Ce tome est le premier dans le cadre de la relance (mais sans remise à zéro) des séries DC Comics en 2016, opération appelée Rebirth. Il comprend les épisodes 1 à 8, ainsi que le numéro Rebirth, initialement parus en 2016, tous écrits par
Joshua Williamson.
Carmine di Giandomenico a dessiné et encré les épisodes Rebirth, 1 à 3, et 6 à 8. Neil Googe a dessiné et encré l'épisode 4. L'épisode 5 a été dessiné par Felipe Watanabe, et encré par Oclair Albert & Andrew Currie. Ivan Plascencia a effectué la mise en couleurs de tous les épisodes.
Barry Allen est en train d'examiner une scène de crime, dans le cadre des missions de son poste à la police scientifique de Central City. Alors qu'il s'entretient avec l'inspecteur David Singh, il a une vision de Wally West dans son costume de Kid Flash, puis une d'un supersprinter qu'il ne connaît et encore une de Zoom (Eobard Thawn). le lendemain, il décide d'aller en parler avec Henry Allen, son père. Effectivement, peu de temps après, Wally West est de retour dans on beau costume jaune et rouge de Kid Flash, mais il a sa propre vie à mener. de son côté, Barry Allen est fort troublé par le retour de Wally West, ce qu'il lui a raconté sur sa vie, et par un badge jaune, un smiley tâché par une trace de sang en forme d'aiguille. Mais l'enquête correspondante sera pour une autre fois, avec l'aide de Batman, un détective hors pair.
À Central City, Barry Allen continue d'intervenir sur les scènes de crime, en tant que membre de la police scientifique. Il fait équipe avec August Heart, un collègue compétent et compréhensif. Il rencontre de temps à temps Iris West, une charmante reporter. En tant que Flash, il doit choisir entre 2 crises concomitantes : intervenir sur le site d'un incendie, ou dénouer une prise d'otages dans les laboratoires STAR, par un groupe se faisant appeler Black Hole, et mené par Joseph Carver. Au cours de cette intervention, il découvre que son partenaire a été frappé par l'éclair et a été connecté au Champ de Vélocité (Speed Force). D'ailleurs l'éclair va frapper une fois encore touchant de nombreux habitants de la ville, n'ayant pas tous une vocation de superhéros. En outre, il apparaît encore un autre supersprinter qui se fait appeler Godspeed, et dont les motivations ne semblent pas être placées sous le signe de la morale.
En 2011, dans Flashpoint,
Geoff Johns &
Andy Kubert mettent un terme à la continuité interne de l'univers partagé DC, établie depuis 1985, à partir de
Crisis on infinite earths de
Marv Wolfman & George Perez. À partir de 2011, l'ensemble des séries et des personnages DC redémarrent à zéro dans une opération baptisée The New 52. le personnage de Flash a lui aussi droit à sa série et à son redémarrage avec
Flash, tome 1 : de l'avant (Flash Renaissance) de
Francis Manapul &
Brian Buccellato. En 2016, l'éditeur DC Comics annonce un nouveau redémarrage, l'opération appelée Rebirth, mais il ne s'agit pas d'une remise à zéro. Lorsque ce présent tome d'une nouvelle série de Flash paraît, le lecteur ne sait pas encore ce que recouvre Rebirth, ni quels changements il va amener aux personnages datant de New 52. le Flash de ce récit est donc bel et bien la version New 52. Mais le Kid Flash (Wally West), celui qui apparaît dans l'épisode Rebirth, est celui de la continuité avant New 52. le lecteur découvre donc cet épisode Rebirth, sympathique, mais visiblement constituant le lien avec un événement qui reste à venir à la date de sa parution, et qui implique Flash & Batman.
Le lecteur plonge dans le récit proprement dit avec l'épisode 1. Il part avec un bon a priori, car la quatrième de couverture promet un récit accessible, même pour ceux qui n'ont pas suivi la période New 52. En outre,
Joshua Williamson s'est fait remarquer avec 2 excellentes séries publiées chez Image Comics : Birthright (dessiné par
Andrei Bressan) et Nailbiter (dessiné par
Mike Henderson). Effectivement cette première histoire n'exige pas une connaissance encyclopédique du personnage pour pouvoir être appréciée. le scénariste effectue les rappels nécessaires en cours de route concernant la manière dont Barry Allen a acquis ses pouvoirs, et les crimes commis par Eobard Thawne. L'intrigue se suit facilement : d'un côté Flash et August Heart enquêtent sur la mystérieuse organisation Black Hole. de l'autre côté, Godspeed commet des crimes pour une raison qui reste à découvrir.
