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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans l'histoire de la marine les naufrages étaient fréquents, et le sort des marins complètement aléatoires, la plupart mourant sans que les survivants mentionnent ce léger incident, soit coulant corps et biens et sans survivants pour le raconter.
La frégate Méduse ( oui, déjà, normalement on ne devrait pas la regarder cette frégate, on serait changé en pierres)avec d'autres bâtiments part à la reconquête du Sénégal annexé par les anglais. L'esclavage vient d'être aboli en France. Et les anglais le pratiquent toujours, c'est mal et c'est une des pseudo-raisons pour les français en 1816 de récupérer les terres et donc les mines dont regorge le Sénégal.
Le commandant de Chaumareys se révèle très vite incapable de suivre la route, il s'en écarte, et de plus il est aussi incapable de faire régner l'ordre. Puis il échoue sur un banc de sable au Nord de la destination, Saint –Louis, … des canots sont remplis, et le commandant s'en va, laissant derrière lui dix sept hommes sur la frégate , rompant ainsi avec toutes les lois de la marine.
Un radeau se construit. Pour charger les victuailles, l'eau et le vin. Il serait possible de faire des allers retours entre la Méduse échouée mais pas coulée et Saint louis… mais chacun pour soi, personne ne prend les bonnes décisions. 149 personnes montent sur ce radeau, les vivres ont été prises par les canots principaux. Il reste des barils de vin et d'eau sur le radeau ingouvernable.

Chaleur, boisson, et abandon en pleine mer sans moyens de naviguer: la folie arrive, avec l'obsession de ne pas pouvoir survivre : le suicide, donc, ça va plus vite. Puis la révolte, le désespoir de ceux qui tentent de couper les liens du radeau, et de ceux qui s'attaquent aux autres, en les mordant, en les tuant, en les jetant à la mer. le vin et la chaleur provoquent des hallucinations, la « calenture », surtout la nuit.
De 149 hommes, au bout du troisième jour, il ne reste que 30 survivants.
« Bientôt aux dangers de la mer vinrent se joindre les premières menaces du danger des passions soulevées par le désespoir et dégagées de tout frein par un sentiment impérieux de la conservation personnelle. »
Heureusement, deux survivants n'ont pas l'intention de laisser l'abandon mortel du capitaine et autres impuni. Correard serait aujourd'hui un lanceur d'alerte, écrivant au Ministre de la Marine qui l'évince, ne lâchant pas l'affaire, et allant de prison en exil. ( En 1817, on n'aimait pas les lanceurs d'alerte, 2 siècles après…. C'est pareil)
L'autre, le chirurgien Savigny, a vu comme son compagnon l'abandon prémédité, les pillages et les horreurs qui s'ensuivent : mutinerie, ivresse, délires, folie meurtrière, haine, racisme, sélection des plus forts, élimination des plus faibles, lutte des classes, cannibalisme. Ainsi que le note Alain Jaubert dans son introduction, « cette sarabande de sauvagerie, de folie et de mort nous fascine au-delà du raisonnable ».

Correard ne lâche pas et il écrit. Pour des raisons politiques, le ministre est destitué et son ennemi fait publier cet écrit. Grand succès en librairie.

Miracle : Géricault apprend l'affaire, rencontre Correard et Savigny, fait de multiples croquis, fait poser Joseph, un africain qu'il place au sommet de la pyramide humaine….., et, surtout, choisit en grand peintre qu'il est le moment clé : non pas quand ils se mangent entre eux, non pas quand ils sacrifient les plus faibles…. Mais quand, au loin, une voile approche, sans qu'ils sachent s'ils ont été vus. Vont ils être sauvés ? Suspense.

Sauvés de l'oubli, grâce à Géricault, oui. Il visite l'hôpital voisin, dessine les mourants et les blessés, observe leur carnation, confectionne d'innombrables dessins. Ne garde que ce qui est « regardable ». de nos jours, Gericault peindrait sans doute un genou qui s'appesantit sur le cou d'un agonisant.

Très actuel cette mise en exergue soudain, par la force de certains, de regrettables agissements qui seraient sinon tombés dans la monotone habitude de la violence ordinaire.

Ils sont quinze à être sauvés par l'Argus. Cinq mourront à Saint Louis, après l'épreuve de ces tragiques 13 jours en mer .
Le commandant fera 3 ans de prison.
Les réflexions de Correard et Savigny méritent d'être citées : ce ne sont pas les plus forts, les plus musclés qui survivent, mais au contraire les plus chétifs… car ils font marcher leur tête : « C'est à l'éducation qu'il avaient reçue, à l'exercice de leurs facultés intellectuelles, à l'élévation de leurs sentiments, qu'ils furent redevables de cette étonnante supériorité et de leur salut. ».
Les Noirs pleurent en voyant les survivants dont la peau est délabrée par la faim et l'eau de mer. Et certains négociants français firent mine d'empathie désintéressée.

le livre de Correard et Savigny est suivi de l'expédition d'autres échoués sur les rives du Nord du Sénégal et de leurs croyances quant à la supériorité des Maures sur les Noirs., puisque ceux ci sont les esclaves de ceux là.
Au moins, nous touchons la racine du racisme : c'est parce qu'ils sont esclaves qu'ils ont moins de valeur, tous les vaincus de toutes les guerres valent moins que leurs vainqueurs.

A ce réquisitoire destiné à se venger de leur abandon par le capitaine, Correard et Savigny concluent par un appel à un autre colonialisme plus humain et tempéré. Ceux qui ont connu la folle sauvagerie humaine et qui ont mangé eux aussi de la chair humaine, rêvent d'un monde moins atroce.
Et nous, demande Alain Jaubert dans sa préface, qu'aurions nous fait dans de telles circonstances ?
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Juillet 1816. Une escadre française vogue vers le Sénégal. le principal navire, la frégate la Méduse, qui longe de trop près les côtes de Mauritanie, s'échoue sur un haut-fond. Des groupes de passagers rejoindront Saint-Louis soit par mer, soit, au prix de nombreuses pertes, à marches forcées à travers le Sahara. Mais cent quarante-sept hommes sont abandonnés sur un radeau. Ils vont dériver pendant quinze jours. Faim, soif, délires, mutineries, massacres, liquidation des blessés et des mourants, cannibalisme, en quelques jours cette petite société se transforme en une horde d'une sauvagerie sans égale. Lorsqu'on retrouve le radeau, il ne reste que quinze hommes à bord. Deux des rescapés livrent leur témoignage. Survivants de l'affreuse aventure, c'est avec rage qu'ils écrivent ce récit d'une des plus terribles tragédies de l'histoire maritime. Ils ne se doutent pas alors qu'ils vont déclencher une crise majeure au sommet de l'État français. Ni qu'ils vont être à la source d'un tableau géant, un des sommets de l'histoire de la peinture, le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault.
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Il s'agit du récit de deux survivants du radeau construit pour 150 naufragés de la Frégate "La Méduse". L'aide chirurgien de marine Savigny, et l'ingénieur Corréard éditent leur récit en 1817 avec un grand succès. Cette expérience de survie extrême (massacres, cannibalisme) a frappé les lecteurs autant que la tableau de Géricault qui s'en est étroitement inspiré. L'édition Folio reprend le texte de la cinquième édition que l'on trouve sur Gallica, amputé du jugement du capitaine fautif et des ennuis judiciaires du libraire Corréard, comme des poèmes lyriques sur l'évènement, mais augmenté d'une excellente préface d'Alain Jaubert et de diverses reproductions et cartes fort utiles, dont le plan de la fameuse « machine », nom terrible du radeau d'infortune !
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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