Mais l'esprit ne pouvait développer son plein potentiel si le corps n'était pas sain lui-même. Il fallait nourrir son enveloppe pour qu'elle puisse soutenir, porter, et être le réceptacle de la magie. C'était un ruisseau vif dévalant une montagne verdoyante. Une maladie pouvait provoquer autant de dégâts que le fait de boucher une source en pleine nature. Sans la santé, l'énergie mentale se dégradait. Il fallait donc veiller à l'équilibre corporel. Que son ruisseau suive son cours sans entraves.
Lorsque mes pas me porteront par-delà les falaises,
Que le soleil se couchera sur la mer Irémia,
Que le vent dans les voiles me délivrera de mes chaînes...
Alors, mon coeur s'ouvrira à ma mémoire.
Je ne serai plus l'esclave de mon corps, mais maître de mes mots.
Mon espoir me protègera des doutes et je saurai apprendre et transmettre mon pouvoir.
Le corps humain dégage des énergies multiples, qui, combinées, forgent un être vivant. On avait appris à Sophia à développer une énergie mentale qui s'amplifiait avec la lecture. Les mots nourrissaient ses yeux, s'épanouissaient dans son cerveau, et ressortaient par sa bouche en un souffle bleu gorgé de magie.
Depuis qu'elle avait assisté Abailard dans ses recherches sur la guérison, Sophia se représentait la magie comme la formation d'un nuage léger qui évoluerait dans un ciel apaisé.
Ettore Domus, lui, connaissait les lettres grâce à son métier, mais il n'était jamais allé étudier à la capitale.
Son érudition sommaire ne l'empêchait pas de gérer son affaire avec intelligenre, de donner son avis aux décideurs quand le Conseil du village se réunissait, ou de raconter les histoires ancestrales qu'il connaissait par coeur depuis son enfance, comme autant de mises en garde ou de leçons de morale.
Sophia ne trouvait pas le Marchant Akharis plus instruit que lui, malgré sa réussite à l'examen de Philopolis. Peut-être que la magie des mots dont parlaient certains apportait quelque chose d'invisible...
Sophia avait longtemps cru que cette "magie" n'était que la capacité à découvrir de nouvelles histoires par soi-même.
La première fois que la fillette avait lu un récit qui parlait d'une aventure sur une terre lointaine, elle avait eu l'impression d'ouvrir une porte sur un monde immense... Elle ne comprenait pas pourquoi ses voisins refusaient de goûter à ce bonheur extraordinaire.
Théo n'a toujours été que des muscles. Il n'a jamais cherché le sens des choses. Du moment qu'il pouvait nager, courir, ou résoudre un problème à la force de ses bras, ça lui convenait !
Les Penseurs ne dissimulent pas leur pouvoir ni leur rôle de dirigeants tout-puissants. C'est moi qui suis simplement trop naïve pour l'avoir vu avant.
Mais l'esprit ne pouvait développer son plein potentiel si le corps n'était pas sain lui-même. Il fallait nourrir son enveloppe pour qu'elle puisse soutenir, porter, et être le réceptacle de la magie. C'est un ruisseau vif dévalant une montagne verdoyante. Une maladie pouvait provoquer autant de dégâts que le fait de boucher une source en pleine nature. Sans la santé, l'énergie mentale se dégradait.