines longueurs. La rencontre entre Hideo, l'histoire de son adoption manque de sentiments, de vibration donc mon intérêt s'est un peu endormi. J'aurais aimé que l'auteure fasse témoigner à la vieille dame plus de compassion envers une vistime qui a souffert.. Elle a peut-être voulu nous faire comprendre son choc traumatique...
N'empêche, je rouspète mais le roman est très riche, avec en toile de fond, la condition féminine brimée où on voit une Yuko, artiste qui se voit aiguillée par son amant vers un poste d'infirmière car le pays a besoin de métiers plus utiles et sa mère qui lui dit que la place d'une femme est dans son foyer. Quelle histoire universelle...la femme à qui on veut imposer sa vie mais on en sort !
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Premier roman de Jackie Copleton. Il répond à la question : Quand le petit-fils, que l'on croit mort depuis plus de 40 ans à Nagasaki, frappe à la porte que ressent-on ?
En effet un matin d'hiver un homme, le visage ravagé de brûlures, sonne à la porte d'une vieille japonaise de 80 ans expatriée aux Etats-Unis. Cet homme prétend être le petit-fils qu'elle a perdu lors du bombardement de Nagasaki, au Japon. Il est accompagné d'un colis qui devrait aider la vieille dame à connaître toute la vérité. Elle est bouleversée ; est-ce vraiment lui ?
Ce roman est une réussite, il est riche de la culture japonaise et émouvant, c'est l'histoire d'un pays, d'une famille, d'un drame et d'amour…
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Vu le nombre élevé de commentaires je ferai très court: voici une fabuleuse découverte : à ma grande honte je ne connaissais pas cet ouvrage on me l'a prêté .
Une grand - mère fait défiler son passé , celui d'avant l'Amérique et les atrocités du 9 août 1945 à Nagasaki, où la ville bascula dans l'horreur à 11heures 02, l'école de Hidéo rasée, la cathédrale où se trouvait Yuko, pulvérisée, les plaies incommensurables d'une nation, sous la cendre , le feu, un enfer venu du ciel ….qui prit à Amaterasu sa fille et son petit - fils,,.

Amaterasu et son mari ont quitté le Japon, traumatisés pour l'Amérique.

Quarante ans ont passé , désormais veuve solitaire parfois aidée par l'alcool afin d'oublier la culpabilité, les remords Amaterasu accueille un homme défiguré qui lui annonce qu'il est son petit - fils .
Elle ne peut le croire,…
Elle s'était forgée une carapace , il la replonge d'emblée au coeur douloureux de son passé …
L'auteure a réussi un roman d'une beauté saisissante, élégant , émouvant , touchant, magnifiquement construit où la petite histoire des personnages côtoie et s'inscrit dans la Grande Histoire———en tête de chaque chapitre , un terme japonais spécifique lié aux usages du Japon traditionnel ———éclaire avec grâce , subtilement, le récit ….
Un extraordinaire moment de lecture où l'histoire dramatique d'un pays nous fait découvrir cette grand - mère Courage , des personnages infiniment attachants , les moeurs du Japon , sa culture et sa mentalité .
Un coup de coeur, un excellent premier roman …..aux Editions Pocket.
Merci à Reine pour le prêt .
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Ce que j'ai ressenti:

À tous ceux qui liront cette lettre,

Tout d'abord, je dois vous dire que ce livre est une merveille. Un raz-de-marée aussi. Une découverte troublante et une beauté d'ailleurs. C'est l'histoire d'une famille brisée par un drame pulvérisant. le monde a changé radicalement après « ça ». Jackie Copleton nous donne une vague de douceur en nous contant cette tragédie avec la puissance poétique de cette fiction.

Pikadon, c'est le terme qu'ils emploient pour parler de cette journée. le jour où le coeur du Japon a explosé. Peu de mots permettent de décrire l'horreur de Nagasaki. Comment mettre des termes pour décrire une telle destruction? Tout ce qui n'a pas été anéanti, réduit en cendres, a fini en miettes. Les édifices, la nature, les peaux. La vie de milliers de gens en bing-bang.

