Je vous répondrais bien qu'après votre trépas
Ce que je deviendrai ne vous regarde pas ;
Mais j'aime mieux, seigneur, pour vous tirer de peine,
Vous dire que je sais vivre et mourir en reine.
Sophonisbe.
Tant que vous serez roi, souffrez que je sois reine,
Avec la liberté d’aimer et de haïr,
Et sans nécessité de craindre ou d’obéir.
Voilà quelle je suis, et quelle je veux être.
J’accepte votre hymen, mais pour vivre sans maître,
Que tu te connais mal en sentiments jaloux !
Alors qu'on l'est si peu qu'on ne pense pas l'être,
On n'y réfléchit point, on laisse tout paraître ;
Mais quand on l'est assez pour s'en apercevoir,
On met tout son possible à n'en laisser rien voir.