qui peut tout doit tout craindre.
(Acte IV, scène 2)
Auguste :
« Il est beau de mourir maître de l'univers. »
On ne renonce point aux grandeurs légitimes ;
On garde sans remords ce qu'on acquiert sans crimes ;
Et plus le bien qu'on quitte est noble, grand, exquis,
Plus qui l'ose quitter le juge mal acquis.
Cinna :
Ah ! souffrez que tout mort je vive encore en vous ;
Et du moins en mourant permettez que j'espère
Que vous saurez venger l'amant avec le père.
Rien n'est pour vous à craindre : aucun de nos amis
Ne sait ni vos desseins, ni ce qui m'est promis ;
Et, leur parlant tantôt des misères romaines,
Je leur ai tu la mort qui fait naître nos haines,
De peur que mon ardeur, touchant vos intérêts,
D'un si parfait amour ne trahît les secrets :
Il n'est su que d'Evandre et de votre Fulvie.
Euphorbe
L'amour rend tout permis ;
Un véritable amant ne connaît point d'amis,
Et même avec justice on peut trahir un traître,
Qui pour une maîtresse ose trahir son maître.
Oubliez l'amitié, comme lui les bienfaits.
Qui vit haï de tous ne saurait longtemps vivre.
Demain, j'attends la haine, ou la faveur des hommes,
Le nom de parricide, ou de libérateur,
César, celui de Prince, ou d'un usurpateur,
Du succès qu'on obtient contre la Tyrannie
Dépend, ou notre gloire, ou notre ignominie,
Et le Peuple inégal à l'endroit des Tyrans,
S'il les déteste morts, les adore vivants.
Après un long orage il faut trouver un port,
Et je n'en vois que deux, le repos, ou la mort