La foi et la croyance ne sont pas la même chose, mais on les confond souvent. La croyance est une construction mentale qui implique l'effort de se persuader de quelque chose dont on n'est pas vraiment sûr mais dont on cherche à se convaincre à tout prix. Elle est nécessairement fabriquée puisque c'est l'ego qui s'y engage, avec tout le côté de la fascination, ce qui n'est guère plus authentique. La croyance, poussée à l'extrême, confine au fanatisme.
La foi est tout autre : elle jaillit de l'intérieur comme une certitude ressentie sans hésitation, et l'on pourrait davantage la rapprocher de l'intuition : dans sa nature profonde, elle n'est pas raisonnée parce qu'elle n'est pas de nature intellectuelle mais fait appel à quelque chose de plus fondamentale en nous - -ce qui ne l'empêche pas de s'allier à posteriori à la raison dans les traités bouddhiques comme dans la théologie chrétienne.
On pourrait en conclure hâtivement que le Bouddha n'est pas un dieu mais bien un être humain libéré.
Un bouddha ou un grand bodhisattva est ainsi parfaitement "apaisé" même quand il agit pour le bien des êtres immergés dans le samsāra. C'est comme avoir la capacité de plonger dans l'océan pour y sauver des êtres de la noyade sans être mouillé pour autant.
Les phénomènes existent en ce sens qu'ils apparaissent bien à nos sens, mais bien qu'apparaissant comme s'ils étaient concrets et réels, ils sont dépourvus d'existence en soi, simples émergences fugaces nées de la réunion de conditions temporaires bientôt défaites.
La méditation bouddhique s'apparente à un exercice spirituel préparant l'esprit à la manifestation de la sagesse en lui, à l'instar d'une terre en friche dont on enlève patiemment les mauvaises herbes et casse les mottes pour la préparer à la culture et à une bonne récolte. Il s'agit d'entrer ainsi en recueillement méditatif pour accéder à la connaissance du réel qui seule peut nous libérer du samsāra et nous éveiller à la nature ultime de toutes choses.
Tous les êtres sensibles sont comme nous, plongés dans l'illusion de vie en vie sans trouver d'issue à leurs souffrances. Pour celui qui est en quête de l'Éveil, comment ne pas embrasser tous les êtres dans une immense compassion ? Comment ne pas souhaiter les libérer de l'ignorance et de ses conséquences douloureuses ? Tous les êtres étant liés par la production interdépendante, il est impossible d'envisager son propre salut sans se soucier de celui d'autrui. C'est pour cela que le bouddhisme insiste tant sur le travail intérieur et l'introspection méditative : non pas à la manière d'un repli sur soi ou d'un refus du monde, mais comme le meilleur moyen de connaître les rouages de l'esprit, le sien d'abord, celui des autres ensuite. S'observer soi-même, c'est retourner à la source de sagesse qui nous prépare à une action plus juste.