De prime abord,
Joshua Williamson montre une certaine affinité vis-à-vis de Barry Allen. Il joue avec l'élément récurrent que Barry Allen n'est jamais à l'heure, alors qu'il peut se déplacer à une vitesse supérieure à celle d'un avion supersonique. Il en rajoute une couche avec le fait qu'Allen ne sera satisfait de lui que quand il arrivera à être à 2 endroits à la fois. Pour enfoncer le clou, un de ses adversaires dans ce tome réussit à être à 2 endroits à la fois de manière littérale. Il montre que Barry Allen est entièrement focalisé sur ses responsabilités, au point de ne pas se rendre compte de l'intérêt que peuvent lui porter d'autres personnes. Williamson développe rapidement le personnage féminin de Meena Dhawan, avec une certaine dextérité, lui conférant une personnalité qui la fait exister. Il sait également très bien faire apparaître le plaisir que Barry Allen prend à aider son prochain, et celui encore plus important qu'il prend à jouer le rôle de professeur pour tous ces individus ayant acquis une super vélocité.
Dans un premier temps,
Joshua Williamson creuse un peu le concept du Champ de Vélocité. Il en fixe quelques règles pour expliquer comment d'autres personnes peuvent y être liées, et comment évolue ce lien. Il joue avec l'idée que le champ de vélocité puisse être doué de conscience, mais cette éventualité disparaît en cours de route. de même, l'explication sur les causes de la réduction du nombre de connectés au Champ de Vélocité perd un peu de crédibilité quand Flash continue de courir à côté d'autres connectés, sans qu'il ne se passe rien. L'intrigue liée au groupuscule Black Hole est vite réglée, et celle liée à Godspeed aboutit dans ce tome. D'un côté, le scénariste manie avec compétence la mythologie de la série The Flash ; de l'autre le lecteur éprouve la sensation d'une intrigue superficielle, qui reste en surface. Cette impression est renforcée par le parti pris graphique du dessinateur.
Carmine di Giandomenico en met plein la vue, c'est le premier constat du lecteur. Il trace des traits de contour un peu appuyé, un peu irréguliers, avec une impression de spontanéité, mais aussi de formes pas tout à fait assez régulières. Les traits des visages sont grossiers, mais vivants. Les tenues vestimentaires sont rapidement dégrossies, mais variées et adaptées aux personnages, que ce soit celle un peu lâche de Barry Allen, celle plus formelle d'August Heart, ou celle plus jeune de Wally West (version New 52). Les décors sont rapidement esquissés la plupart du temps, parfois avec plus de détails quand la séquence l'exige, parfois absent sans que le lecteur s'en rende compte. En effet, chaque apparition de Flash, et dans une moindre mesure celles des autres supersprinters, s'accompagne d'effets spéciaux s'installant au premier plan. L'artiste doit en effet montrer que Flash se déplace à une grande vitesse. Par le passé, de nombreux artistes ont insisté sur les postures de la course, sur les traits de vitesse pour en attester. Depuis quelques années, ils optent plutôt pour montrer l'énergie qui se dissipe lorsque le personnage court à grande vitesse. Dans ces épisodes, le costume de Flash comporte quelques lignes jaunes qui viennent en souligner le relief. À chaque apparition, ces lignes crépitent d'énergie qui saute de l'une à l'autre en continu même quand Flash est au repos. Par ailleurs quand Flash se met à courir, il laisse derrière lui une trainée jaune orangé, correspondant à la persistance de son passage sur la rétine des passants. di Giandomenico y surimpose des crépitements d'énergie pour faire bonne mesure.
Chaque apparition de superspirnter donne donc lieu à une débauche d'énergie crépitante, ainsi qu'à des halos en arrière-plan, qui masquent tout ce qui n'est pas au premier plan, c'est-à-dire tout ce qui n'est pas les personnages. le lecteur apprécie l'énergie qui se dégage des personnages, mais en même temps il finit par se lasser de cette manifestation systématique qui s'avère épuisante à la longue. Neil Googe et Felipe Watanabe détourent des contours plus propres, mais donc moins vivants, avec une approche similaire à celle de Carmine di Giandomenico, c'est-à-dire des énergies crépitantes entourant Flash et les autres supersprinters, un intérêt très relatif pour les décors. La narration visuelle y perd en énergie et en vitesse, sans y gagner en densité.
À la fin du tome, le lecteur reste sceptique.
Joshua Williamson a raconté une histoire de Flash, avec une vraie sensibilité pour le personnage, des motivations et un caractère bien développés, mais une intrigue trop linéaire et trop basique.
Carmine di Giandomenico a conçu une apparence très convaincante pour Flash et pour sa vitesse, mais lassant le lecteur au bout de quelques épisodes, faute de variations. D'un côté ce premier tome se lit tout seul, avec un divertissement réel ; de l'autre il est un peu creux et les émotions ont dû mal à générer de l'empathie chez le lecteur.