Mon but est, ici, d'opérer un rassemblement, puis d'effectuer un assemblage de traces, dont aucune n'a été produite par le désir de construire l'existence de Louis François Pinagot en destin, ni même de le désigner comme un idividu susceptible d'en avoir un. En bref, il s'agit de recomposer un puzzle à partir d'élément initialement dispersés; et, ce faisant, d'écrire sur les engloutis, les effacés, sans pour autant prétendre porter témoignage. Cette méditation sur la disparition vise à faire exister une seconde fois un être dont le souvenir est aboli, auquel aucun lien affectif ne me rattache, avec lequel je ne partage, a priori, aucune croyance, aucune mission, aucun engagement. Il s'agit de le re-créer, de lui offrir une seconde chance - assez solide dans l'immédiat - d'entrer dans la mémoire de son siècle.
907 - [p. 8] Prélude
40 années de pratique de la recherche dans les archives permettent à l'auteur de décrire dans quel monde a évolué un inconnu, un de ces anonymes d'hier qui a laissé d'infimes traces. Passionnant pour ceux qui aiment redécouvrir leurs ancêtres à travers la généalogie. Si Alain Corbin est « l’historien du sensible », il multiplie les précautions pour ne pas tomber dans le dolorisme pour évoquer un inconnu qui a connu la misère des campagnes du XIXème siècle.