"L'amie d'Hawa était devenue une gazelle entourée d'une meute de fauves.
Sa malédiction à elle, c'était d'être trop belle, trop grande, trop mince .
Elle avait sa beauté, mais rien d'autre que sa beauté, et au lieu de la sauver, ça l'enfonçait toujours plus loin dans la misére ......"
C'était peut-être la boue qui faisait ça, elle avait l'impression que si on lui coupait les veines ce serait de la boue et pas du sang, qui en sortirait.
Il a réclamé sa mère,une fois, deux fois.Alors Milad lui a demandé s'il voulait sa mère qui pleurait, la guerre qui faisait peur, les hommes qui faisaient du mal.Jawad a répondu oui.Milad a dit que c'était comme de dire qu'il préférerait être mort.Alors le petit a dit que c'était exactement ce qu'il pensait.Son grand frère n'a plus rien dit.
La poursuite d'une vie meilleure avait un prix, celui de la déception.
Elle n'avait plus rien. Elle avait peur de finir par devenir folle. Elle savait que parfois trop d'humiliation faisait perdre la tête, quand on n'avait plus rien pour être sauvé. Elle avait vu un garçon en Afrique qui était devenu fou à force d'être berné par les policiers et les passeurs à tour de rôle, elle avait vu le fou de la jungle, et Ibrahim lui avait raconté les enfants fous du centre pour mineurs en Grèce. Elle savait. Chacun essayait de survivre avec ses propres moyens jusqu'à ce que son cerveau lui-même le protège en le faisant verser dans la folie pour lui éviter trop de douleur.
Tant que la peur irradierait le monde, les hommes ne seraient plus des hommes.
À force de les considérer comme des bêtes, ceux qui les détestaient les forçaient à devenir des bêtes - pour pouvoir les détester encore plus.
Il [Milad] était au-dessus des habitudes et des a priori, et considérait qu'ils avaient tous la même histoire : ils voulaient une vie meilleure, comme tous les hommes sur la terre. Il disait que chacun avait son Angleterre, et pas seulement les migrants. Chacun avait besoin d'un espoir de changement.
Tant que la peur irradierait le monde, les hommes ne seraient plus des hommes.
Leur enfance était leur territoire commun, le seul pays qui leur appartenait.