Alors je vous dirai avec humilité, que le chagrin de ces survivants a quelque chose d'admirable. Il est fait de voeux, de donations, d'entraide et de résilience. Une inspiration en somme. Leurs arts comme leurs bontés sont des modèles à suivre…J'ai tellement aimé les définitions en japonais qui ouvrent les débuts de chapitres. C'est une invitation à mieux apprendre cette culture, et je lui trouve une musicalité exquise pour faire résonner la voix de ses vagues de mélancolie et d'amour.

Finalement, en écrivant cette lettre, je me rend compte que j'ai passé un doux moment, même si accompagné de beaucoup de tristesse, avec Amaterasu et sa famille. J'ai lu leurs mots, leurs confidences, leurs secrets inavoués, leurs doutes et leurs rêves…J'ai partagé un parapluie avec eux, le temps de 400 pages. Un rapprochement réconfortant au plus près de leurs intimités. Et même, si ce peuple est doté d'une grande pudeur, j'ai apprécié la force de leurs sentiments. L'amour est au centre de leurs vies. Même maladroit, même dissimulé, même monstrueux, il se lit comme une évidence au fond de leurs coeurs.

Je ne saurai que trop vous conseiller de découvrir à votre tour, cette perle littéraire…Féériquement vôtre, en toute sincérité,

Stelphique.
Lien : https://fairystelphique.word..
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Quand je parcours les différentes critiques rédigées pour ce livre, je prends conscience que ma porte d'entrée dans ce récit diffère de celle des autres lecteurs.



C'est un roman qui mêle énormément de sujets et chacun va donc l'aborder pour ce qui lui parle. C'est là, la richesse de ce livre : au delà de la trame du récit de convoquer des lecteurs qui liront l'histoire de différentes façons.
Certains y verront une histoire d'amour, impossible, dramatique , peut-être même inimaginable dans ses implications, d'autres un roman sur la filiation au sens large du terme, la notion de maternité, de paternité, l'importance ou la relativité des liens du sang, d'autres encore un roman sur la reconstruction après la perte...


Le livre refermé, j'en retiens, pour ma part, un roman à "sens historique" c'est à dire qu'il évoque Nagasaki, les effets effroyables de la bombe, et l'attitude des Japonais en Chine juste avant ou pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Reste aussi la mémoire d'un roman sur le poids des regrets, celui des remords, des conséquences de l'ingérence dans la vie des proches, un roman sur l'émigration, l'éloignement, peut-être une forme d'exil librement choisi, sur la fuite, le refus...

Bien sûr, ce n'est pas le livre qui convient pour s'immerger dans l'Histoire du Japon, pour prendre conscience que le Japon n'est pas juste le pays des fleurs de cerisiers, de l'attitude respectueuse et humble, des kimonos.
Lire ces pages vous rappellera que c'est aussi le pays des hommes qui ont écrit l'horreur de Nankin, de ceux qui ont violé les droits élémentaires des prisonniers de guerre ou de ceux civils, qui se trouvaient dans les zones occupées, c'est le pays de l'honneur mais si intransigeant parfois...

Dans ce récit, un regard occidental se pose sur le Japon, on est loin des écrits des auteurs Japonais et de leur poésie, ce n'est pas ce qui est recherché, ici. Cela reste un récit que l'on peut qualifier de choral à certains égards, les différents points de vue des personnages surgissent à travers des lettres ou des journaux intimes.



Amaterasu, seule rescapée, vivant du souvenir des siens, doute que cet homme qui se présente à elle soit ce petit fils qu'elle a tant cherché au lendemain du 9 Août 1945, elle refuse de voir s'écrouler les remparts qu'elle a dressés autour d'elle pour continuer à vivre, au lieu de n'être seulement qu'en vie.




Je remercie l'amie de Babélio qui m'a mis ce livre dans les mains et m'a ainsi entrainée loin de mes sentiers habituels de lecture ! Merci à toi !

