Tous n'ont pas le regard du poète.
L'herbe est porteuse d'origine, elle semble garder la saveur des premiers temps du monde. (p.11)
Contempler le pré, sentir le pied s'y enfoncer, éprouver sa consistance, son odeur, son haleine, sa respiration, l'écouter, apprécier éventuellement son silence en fait un lieu privilégié de la rêverie. (p.63)
Par sa limpidité, son silence, son ondoiement, l'herbe invite à la rêverie, à la somnolence, au calme de l'âme
La liaison est forte, au cours de l'histoire, entre la séduction féminine et l'herbe. L'apparition de la femme dans la prairie et, plus insistante, la contemplation du pied nu dans l'herbe ont fait rêver, depuis l'Antiquité. (p.159)
De Victor Hugo à Gustave Roud, nombreux sont les poètes qui ont invité à contempler le pré pour ressentir cette correspondance entre lui et l'être intime du spectateur, pour entendre "le vrai langage des choses". (p.53)
Rêver à sa propre tombe est souvent désir d'herbe. (p.198)
Les vieux outils, voire les vieilles machines, cachés dans l'herbe évoquent non seulement de ceux qui les avaient maniés, mais aussi celle de leurs savoir-faire. (p.192)
Les pelouses sportives sont, par bien des traits, parentes de celle des banlieues nord-américaines. Le maître mot qui les définit est l'artificialité. (pp.156-157)
Quant au terme pelouse, d'origine provençale, il est introduit en 1582. Il désigne une surface couverte d'herbe "courte, épaisse et douce", évoquant un pelage. La pelouse est alors aristocratique. Dès la Renaissance, elle est indispensable au prestige social. (p.144)