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Nagasaki, 9 août 1945, l'horreur que le couple Watanabe a fui aux Etats-Unis, la disparition de leur fille et de leur petit fils qu'ils s'efforcent d'oublier mais qui ressurgit avec l'arrivée d'un homme défiguré, de lettres d'un ex-amant, un journal intime gardé secret.

Le ton m'a paru fort didactique, (les commentaires en tête de chapitre, la bombe, les expérimentations sur les prisonniers chinois), les protagonistes pas toujours crédibles puis on appréhende une construction bien foutue de l'intrigue, mais sans jamais approcher la poésie présente chez Aki Shimazaki.
J'ai bien aimé le personnage de la geisha, étonnamment taquine et sure d'elle.

Dans le contexte actuel de l'Ukraine, on est effaré des infractions aux lois de la guerre commises par les USA en s'attaquant aux civils.
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Une bombe est larguée le 9 août 1945 sur Nagasaki au Japon, trois jours après Hiroshima. Les japonais ont donné à ce tragique événement le nom de Pikadon : Pika pour lumière brillante et Don pour boom, ce mot qui résume ce que les survivants ont décrit de l'explosion brutale et instantanée, mais les effets ont eu des répercussions sur leurs vies à plus d'un titre.
Jackie Copleton relate à travers l'histoire de Amaterasu (Ama) Takahasi, une femme âgée qui ouvre un jour sa porte à un homme, Hideo, 46 ans qui se dit son petit-fils qu'elle croyait mort lors de l'explosion, avec sa mère. Il porte sur lui les traces du Pikadon : défiguré il est une plaie vivante en recherche de sa famille.
Sa rencontre avec Ama, dont il n'a gardé aucun souvenir (il avait 7 ans lors de l'explosion), va faire ressurgir chez la vieille dame le passé, non seulement du déroulement de la funeste journée mais également ouvrir une boîte de pandore d'où surgiront des souvenirs qui étaient enfouis dans sa mémoire. Hideo l'écoute, tente de reconstruire une base familiale et convaincre Ama que le sang qui coule dans ses veines est en partie le sien.
Ce roman traite avec à la fois délicatesse et pudeur du traumatisme subit par l'explosion de la bombe sur la ville de Nagasaki, des blessures à la fois physiques mais aussi morales car toutes les blessures ne sont pas visibles, de la perte réelle ou supposée car sans trace des êtres chers mais aussi de la mise à nu d'une femme, de son passé et d'un secret qu'elle tait. Il y est également question du sentiment de culpabilité, du deuil et de l'absence de réponses.
Ama, avec son mari Kenzo, avait fait le choix de s'installer aux Etats-Unis quand ils avaient perdu tout espoir de retrouver leur fille et son fils, pour fuir la ville qui leur avait arrachée ce qu'ils avaient de plus précieux, mais le passé qui frappe à sa porte va faire lui faire revivre des événements qu'elle pensait à jamais enfouis et qu'elle pensait ne jamais révéler.
Jackie Copleton a enseigné l'anglais à Nagasaki pendant plusieurs années et y a puisé l'inspiration de son premier roman. Avec une écriture fluide et douce mais chargée d'émotions, elle donne la voix à une survivante imaginaire du drame mais avec également d'autres voix, celles de ceux qui ne sont plus à travers un journal intime ou des lettres, une narration parsemée d'expressions japonaises à chaque début de chapitre pour partager avec le lecteur toute la subtilité d'une langue, la signification des mots ou images et des sentiments.
Au fur et à mesure de la lecture on comprend qu'au-delà de savoir si Hideo est celui qu'il prétend être, c'est une confession que nous livre Ama sur elle, son passé, son mariage et sa relation avec sa fille. Un devoir de mémoire.
J'ai beaucoup aimé ce roman polyphonique, où les voix des survivants et des morts tissent le décor d'une ville ravagée, martyre, meurtrie et qui s'attache à démontrer que même loin, même absents les conséquences du lâcher de la bombe nucléaire sont nombreuses et parfois à retardement mais à relater également le parcours d'une femme dans le Japon du XXème siècle avec ce qu'il peut avoir de singulier.



Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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